News - 15.07.2015

La déstabilisation de l’Algérie : scénario catastrophe pour la Tunisie

La déstabilisation de l’Algérie : scénario catastrophe pour la Tunisie

Les événements ayant incendié Ghardaïa en Algérie le 8 juillet 2015 risquent par leur ampleur et leur gravité sans précédent de marquer un tournant quant à l’avenir du plus grand pays d’Afrique. Ils ne peuvent être compris qu’à travers une analyse rigoureuse de la restructuration en cours du théâtre maghrébin et de la géopolitique et de la sociologie politique de l’Algérie dont la stabilité conditionne la durabilité du processus démocratique tunisien.
«Jazirat el-Maghreb», la presqu’île du couchant des géographes arabes, présente une personnalité stratégique singulière.

L’identité maghrébine a été façonnée par une histoire aux apports multiples et divers. Le Maghreb «strictu sensu» est l’ensemble des hautes terres qui frangent au nord le continent africain face à l’Europe: le théâtre maghrébin est ainsi «tiraillé entre trois zones d’influence africaine, européenne et moyen-orientale».

La reconfiguraion du Maghreb

Le voisinage maghrébo-sahélien, durablement déstabilisé, projette un large spectre de menaces susceptibles d’amplifier les risques menaçant le processus démocratique tunisien: fragmentation du Maghreb, percée de l’islamisme radical et du jihadisme, éclatement d’un foyer d’instabilité durable au Sahel menaçant la stabilité et la sécurité des pays du Maghreb sur le long terme, profonde déstabilisation de la Libye déstructurant l’Etat et érigeant le pays en épicentre de la menace terroriste et criminelle, dissémination et prolifération des armes légères et lourdes aux frontières, poussée de fièvre en Algérie marquée par de profondes tensions sociales sur fond de luttes intestines quant à la succession du président Bouteflika, course à l’armement initiée par l’Algérie depuis 2006, enracinement du crime organisé transnational et généralisation de l’économie informelle, gel du Grand Maghreb aggravant sa dépendance économique et stratégique, fragilités économiques et probable reconfiguration géopolitique de l’Europe et balkanisation en cours de la scène moyen-orientale, constituent autant de défis cruciaux pour la Tunisie aspirant à consolider son ancrage démocratique;


L’enlisement du projet de Grand Maghreb, paralysé par des ambitions géopolitiques inconciliables et des conflits non surmontés, ouvre la voie à d’autres acteurs décidés à peser sur les équilibres stratégiques du théâtre maghrébin : forte présence des Etats-Unis avec des projets empiétant sur le champ d’influence traditionnel des pays européens de l’arc latin et aspiration à évincer les puissances rivales ; percée géopolitique de la Chine avec pour objectif de se positionner en acteur significatif en Méditerranée ; et retour de la Russie. A terme, une redéfinition de la carte des influences et des ambitions au Maghreb est à prévoir.
Le Maghreb se posant en non acteur dans sa propre région laisse flotter la conviction que les pays concernés se perçoivent comme la périphérie d'un centre qui se situe hors d'eux-mêmes et dont ils attendent la stratégie organisatrice, qu'il s'agisse de l'Europe, des Etats-Unis, de l'Afrique, du monde arabe ou de toute autre entité.

La menace, dans ce contexte, est la dilapidation du Maghreb dans son essence géopolitique, c'est-à-dire la régression de l'entité politique et historique en simple contiguïté géographique dont la régulation géopolitique est subordonnée à l'initiative des puissances extérieures. La centralité maghrébine est aujourd’hui menacée.

Le trait dominant du Maghreb est que, sans être en guerre, il n'est pas en paix. Sur un fond de rivalité stratégique entre l’Algérie et le Maroc, des conflits interétatiques et intra étatiques ainsi que l’impact de l’extrémisme islamique entraînent une militarisation persistante  et un état d’alerte antiterroriste permanent.

 

La persistance du conflit saharien, les séquelles de la guerre civile algérienne, les disparités relativement au processus de transition démocratique et les revendications ethniques, créent un climat d’instabilité, sans déterminer à ce jour ni un règlement négocié entre les parties ni un compromis ménagé dans un cadre maghrébin ou arabe. Travaillé par ces forces centrifuges, cet espace ne parvient pas à trouver son point d’équilibre.
La Tunisie est ainsi confronté à court terme à un ordre régional déphasé, fragmenté, marqué par des inégalités relativement aux étapes du processus démocratique et susceptible, selon l’évolution de la situation, d’aboutir à une reconfiguration de la carte régionale. Cette nouvelle architecture régionale aux équilibres précaires est susceptible de contrarier ou de retarder le processus de transition démocratique en Tunisie.

L’Algérie, le colosse aux pieds d’argile

Sur un plan géopolitique, l’Algérie, accrochée au littoral méditerranéen et s’enfonçant vers le sud par un large appendice saharien qui l’écrase, est littéralement coincée en Méditerranée alors que le Maroc, Etat bi-océanique, est tourné vers le grand large et les Amériques à travers sa façade atlantique. L’accès à l’élément liquide est la source de toutes les richesses et un facteur de puissance déterminant: en récupérant le Sahara Occidental, Rabat renforce son statut de puissance continentale et de puissance maritime. Ainsi, Alger, en dépit de ses richesses énergétiques, est entravée par cette géopolitique de l’enfermement et apporte son soutien à la RASD2 afin d’accéder à la façade atlantique. Par ailleurs, il s’agit pour l’Algérie, visant le leadership régional, de nourrir un abcès de fixation handicapant le Maroc contraint à des dépenses militaires et économiques considérables.
Confrontée aux évolutions restructurant la scène maghrébine, l’Algérie préserve apparemment le statu quo prétendu démocratique. Tout en introduisant tardivement des réformes politiques et sociales, le régime s’est empressé d’élever son niveau de défense intérieur afin de se prémunir contre un effet de contagion pouvant déstabiliser le système. Le glacis algérien intrigue et pèse sur la dynamique d’intégration régionale.

Les rivalités de palais sont aiguisées par les incertitudes inhérentes à la succession du président Bouteflika et risquent de provoquer des développements inattendus soutenus par des acteurs extérieurs.

 

A ce stade, dominent des stratégies visant à sauvegarder l’ordre établi. Ainsi, la politique réfractaire du régime algérien qui croit pouvoir se renouveler indéfiniment dans sa nature «boumediéniste» à peine ajustée n’est que le reflet d’un déphasage teinté de conservatisme.

L’inconnue algérienne doit interpeller les autorités tunisiennes. Alger aspire à une évolution à la chinoise matérialisée par une ouverture maîtrisée et graduelle sauvegardant un pouvoir central fort en mesure d’écraser militairement toute contestation intérieure et de s’opposer à toute convoitise extérieure sur les ressources nationales.

L’opacité du «système algérien».

Par ailleurs, la complexité, l’opacité et les rivalités de pouvoir au sein de la scène politique algérienne sont au cœur de la problématique terroriste et régionale. À l’intérieur de l’État algérien existent des centres de décision aux stratégies divergentes qui mènent une lutte interne pour le pouvoir, le contrôle des richesses nationales et des trafics illégaux. A la mort du président Boumediene en décembre 1978, un groupe d’officiers attachés à fixer le centre réel du pouvoir algérien en retrait du gouvernement officiel, s’est attelé à mettre en place une hiérarchie parallèle, donnant naissance à un junte dont les excès ont engendré pour un temps une faillite économique, sociale et politique du pays.

«Le champ des manœuvres est d’autant plus ouvert et complexe que, contrairement à une idée répandue, le Haut Commandement de l’armée algérienne n’est pas monolithique. Il existe une multitude de clans rivaux en fonction de l’origine régionale, des écoles de formation, de leurs connivences extérieures et des secteurs de l’économie qu’ils contrôlent. Et tout cela constitue une espèce de société féodale où le pouvoir de chacun est évalué à l’aune de sa capacité à protéger et enrichir les siens ainsi qu’à diminuer le pouvoir et la richesse des autres. Il est évident que, pour certains, tous les coups sont permis»3.

Comme le souligne Alain Chouet : «La violence dite islamiste algérienne ne se confond pas avec le jihadisme internationaliste du type Al-Qaida(…)Cette violence paraît toujours fortement corrélée aux aléas et aux vicissitudes de la vie politique algérienne»4;
A l’image du double jeu pratiqué par les services secrets pakistanais ISI5 en Afghanistan, dans le cadre d’une sous-traitance, AQMI5 serait-elle en partie un instrument d’influence entre les mains de clans algériens générant une rente stratégique ou sécuritaire monnayable auprès des Occidentaux, tout en justifiant les ambitions hégémoniques algériennes à l’égard de l’espace sahélien6.

Il s’agissait pour certains d’être en mesure de doser et de mesurer l’action «terroriste» afin de valoriser les positions algériennes à l’égard de leur flanc sud sans en arriver au seuil de déclenchement des interventions occidentales préjudiciables aux intérêts stratégiques algériens. Comme le souligne Aymeric Chauprade, «le GSPC est né du magnifique esprit d’initiative algérien lequel a su offrir aux Américains l’ennemi qu’ils attendaient afin de justifier leur implantation dans le Sahara».7
Les révolutions arabes ont marqué une rupture et alimenté la crainte de clans algériens, les amenant à développer des stratégies dilatoires destinées à assurer leur survie. «Grâce au GSPC et AQMI, l’Etat algérien a pu apparaître depuis 2001, aux yeux des Etats-Unis et de la France comme un rempart contre l’islamisme radical dans la région. Et la stratégie a fonctionné jusqu’aux révolutions arabes qui ont emporté les uns après les autres tous les régimes autoritaires de la région»8.
Suivant les écrits d’Alain Chouet, «une sorte de «deal» tacite s’était établi entre les éléments se réclamant d’AQMI et le pouvoir algérien. L’émir Droukdel restait confiné en Kabylie sans réels moyens opérationnels avec une relative liberté de vitupérer ce qu’il voulait, constituant ainsi une bonne soupape sans danger aux pulsions islamistes de certaines franges de la population et à l’irrédentisme kabyle.

 

Les bandes armées quant à elles avaient licence de mener leurs petits trafics et actions de piraterie contrebandes dont profitent sans doute quelques membres de la nomenklatura algérienne sur les frontières Sud à condition d’y rester et de ne pas remonter vers le nord et de ne pas toucher aux «gazoduc». Les rivalités entre chefs de bandes et la conjonction momentanée de leurs intérêts avec ceux des Touaregs et des rescapés de la «Légion verte» de Kadhafi qui recherchaient tous un sanctuaire territorial dans le ventre mou qu’est le Mali, puis l’intervention française, ont, au moins provisoirement, déstabilisé le pacte et jeté la zizanie entre filous»9.
Dans ce contexte, le pouvoir de l’ombre algérien (Etat profond), certes puissant, ne peut ignorer que le statut de sous-traitant n’est assorti d’aucune garantie durable et que les retournements d’alliance sont fréquents. L’Algérie se sait visée10, à moins d’écarter l’Occident du sillage des islamistes politiques et de le recentrer sur la guerre contre le terrorisme international. C’est chose faite. A travers son implication croissante dans les négociations régionales, notamment les crises maliennes et libyennes et sa volonté de sécuriser ses frontières, notamment avec la Libye et la Tunisie, l’Algérie se positionne à nouveau en puissance régionale incontournable dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité régionale s’immunisant momentanément d’une déstabilisation s’inscrivant dans la logique des printemps arabes. Néanmoins, cette tactique algérienne consistant à se poser en allié des puissances occidentales dans la lutte contre le terrorisme est précaire : elle ne saurait prémunir durablement Alger des visées occidentales.

La déstabilisation de l’Algérie

De nombreux Algériens soutiennent avec insistance la thèse du ciblage du régime algérien en se prévalant de l’expansion irrésistible des révolutions du «printemps arabe» et des pressions qui l’assaillent de toute part : à l’Est, les révolutions tunisienne et libyenne (risque terroriste et criminel aux frontières) ; à l’ouest la pression marocaine du fait du conflit saharien; et au sud le conflit malien induisant une militarisation croissante impliquant les puissances occidentales. L’accession de la Tunisie au statut d’allié majeur hors OTAN a exacerbé la nervosité algérienne matérialisée par le coup de nerf du chef d’état-major de l’ANP. L’Algérie avait en outre soutenu la résistance libyenne contre l’intervention extérieure et manifeste avec constance ses réserves à l’égard de l’offensive arabe et occidentale contre le régime syrien, dans l’esprit du Front du Refus.

 

Par ailleurs, l’Algérie pressent que sa prise de participation dans l’exploration et l’exploitation des richesses énergétiques du Sahel l’expose à des stratégies hostiles des puissances occidentales. Enfin, la dérive du Polisario étroitement encadré par Alger contribue également à discréditer la stratégie algérienne dans la région.

Dans ce contexte, l’Algérie est sur un volcan. Fragilisée, citadelle assiégée, elle aspire à reprendre la main sur l’ensemble de ces problématiques. Elle déploie des dispositifs militaires (course à l’armement), diplomatiques et secrets en vue de se positionner, à terme, en puissance régionale hégémonique.

Plus globalement, l’Algérie s’oppose ouvertement à la montée en puissance de l’islam politique à l’intérieur du pays et dans son voisinage et vise à contrer la réimplantation des puissances étrangères, notamment de la France au Sahel et au Maghreb.

Les médias algériens ont tendance à dénoncer, derrière la menace d’ingérence démocratique, les facteurs externes en omettant la consistance des facteurs internes évoqués par ailleurs de manière éparse : les mêmes causes ayant provoqué les révolutions tunisienne, égyptienne et libyenne se retrouvent en Algérie : l’aspiration à la démocratie et à l’Etat de droit, l’impératif de transparence inspiré par l’opacité du système politique, le chômage et la précarité d’une jeunesse désœuvrée, les déséquilibres économiques et sociaux en dépit des ressources considérables de l’Etat, etc.

Dans ce contexte, Alger joue momentanément la préservation de son autonomie stratégique. En effet, les menaces aux frontières, l’éclatement de la cohésion sociale (aggravation des événements secouant Ghardaïa depuis l’été 2013, In Salah, Tamanrasset, etc.), les réserves considérables en gaz et pétrole de schiste érigeant le pays à la troisième place mondiale derrière la Chine et l’Argentine, le renforcement de la présence chinoise et russe, la chute du cours du baril de pétrole affaiblissant significativement l’économie rentière algérienne et le risque d’effritement de l’unité de l’armée hypothèquent l’avenir du pays et ouvrent des brèches propices aux ingérences étrangères. Instrumentalisant les vulnérabilités intérieures algériennes, les puissances occidentales pourraient être tentées de stimuler un changement de régime précipitant le pays dans une guerre civile semblable au conflit syrien.

Cet état de fait placerait la Tunisie dans une configuration proche de celle du Liban avec tous les risques que cela comporte. Tunis serait ainsi prise en tenaille entre deux foyers déstructurés et représentant une menace durable quant au processus démocratique: la Libye et l’Algérie.

Ce scénario, à ce stade peut-être encore prématuré, ne relève nullement de la rêverie géopolitique issue de la réflexion d’un chercheur académique. Compte tenu de l’ampleur et de la gravité de ses répercussions dans l’éventualité où il se produirait,  il dicte une vigilance accrue des autorités tunisiennes et la mise en place d’une stratégie globale (stratégique, diplomatique, sécuritaire, économique, etc.) afin de l’anticiper, de mesurer sa potentialité de surveillance à travers un tableau de bord de veille et d’alerte et d’y faire face.

 

Le précédent libyen doit être médité. Le journal L’Expression dans son édition du 13 juillet  2015 soulignait : « il n'est un secret pour personne que notre pays est la cible d'ennemis qui ont accueilli, soutenu et armé les groupes terroristes pendant la décennie noire. Ce sont les mêmes qui ont essayé de plonger l'Algérie dans la mascarade du «printemps arabe». Ces ennemis qui n'ont pas intérêt à voir l'Algérie debout, tentent vainement de faire perdre le nord au Sud algérien... Ils attisent la colère des populations de cette région pour tenter d'y mettre le feu et fractionner l'Algérie, pays dont, il faut le rappeler, a comme principes fondamentaux son unicité et son indivisibilité. Les voilà qui remettent une couche en tentant de mettre le feu dans la vallée du M'zab. D'ailleurs, les hauts responsables de l'Etat se sont relayés pour mettre en garde contre ce complot. D'abord, le Premier ministre Abdelmalek Sellal lors de son déplacement à Ghardaïa dès le lendemain de ces terribles événements qui ont coûté la vie à 25 personnes. « Des pays connus pour être des ennemis de l'Algérie ont planifié les évènements de Ghardaïa», a-t-il lancé avec colère aux sages de la région»11 .

Par ailleurs, lors d’un discours prononcé le 10 juillet 2015 à l’occasion de la journée de Jérusalem, Hassan Nasrallah évoque les événements secouant la vallée du M’zab en les intégrant dans la vaste stratégie occidentale visant à balkaniser et à restructurer le monde arabe : «Israël annonce sa satisfaction face aux guerres civiles qui ravagent toute la région, et œuvre et agit dans ce sens via ses services secrets et de différentes manières pour étendre ces guerres. Et malheureusement, un grand nombre de pays ont été touchés par ce malheur, et on voit ce qui se prépare maintenant contre l’Algérie, et encore une fois, sous un aspect sectaire.

A l’heure actuelle, je n’ai pas d’informations détaillées, je ne prétends pas être spécialiste de ce dossier, mais chaque fois qu’il y avait des problèmes dans certaines régions, les médias parlaient de différences ethniques, ou basées sur des considérations ethniques, à savoir entre Arabes et Amazigh (berbères). Mais j’ai vu, ces derniers jours, que certaines chaînes étrangères occidentales diffusées en Arabe (BBC Arabic, France 24, etc.) parlaient de lutte entre les Malékites et les Ibadites. C’est-à-dire que l’Occident veut présenter cela comme un conflit confessionnel et sectaire. Voilà ce à quoi l’Occident œuvre au niveau de l’ensemble de la

région 12.

Enfin, le célèbre journaliste palestinien, Abdelbari Atouane, dans l’éditorial du journal Rai Alyoum du 9 juillet 2015 développe : «Il y a un plan diabolique qui vise à transformer l’Algérie en une autre Syrie. L’Algérie est visée. Et quand nous disons qu’elle est visée, c’est parce que les informations en notre possession sont très fiables. Les promoteurs du scénario sanglant qui est en train de ravager la Syrie veulent l’exporter vers l’Algérie».

La stratégie occidentale d’éviction des puissances rivales à travers la balkanisation du théâtre moyen-oriental et l’instrumentalisation de la menace terroriste et des vulnérabilités intérieures s’étend à la sphère maghrébine. La déstabilisation de l’Algérie est en cours : le point de rupture, c’est-à-dire l’agenda et le comment, c’est-à-dire la stratégie, sont modulables au gré des évolutions géopolitiques, des intérêts stratégiques et des résistances rencontrées.

Dans le cadre de l’édition d’Afrique Réelle du mois de juillet 2015, Bernard Lugan13, dans le prolongement d’une analyse détaillant les profondes vulnérabilités algériennes (politiques, économiques, sociales, etc.) développe ce qu’il intitule le scénario de l’Apocalypse : «les caisses étant vides, les autorités ne seront donc plus en mesure de calmer les revendications populaires.

Ces dernières risquant de coaguler, les digues pourraient alors sauter et le régime totalement discrédité serait emporté comme un fétu de paille. La révolution pourrait ensuite être  coiffée  par les islamistes avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer pour tout le Maghreb et au-delà, pour toute l'Afrique du Nord et l'Afrique saharienne(…)l'armée serait condamnée à intervenir pour écraser le mouvement, mais, n'étant plus monolithique comme elle l'était dans les années 1990 et une partie d'entre elle étant travaillée par les islamistes, une véritable guerre civile éclatera et les Berbères pourraient en profiter pour imposer leurs revendications.

 

D’autre part, l’inconnue algérienne doit interpeller les autorités tunisiennes d’autant plus que certains clans algériens n’ont intérêt ni à la réussite du processus démocratique en Tunisie, ni à l’application du principe de coexistence avec les forces islamistes mis en œuvre par les autorités tunisiennes. Cet Etat profond algérien ciblant Tunis n’épargne pas l’Etat formel algérien lui-même harcelé. Il est tenu d’amorcer un processus de réformes maîtrisées à la chinoise tout en empêchant à tout prix que le modèle tunisien ne parvienne à un point d’équilibre. La collaboration avec les gouvernements tunisiens successifs de la transition dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ne saurait nous abuser. Il s’agit d’un impératif ponctuel, existentiel mais indépendant de l’option fondamentale qui reste la finalité démocratique. Depuis Boumediene, l’Algérie affirme avec constance un droit de regard sur les régimes politiques de son voisinage (Union tuniso-libyenne en janvier 1974, Sahara Occidental en 1975).

Le contexte géopolitique menaçant exacerbe cet état de fait. C’est à la lumière de ces développements qu’il convient de remettre en perspective le déplacement précipité de Rached Ghannouchi à Alger et la visite en cours du ministre des affaires étrangères algérien à Tunis.

Les scénarios Maghreb 202014

Divers scénarios sont concevables :

 légende

 

 

Mehdi Taje
Géopoliticien et prospectiviste, spécialiste du Maghreb et du Sahel
Directeur de Global Prospect Intelligence

 

 

  1. L’Algérie n’a cessé d’élever son budget militaire, poussant à une course aux armements dans le Maghreb. Etant déjà le premier budget militaire de l’Afrique du Nord, Alger devient en 2011 le premier budget d’Afrique (à hauteur de $8,17 milliards) et le troisième dans le monde arabe après l’Arabie Saoudite ($46,21 milliards) et les Emirats Arabes Unis ($16,06 milliards en 2010), le Maroc étant classé huitième ($3,18 milliards). Avec plus de 10 milliards de dollars de dépenses militaires en 2013, l’Algérie est le premier importateur d’armes au Maghreb. En tant qu’importateur d’armes, elle se positionne à la sixième position mondiale  selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), avec un marché à fort potentiel de ventes qui la place au 9e rang des plus grands importateurs d'armes dans le monde à l’horizon 2017.Depuis 2002, Alger a augmenté ses dépenses militaires de 170 % avec un pic en 2011 de 44 %, passant de $5,67 milliards en 2010 à $8,17 milliards en 2011, soit une augmentation de $2,5 milliards. D’autres commandes s’ajoutent en 2012 et en 2013 auprès de l’Allemagne (pour un montant évalué à $2,2 milliards : deux corvettes classe MEKO équipées de 6 hélicoptères Super Lynx et de missiles suédois), auprès de la Chine (3 corvettes lourdes de type 056 chinoises) et auprès de l’Italie (1 patrouilleur lourd océanique et 1 bâtiment de débarquement et de soutien logistique de 8800 tonnes). Ces commandes développent la composante maritime déjà équipée par la Russie (notamment 4 sous-marins classe KILO auxquels s’ajoute la commande de 2 unités en 2014), l’armée de terre et l’armée de l’air ayant été développées et modernisées depuis 2006 suite à d’importantes commandes passées essentiellement auprès de Moscou. Le volume des livraisons d’armes vers l’Algérie a enregistré une hausse de 277 % entre 2003-2007 et 2008-2012 plaçant Alger au 6ème rang des pays importateurs d’armements. En détaillant, selon le SIPRI 2012, « la Russie a fourni 93 % des importations algériennes d'armes, dont 44 avions de combat Su-30 MKA, 2 sous-marins classe Kilo Project-636, 3 systèmes de défense anti-aérien S-300 PMU-2 (SA-20B) à longue portée sol-air missiles (SAM) et 185 chars T-90S. Le même rapport a noté cependant que l’Algérie s'est tournée en 2011-2012 vers l'Allemagne pour acquérir 2 frégates MEKO A200 et un premier lot de 54 blindés de transports de troupes de type Fuchs sur un contrat de 1200 blindés. La Chine est également fournisseur d’armes de l’Algérie avec 3 frégates F-22A ». Enfin, le budget militaire algérien enregistre à nouveau en 2013 puis en 2014 une nette augmentation pour franchir la barre des 10 milliards de dollars, soit 10,4 milliards de $ en 2013 et environ 12 milliards de dollars en 2014 correspondant à environ 7% du PIB. En 2015, il franchit le seuil des 13 milliards de dollars. Il est clair que cet arsenal dépasse l’impératif de la lutte contre le terrorisme et signale des visées autres que défensives, dans un contraste flagrant avec le voisinage maghrébin et africain. Avec un budget d’environ 3,5 milliards de dollars, le Maroc a enregistré selon le SIPRI une augmentation des livraisons d’armes de 1460 % entre 2003-2007 et 2008-2012. Au cours de la période 2008-2012, les principales acquisitions marocaines comprenaient : 24 avions de combat de type F-16C en provenance des Etats-Unis, la modernisation de 27 Mirage F1 aux standards MF2000 pour un cout estimé entre 518 et 542 millions de dollars, 3 frégates SIGMA des Pays-Bas, la frégate Fremm Mohamed VI commandée à la France en 2008, des négociations avec l’Allemagne et la Russie pour l’achat d’un sous-marin pour un coût d’environ 500 millions de dollars et 54 chars Type 90-2 en provenance de Chine s’ajoutant aux 200 M1A1SA américains, aux 150 VT-1A, aux 90 AIFV-B-C25 et 333 M113. Enfin, relativement à la Libye, sur un budget totale estimé à 52 milliards de dollars pour l’année 2013, Tripoli consacre 7,4 milliards de dollars à la défense afin de renouveler l’équipement de ses forces armées totalement anéanties suite à la guerre de 2011.
     
  2. République Arabe Sahraouie Démocratique.
  3. Alain Chouet,  Au cœur des services spéciaux : la menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers. Paris, La Découverte, 2011, p.231.
  4. Alain CHOUET,  Au cœur des services spéciaux : la menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers. Paris, La Découverte, 2011, p.227.
  5.  Inter Services Intelligence.
  6. De nombreux travaux menés par des chercheurs algériens, britanniques, suisses et allemands évoquent cette thèse. Sur ce sujet, il est possible de consulter les ouvrages et études de Jeremy Keenan (The Dark Sahara, etc.) ou encore l’étude très pointue « Al Qaida au Maghreb ou la très étrange histoire du GSPC algérien » menée par François Gèze et Sallima Mellah (22 septembre 2007).
  7. Aymeric Chauprade, « crise au Mali : réalités géopolitiques », Realpolitik.tv, 20 janvier 2013, consultable au lien suivant : http://www.realpolitik.tv/2013/01/crise-du-mali-realites-geopolitiques-premiere-partie-par-aymeric-chauprade/
  8. Cf. Aymeric Chauprade, Crise du Mali, réalités géopolitiques, première partie, 20 janvier 2013 «Une réalité indicible dans nos médias, du fait de l’ampleur des intérêts économiques français en Algérie, de la collusion aussi des élites politiques françaises avec le régime algérien … mais une vérité pourtant depuis longtemps évidente en dehors de France : AQMI/Polisario, DRS algérien, le trafic de drogue saharien sont une seule et même organisation du crime». http://www.realpolitik.tv/2013/01/crise-du-mali-realites-geopolitiques-premiere-partie-par-aymeric-chauprade/. 
  9. Entretien avec Alain Chouet, « Algérie : un roc au milieu du chaos saharien ? », 29 novembre 2013, http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article8949, consulté le 2 décembre 2013.
  10. En février 2014, un rapport du Combatting Terrorism Center, proche du Pentagone et de l’Administration Obama, établit pour la première fois un lien direct entre les tensions sociales (notamment à Ghardaïa dans la vallée du Mzab) et le terrorisme dans la région menaçant les intérêts stratégiques américains, notamment énergétiques. Ce rapport fut dénoncé par les autorités algériennes. Ce rapport est consultable au lien suivant : https://www.ctc.usma.edu/posts/africa-special-issue.
  11. Walid Ait Said, «L’Algérie ciblée par une vaste machination », L’Expression, 13 juillet 2015, consultable au lien suivant : http://www.lexpressiondz.com/actualite/220410-un-complot-sur-commande.html
  12. «Hassan Nasrallah : L’Algérie est menacée par l’Axe Daech-USA-Israël », 13 juillet 2015, consultable au lien suivant : http://www.wikistrike.com/2015/07/hassan-nasrallah-l-algerie-est-menacee-par-l-axe-daech-usa-israel.html
  13. Bernard Lugan, Afrique Réelle, N°67, juillet 2015, p.14.
  14. Construits par l’auteur et non exhaustifs
  15. La Libye est soit placée sous un mandat des Nations-Unies avec déploiement de Casques Bleus soit fait l’objet d’une recolonisation de la part des puissances occidentales ne disant pas son nom à travers un déploiement militaire significatif.
  16. Suite à des révoltes sociales et ethniques répétitives.
  17. Suivant un scénario à la syrienne.
  18. Dirigé par de jeunes colonels à la péruvienne : redistribution des richesses au profit des plus vulnérables.
  19. Impact la Tunisie si ce scénario obéit à une stratégie algérienne.
  20. Impact la Tunisie si ce scénario obéit à une stratégie algérienne.
  21. Effondrement de l’Etat du fait de la généralisation de la corruption et du trafic de drogue gangrénant le pays jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir + révoltes répétitives des populations négro-africaines pouvant être soutenues par des puissances régionales et étrangères.

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6 Commentaires
Les Commentaires
HKHELIFA - 15-07-2015 19:02

Si on raisonne avec plus de d’objectivité, on constate que l’évidence même criarde de la situation déjà géographique du Maroc qui l’isole à la fois de la méditerranée, toute la vie politique et économique du Maroc est sur l’atlantique, et de l’Afrique, le Sahara-Occidental qui fait barrière internationale puisque le Maroc sujet à de réunions cycliques de l’assemblée de l’ONU pendant plus de 40 année ce qui handicap largement son rôle politique international. Par contre cet isolement du Maroc les façades maritimes étant des obstacles naturels à la circulation des biens et personnes, lui a permis de se prémunir contre l’onde de Daech qui vient de l’orient et s’arrête en Tunisie grâce l’armées algérienne qui assure ainsi la protection de la frontière Est du Maroc. Le Maroc lui reste désormais que les ports et aéroports à surveiller ce qui n’est pas tâche difficile par rapport aux frontières terrestres qui sont de nature poreuses

Amazigh - 16-07-2015 07:21

C'est un article sorti de nul part. Des suppositions à l'emporte pièce. Ou simplement un article du Mahzen. Mais Messieurs les Anes-Alystes les ALGERIENS ont voté majoritairement pour Boutef, tout comme ils l'ont fait pour Zeroual. La démocratie même imparfaite est réelle et le peuple éduqué et vraiment uni.

Kassaman - 16-07-2015 16:43

Je prie Allah de protéger nos frères tunisiens et de protéger mon pays l'Algérie! Les sionistes (USA, Europe, Arabie Saoudite, Egypte, Jordanie, Israhell) veulent à présent déstabiliser l'Algérie! Les sionistes le regretteront amèrement! L'Algérie doit s'allié à l'axe de la résistance (Liban, Syrie, Iran) et tout autre pays amis (Afrique,Russie, Chine) pour porter un coup de grâce à ces chiens de sionistes! Sans armes ni financement, les algériens avaient réussi à terroriser les occupants français ! Sachez que nous disposons d'armes à présent et entrainés à la guerrilla urbaine! La 3ème guerre mondiale débutera le jour où les sionistes s'attaqueront ouvertement à l'Algérie.(coalition militaire avec propagande médiatique à l'appui)... Les BHL, Fabius, Netanyahu morderont la poussière... Les Algériens sont éparpillés partout en Europe, au Canada, aux USA...L'occident ne dormira plus tranquille! L'Algérie restera unie jusqu'à la mort! Elle se tient prête et résistera à tout les assauts! Les Daeschiens seront exterminés et si l'OTAN s'attaque à notre pays, sachez que les occidentaux ne pourront plus retrouver le sommeil. Les Algériens connaissent leurs ennemis et l'ennemi sous-estime les algériens!

Med Ali - 17-07-2015 09:16

Très bonne analyse , profonde et sophistiquée mais réaliste , j'aurais aimé que ce jeune soit désigné à la tête de l'institut national des études stratégiques qui dépend de la présidence au lieu d'y nommer le sieur Hatem ben Salem qui vient récemment de nous gratifier de commentaires déplacés sur la situation Libyenne ( demandant l'occupation militaire de la Libye ) complètement en porte à faux avec les déclarations du président lui même et oubliant par là qu'il est à la tête d'une organisation gouvernementale et qu'il engage donc l'état avec ses déclarations .

Bensmaine sid ahmed - 05-12-2015 22:50

Bonjour l'analyse présentée a la particularité d'être assez cohérente malgré la complexité du sujet. Au lendemain de son indépendance l'Algérie a été brutalement confrontée au lourd problème de la mise en place des conditions favorables pour un développement économique et social harmonieux juste et équitable... A cette problématique Il faut sans doute ajouter que les énormes enjeux pétroliers Algériens et aussi Libyens attirent les puissants prédateurs intéressés déstabilisant encore plus la région menant une politique de pilleur tout en prétendant défendre les droit universels de l'Homme !Ajoutez enfin le cortège des revendications décalées de tous ceux que l'on appelle "islamistes" et vous obtiendrez en final la formule du cocktail catastrophe que nous commençons a voire aujourd'hui Nos ennemis séculaires notre rente pétrolière ont été des obstacles au développement des forces vives et productives de la nation. Les conséquences seront en effet terribles car l'ignorance engendre la violence individuelle et collective anarchique et la destruction de type Syrie .POUR CITER MONTESQUIEU DANS L ESPRIT DES LOIS / "QUAND CHACUN FAIT SA PROPRE REGLE TOUT SE DEREGLE ". Enfin sur la question sécuritaire Le pays donne la fausse impression de paix et sécurité relative car c'est un territoire immense .......Son encerclement par les forces occultes pourtant visible se fait peu sentir par la population occupée par la course organisée dans le cadre de la paix sociale. Nos politiques savent bien de quoi il en retourne .Mais même les prévoyants occidentaux n'ont pas vu venir bien des tempêtes Le plus grand mal de l'Algérie n'est pas l'effondrement des cours du pétrole , ni celui de la guerre des clans , ou encore cet encerclement dangereux dont il faut effectivement se préoccuper. Le mal vient du déficit chronique et exponentiellement contagieux d'éducation de formation de civisme de respect les uns les autres respect du travail collectif du respect vis a vis de la femme de la famille du respect de l'état de la justice du respect des citoyens par les élus de l'état . C'est tout cela qui est grave et qui détruit l'essence d' un pays ........Il y a trop de choses a dire car nous avons perdu trop de substances de nos valeurs et idéaux , je ne sais pas ce que feront les nouvelles générations désarmées face aux défis de taille et de danger divers et différents qui les attendent bientôt Un peu d'espoir : peut être trouveront ils des chemins meilleurs que nous n'avons pas vu ? Je le souhaite vivement pour notre pays malgré que que mon esprit refuse aujourd'hui de croire en cette extrapolation. J'aimerai bien me tromper pour terminer cet écrit sur une note de scepticisme et non de défaitisme ..Mais la mauvaise herbe a poussé il faut l'enlever et nettoyer ce terrain vague repoussant que l'on fuit ensuite il faut le cultiver sans relâche comme des forcenés si on veut y voir naitre un jardin que nos enfants continueront a aimer et a y travailler encore plus !

Awthem - 24-12-2015 01:10

Le scénario Syrien est impossible en Algérie, les USA et leurs alliés arabo-sionistes (Libye, Maroc, Tunisie, France, Egypte, Arabie, Qatar, Jordanie et Israël), ne sont pas à la hauteur pour déstabiliser Algérie. ANP est solidement organisée et capable d'affronter avec succès n'importe quel pays, et les Algériens nombreux à l' étranger sont capables d'exporter la guerre partout ailleurs, ils ne faut pas confondre rêve et fantasme. Si déstabilisation, elle ne peut venir que de l'intérieur (des Algériens). Aucun pays voisin ne peut attaquer Algérie comme en 1963, l'Algérie a comme ennemis tous les pays arabo-khorotos, mais aucun bédouin n'ose passer à l'acte. Algérie est respecté est détestée mais respectée par beaucoup de puissants pays; Les saoudiens/qatari baisent des fillettes vièrges dans tous les pays arabo-khorotos, mais pas en Algérie où ils risquent de se faire sodomiser eux même. Le seul pays nord africain souverain est l'Algérie (tournée vers la méditerranée certes, mais aussi vers le large océanique). Le maroc judéo-arabe négrifié, lige et protectorat multiple, n'est qu'un minus, cerné par l'Espagne/Portugal, à l'Ouest et au Nord, il n'a aucun accès maritime (le coup de l'ouverture du maroc sur le grand grand, n'est qu'un fantasme de Bernard Lugan pédophile franco-marocain). Des drones Algériens survolent le maroc atlantique, la France et l'Espagne régulièrement, sans parler de la marine Algérienne. Beaucoup de pays peuvent être attaqués à partir de l'Algérie si nécessaire. Le Sahara Atlantique ne sera jamais marocain, avec ou sans l'Algérie.

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