News - 13.05.2015

Londres, aussi, réclame des sites d’accueil sécurisés en Afrique du Nord pour les immigrants clandestins

La Grande Bretagne, aussi, réclame des sites d’accueil sécurisés en Afrique du Nord pour les immigrants clandestins
Décidemment, l’Europe ne veut pas lâcher prise, insistant, malgré le refus répété de la Tunisie pour installer sur nos rivages des centres d’accueil sécurisés destinés aux immigrants clandestins par voie maritime. Après la France (en termes à peine voilés) et l’Italie, c’est au tour de la Grande Bretagne de revenir la charge. Dans un éditorial publié mercredi sur le Times, la ministre de l’Intérieur, Theresa May, à peine reconduite par David Cameron, estime que les migrants qui tentent de traverser la Méditerranée pour rejoindre l'Europe doivent être renvoyés. "L'UE devrait travailler, écrit-elle notamment, à établir des sites d'accueil sécurisés en Afrique du Nord, avec un programme actif de retours.
 
Sous le titre de « L’Union européenne met en danger les immigrants », elle s’inscrit en contre-pied de la Commission européenne qui envisage des quotas obligatoires à répartir entre les Etats et la prise en charge des arrivants pouvant bénéficier d'un statut de réfugiés. « Une telle approche (ndlr des quotas) ne peut que favoriser la traversée de la Méditerranée et encourager plus de personnes à mettre leur vie en péril", met-elle en garde. 
 
La ministre Theresa May s’inscrit « en désaccord avec la suggestion" de la chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini, selon laquelle "pas un seul réfugié ou migrant intercepté en mer ne sera renvoyé contre son gré". « Le principe des quotas, réclamé par l'Italie, rapporte l’AFP, est soutenu par l'Allemagne et la France, mais Londres et Budapest, notamment, y sont opposés. En outre, une telle redistribution ne pourra être imposée à la Grande-Bretagne, à l'Irlande et au Danemark, ces trois pays ne participant pas à la législation sur l'asile et l'immigration. Les autorités européennes tentent de répondre au problème des dizaines de milliers de migrants qui se lancent chaque année dans la traversée depuis les côtes africaines. La prise en charge des réfugiés venus de pays tiers se fait pour l'instant sur une base volontaire.
 
Le chef du gouvernement Habib Essid connaît bien la ministre Theresa May qui était son homologue lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. Il l’avait d’ailleurs rencontrée à Londres le 12 juillet 2012, mais cette question n’était pas alors à l’ordre du jour. Il aura certainement à en débattre lors de sa prochaine visite à Bruxelles, le 27 mai courant. Avec les trois principaux dirigeants de l’Union Européenne, Essid posera sans doute sur la table la question de l’immigration clandestine.  

Ferme refus tunisien

La position tunisienne en la matière a toujours été claire : accueillir des Tunisiens partis clandestinement en Europe, oui. Mais, recevoir et maintenir des étrangers, non ! De multiples demandes « alléchantes », proposant prises en charge financières pour ces « centres d’accueil sécurisés » qui s’entendent en fait comme des centres de détention, voire des aides substantielles ont été fermement écartées. La Tunisie a déjà payé lourdement le prix des flux massifs de réfugiés provenant de Libye dès le mois de février 2011, le centre de Choucha en témoigne. Comme elle continue à supporter sur ses maigres ressources budgétaires la charge que constituent pas moins d’un million 200.0000 résidents libyens sur son sol. Plus encore, elle n’a rien réclamé à la communauté internationale, les pays membres de l’OTAN, en premier, en dédommagement aux effets collatéraux subis du démantèlement de l’Etat libyen.
 
Auteur d’un livre publié cette semaine sous le titre de Check-Point (Gallimard), évoquant la guerre en Bosnie, l’académicien et ancien diplomate français, Jean-Christophe Rufin dénonce le rôle joué dans cette guerre et surtout l’implication de la France en Libye par Bernard-Henri Levy qu’il qualifie de «véritable maître de la diplomatie». Intervenant sur Europe 1, il a déclaré qu’il ne suffit pas de dégommer un dictateur pour tout régler, citant les conséquences de la situation en Libye sur la Tunisie. BHL a beau essayer mercredi de se disculper, les faits sont têtus.
 
Taoufik Habaieb