News - 03.06.2015

CFE ouvre ses portes à Tunis: la microfinance, autrement, et des objectifs ambitieux, réalisables

Chedly Ayari

« Le Centre Financier aux Entrepreneurs (CFE) de Tunisie ne peut que réussir, parce qu’il répond à un besoin spécifique : les jeunes, les régions et des projets à dimension humaine », affirmé le ministre des Finances, Slim Chaker, lors de l’ouverture de cette nouvelle institution de microfinance. « Pour bien connaître l’expertise canadienne portée dans cette initiative par Développement international Desjardins (DID) et le Fonds Desjardins pour la Finance inclusive, a-t-il ajouté, et l’engagement du Groupe AfricInvest et de ses dirigeants, les meilleures conditions de succès sont réunies. Comptez sur le soutien du ministère des Finances ». Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Chedly Ayari et le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, tout comme l’ambassadeur du Canada à Tunis, Sébastien Beaulieu et le cofondateur d’Africinvest, Aziz Mebarek, apporteront de leur côté un appui souligné à la naissante institution.

CFE, présidé par Radhi Meddeb, vise à répondre aux besoins des micro et petites entreprises (MPE) tunisiennes par des produits et services financiers diversifiés et accessibles, offerts par une équipe compétente et à l’écoute de la clientèle. La première agence ouverte à Tunis, sera suivie d’un déploiement à travers les régions, en ciblant les zones où la concentration des micro et petites entreprises est la plus élevée, comme l’a expliqué sa directrice générale Rachel Lemieux.

 
Les prêts offerts par le CFE viseront le développement des micro et petites entreprises de même que l’acquisition ou l’amélioration locative. Ils incluront également du microcrédit visant notamment les femmes entrepreneures, qui sont trop souvent exclues des systèmes financiers. D’autres produits dédiés aux MPE pourront être introduits par la suite en fonction des besoins observés. 
Sur une période de cinq ans, il est prévu que l’institution recrute, forme et accompagne 130 employés, qu’elle débourse environ 14 000 prêts et atteigne un portefeuille de prêts en cours de 64,4 M DT (40 M $CA) à la fin de sa cinquième année d’opération, soit en 2020. 
«Les objectifs sont impressionnants, relèvera le Gouverneur Chedly Ayari. CEF vient renforcer l’inclusion financière et se positionnera dans le nouveau paysage banciare tunisien où il aura toute sa place et viendra compléter la panoplie d’outils innovants». 
« Je me réjouis sincèrement de voir ce concept et ce modèle d’inclusion financière qui a fait ses preuves dans d’autres pays, démarrer en Tunisie au service des entrepreneurs » s’est félicité Zied Ladhari, relevant avec satisfaction le nombre d’emplois déjà engagés et ceux escomptés. On estime en effet qu’au cours des cinq prochaines années, le CFE contribuera, de manière directe et indirecte, à la création et au maintien de 76 000 emplois, parmi lesquels 30 000 emplois créés : un impact qui continuera de s’accroître au fil des années.
Développement international Desjardins (DID), le Fonds Desjardins pour la Finance inclusive et le Groupe AfricInvest (au travers de deux de ses fonds sous gestion FCPR Tuninvest Croissance et le fonds AfricInvest Financial Sector) agissent comme promoteurs et actionnaires au démarrage du CFE. Divers partenaires financiers, dont le gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada (MAECD), s’associeront à eux pendant les premières années d’existence du CFE afin de financer l’opération et le développement de l’institution. Cet appui permettra à DID d’assurer la mise en place et le renforcement des opérations de l’institution financière. 
Le Centre Financier aux Entrepreneurs de Tunisie est le cinquième que DID met en place à titre de promoteur et d’investisseur. Quatre d’entre eux ont vu le jour avec l’appui du Groupe AfricInvest. Ces institutions se distinguent par la relation de proximité établie avec les entrepreneurs accompagnés, par leur connaissance fine des secteurs d’affaires financés, par leurs pratiques rigoureuses de gouvernance et de gestion des risques ainsi que par la création de mécanismes d’actionnariat populaire qui permettent aux clients et employés des CFE de participer à leur propriété. 
On peut faire plus et lieux estime en substance Aziz Mebarek, si on arrive à faire évoluer et élargir la réglementation tunisienne en matière de microfinance.
 
Le CFE de Tunisie adoptera au cours de ses premières années d’opération un programme d’actionnariat permettant aux clients et employés de l’institution de participer à sa propriété. Par l’entremise de ce programme, les bons emprunteurs pourront obtenir une rémunération incitative, ou une ristourne, sur les intérêts payés et acquérir, grâce à cette ristourne, du capital de l’institution financière. Parmi les bonnes pratiques du CFE, le programme d’actionnariat populaire est sans doute la plus innovatrice et la plus attrayante.