News - 02.12.2014

Ben Jaafar-Caïd Essebsi: pourquoi tant de haine?

Mustapha Ben Jaafar le Secrétaire général du parti Ettakatol a été aux avants postes pour mettre en évidence les «risques» d’une victoire de Béji Caïd Essebsi à l’élection présidentielle. Il a été le «concepteur» du terme de «taghawel» qui veut dire  bien plus que l’hégémonisme. Celui  du président de Nidaa Tounès et de son parti au cas où ils accèderaient, pourtant par la voie des urnes, à la présidence de la république, au parlement et au gouvernement. Ce qui est étonnant de la part de celui qui se considère comme le «père de la Constitution» du 27 janvier 2014 qui n’interdit pas ce cas de figure.

Première séquence: au lendemain des élections législatives où son parti et quelques autres ont été laminés sinon éliminés de la scène politique, il a  tenté de réunir la famille sociale-démocrate sur une candidature commune en vue de l’opposer à Béji Caïd Essebsi qui était le favori de l’élection présidentielle. Mais il a échoué lamentablement.

Seconde séquence: Au premier tour de l’élection présidentielle où il maintient sa candidature, M. Ben Jaafar arrive 10ème et n’obtient que 21999 voix soit 0,67 % des suffrages, confirmant ainsi le très mauvais score de son parti. Son allié de la Troïka le président sortant Moncef Marzouki obtient quant à lui plus de 33% des voix grâce aux voix du parti islamiste Ennahdha, le parti dominant de cette Troïka.

Troisième séquence: alors que l’on s’attendait à ce que le parti Ettakatol fasse son autocritique et essaie de comprendre les raisons de son cuisant échec, l’ancien candidat au premier tour annonce sur Express-FM le 1er décembre pque son parti ne soutiendra en aucune façon au second tour, Béji Caïd Essebsi.

Les raisons invoquées son celles ressassées depuis le début, l’appréhension de l’hégémonisme et la  peur du retour de l’ancien régime.

Lorsque l’on sait toutes les affinités qui existent entre Ben Jaafar et Caïd Essesbi il ya lieu de se demander pour quoi tant de haine du président  sortant de l’Assemblé constituante envers le président de Nidaa Tounés. Tous les deux sont d’anciens membres du Néo Destour et du PSD qui lui a succédé. Tous les deux ont fait partie du groupe des démocrates qui ont quitté le Parti de Bourguiba  suite à l’échec de la politique de collectivisation à la fin des années 1960. Issus du faubourg de Tunis, Bab Souika- Halfaouine, les deux hommes ont des liens dfe parenté..

Leurs chemins se sont croisés plus d’une fois. Tous les deux ont collaboré au journal Erraï. Ils ont été parmi les fondateurs du Conseil des libertés, ancêtre de la Ligue tunisienne des droits de l’homme. Mais si Ben Jaafar a été membre fondateur du Mouvement des démocrates socialistes(MDS) aux côtés de M. Ahmed Mestiri, Béji Caïd Essebsi n’a pas franchi le Rubicon, ce qui lui a permis de revenir au bercail en 1980 et de reprendre sa place au PSD puis d’intégrer le RCD, la nouvelle appellation de l’ancien parti au pouvoir. Entré en dissidence à l’équipe Mohamed Moada qui a pris le pouvoir au MDS,  Mustapha Ben Jaafar se fait exclure de ce parti en 1992 avant de créer son propre parti le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) connu par son appellation en arabe Ettakatol. Opposant notoire au régime de Ben Ali, c’est pourtant ce dernier qui lui accorde le visa légal en 2002 et un dirigeant du RCD assiste à son congrès  en mai 2009. M. Ben Jaafar présente sa candidature à l’élection présidentielle cette année-là mais elle n’est pas acceptée par un artifice juridique. Après la révolution, il est nommé ministre de la Santé du gouvernement Mohamed Ghannouchi mais démissionne aussitôt.

De son côté Béji Caïd Essebsi, est élu en 1989 à la Chambre des députés qu’il préside pendant 18 mois de mars1990 à octobre 1991. Il s’éclipse ensuite de la vie politique avant de revenir comme second premier ministre post-révolution en février 2011. A la tête d’un gouvernement non-partisan, il conduit le pays jusqu’aux élections de l’assemblée nationale constituante du 23 octobre 2011 qui aboutissent à la formation de la Troïka dont fait partie le parti de M. Ben Jaafar.

C’est là que leurs chemins se recroisent avant de diverger cette fois-ci irrémédiablement, semble-t-il.

R.B.R.

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