News - 10.06.2015

Ces PDG de banques publiques sont-ils maso pour accepter de si bas salaires?

Ces PDG de banques publiques sont-ils maso pour accepter de si bas salaires?

Brasser des centaines de millions de dinars, superviser des dizaines de filiales et assumer de si lourdes responsabilités civiles et pénales pour des salaires si bas : les PDG des trois banques publiques sont-ils maso? Leur rémunération, fixée par arrêté du chef du gouvernement (en date 13 mars 2013), est publiée dans le rapport des commissaires aux comptes, présenté aux actionnaires en assemblée générale ordinaire. Combien gagnent-ils en fait? Abdelwaheb Nachi, PDG de la STB était le premier à le dire: «Il n’y a pas de sujet tabou, y compris mon salaire, vous pouvez poser toutes les questions qui vous semblent!» Allons-y alors! Ahmed Rjiba, PDG de la BH lui emboitera le pas. Jaafar Khatteche, PDG de la BNA, aussi.

Au total, un PDG de banque publique perçoit un traitement mensuel brut de 5300 DT avant diverses retenues. Il bénéficie en outre d’une voiture de fonction, d’un quota mensuel de carburants de 450 litres et des frais de communications téléphoniques. Le détail du traitement mensuel brut est édifiant: 900 D en salaire de base, 200 D pour le logement (où trouver à ce loyer même un studio, sans parler des frais d’éclairage, de chauffage et d’eau ?) et 350 DT pour la gestion...

Intitulé Montant en DT
Salaire de base 900
Indemnité de logement 200
Indemnité de gestion 350
Indemnité de représentation 1580
Indemnité provisoire de remboursement de frais de représentation 1120
Indemnité complémentaire 1150
Total 5300


La grande question qu’on se pose est: pourquoi se contentent-ils de pareil montant, surtout que nombre de leurs salariés gagnent beaucoup plus d’eux, sans parler de leurs pairs à la tête de banques privées ou d’autres établissements financiers.

Interrogé sur la question, le ministre des Finances, Slim Chaker, a reconnu cette injustice à leur égard et a révélé qu’il compte y remédier rapidement. Un nouveau texte portant une amélioration substantielle de leurs émoluments sera bientôt soumis à la signature du chef du gouvernement. C’est déjà un acquis, mais il va falloir aller encore plus loin. Ces banques qui entament la mise en œuvre de plans de restructuration en profondeur, ont besoin de recruter de très grosses pointures, notamment parmi les Tunisiens qui opèrent à l’international. Si nous voulons les attirer et bénéficier de leur expertise, nous devons leurs consentir des conditions incitatives. C'est ce qu'a fait le Maroc et nous en voyons les résultats positifs.
Il suffit que le gouvernement prenne son courage à deux mains pour remédier à une situation déplorable s'agissant des banques publiques, mais des entreprises publiques et la haute administration. La réforme, c’est aussi, ce dossier des rémunérations.

Taoufik Habaieb