Opinions - 25.06.2015

Du parti unique aux partis unis

Du parti unique aux partis unis

C’était entre le 27 janvier et le 2 fevrier 2015 lors de la deuxième phase de concertations du chef du gouvernement Habib Essid avec les partis politiques que tout a été décidé:
"Tout le monde au pouvoir ou Presque et supprimer toute forces opposition”
C’est ainsi que la deuxième composition du gouvernement a vu notamment l’intégration d’Ennahdha, ainsi que le parti Afek Tounes.
Ennahdha, qui détient 69 sièges au parlement, exclue lors de la première composition du 23 janvier, fait son entrée dans le gouvernement et obtient le portefeuille de la formation professionnelle et de l’emploi, accordé à Zied Laâdhari, Nejmeddine Hamrouni, également issu d’Ennahdha, est désigné Secrétaire d’Etat chargée de la remise à niveau des établissements hospitaliers, Mme Boutheina Ben Yaghlane, également membre d’Ennahdha, devient Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Finances et Amel Azouz, membre du conseil de la Choura, a été désignée Secrétaire d’Etat auprès du ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, chargé de la coopération internationale.

Le parti Afek Tounes, qui détient 8 sièges au parlement, fait également son entrée dans le gouvernement et obtient trois portefeuilles ministériels. Yassine Brahim, est désigné ministre du Développement régional, de l’investissement et de la coopération internationale, Noômane Fehri, ministre des Technologies, des télécommunications et de l’économie numérique et Samira Merai, ministre de la Femme, de la famille et de l’enfance en remplacement de Khadija Chérif militante des droits de l’Homme et des droits de la femme.
Avec les 86 députés de Nidaa Tounès, les 69 élus d’Ennahdha, les 16 députés de l'Union patriotique libre et  enfin les 8 élus de Afek Tounès la nouvelle liste peut donc compter sur le soutien de 179 des 217 parlementaires, le compte est alors bon.

Sans opposition forte, c’est de nouveau le parti unique

Une démocratie est par définition un exécutif élu par la nation et contrôlé par l’opposition parlementaire.L’opposition dans les démocraties a plusieurs fonctions. Elle constitue tout d’abord un contre-pouvoir c’est à dire qu’elle permet d’éviter que la majorité, une fois parvenue au pouvoir, n’ait la tentation de mener une politique portant atteinte aux droits et libertés e cas de la Troïka en 2012 et 2013, l’opposition représente aussi la possibilité d’une alternance politique  elle participe à l’existence du pluralisme politique, qui est une des bases de la démocratie. Ce pluralisme permet de choisir ses gouvernants. Or, il n’y a de choix véritable que si l’électeur peut se prononcer entre plusieurs possibilités. Ainsi, l’opposition, en proposant un nouveau cours à la politique nationale, permet aux citoyens éventuellement mécontents de disposer d’un recours. Avec les moyens, évoqués plus haut, à la disposition des parlementaires, elle peut manifester son désaccord envers la politique suivie. L’opposition permet enfin  de renouveler le personnel politique, lorsque la majorité perd le pouvoir, une nouvelle génération d’hommes politiques peut trouver une place de choix dans l’opposition et se préparer ainsi à assumer des fonctions importantes à l’occasion d’une victoire à venir.
Le rôle de l’opposition est donc essentiel en démocratie  puisqu’il revient à ceux qui ne sont pas au pouvoir la lourde tâche de forcer les gouvernants à expliquer et justifier leurs choix mais surtout à les assumer en tant que choix.
La majorité se doit de respecter les minorités opposantes et la minorité ne doit pas empêcher les gouvernants, qui ont reçu un mandat politique par une majorité de citoyens d’agir, elle contrôle le pouvoir de la majorité, et propose une alternative au pouvoir en place sans remettre en cause la nature du régime.

La Patrie avant le Parti s’est il transformé à l’inverse

Aujourd’hui après 150 jours de l’investiture du gouvernement Essid le président de la république parle de «déficit d’Etat» lui qui a fondé sa campagne électorale sur le rétablissement de l’autorité de l’état et a promis, que l’année 2015 sera, celle du travail et de l’effort, mais aussi celle de la stabilité, de la consolidation de l’autorité de l’état et du rétablissement de la confiance en les institutions.

Mais rien de cela n’a été fait et ce qui se passe aujourd'hui est tout à fait le contraire, l’autorité se dégrade de jour en jour et le pays depuis l’investiture du gouvernement Essid va très mal et souffre dans tous les secteurs, si ce n’est pas l’éducation qui est en pleine faillite, c’est la santé avec une escalade sans précédent des grèves à répétition et des troubles qui l’ont plongé dans une crise profonde. Cette crise se trouve aggravée par les menaces terroristes, le trafic de tous genres et la faiblesse des institutions et leur incapacité d’assurer le bon fonctionnement des services publics.
La Tunisie va mal. Elle risque de replonger dans le chaos alors qu’elle avait pris le bon chemin. Il faut à notre avis joindre l’acte à la parole. L’autorité de l’Etat suppose un exécutif efficace, crédible et loyal et des responsables compétant et audacieux.

Aujourd’hui, nous allons vers une catastrophe et c’était prévisible le jour où il a été décidé de faire entrer tous les partis au pouvoir. Chacun croit qu’il peut s’en sortir par le seul jeu de la sauvegarde de ses intérêts personnels nous devons cesser de trafiquer avec notre propre avenir. Il faut s’engager à mieux penser nos problèmes et à en débattre de façon plus responsable au lieu de se murer dans le silence. Il fallait reconnaître nos erreurs et nos échecs pour pouvoir rebondir.


Moncef Kamoun

Architecte

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