News - 01.10.2014

Présidentielle : Pourquoi Nabli s'estime l'homme idoine

Mustapha Kamel Nabli semble avoir trouvé son positionnement de candidat aux présidentielles. « Analysez bien les exigences de la prochaine étape, les attributions dévolues au président de la République et spécifications demandées aux candidats et vous aboutissez alors, logiquement à la certitude : j'ai le profil idoine ». Même, s’il ne le dit pas textuellement, c’est le fond de sa campagne.

D’abord, le contexte. Nabli pense comme beaucoup d’autres qu’avec le foisonnement des listes pour les législatives (près de 1300) et des candidats (plus de 13000), nous allons vers une large atomisation des élus à la Chambre des Représentants du Peuple. Cette dispersion entre partis et indépendants rendra difficile l’émergence d’une majorité simple et la formation d’une coalition autour d’un noyau solide. Conséquences immédiates : difficulté de se mettre d’accord sur le président de la Chambre, puis sur le chef du gouvernement et de la composition du gouvernement. La stabilité de ces deux institutions ne sera pas garantie.
 
En fait, Mustapha Kamel Nabli entrevoit trois options probables. La première, un gouvernement de partis politiques, avec un parti leader qui domine à la Chambre des Représentants du Peuple. Le risque est de voir ce parti dominer deux institutions vitales. La deuxième, est d’avoir un gouvernement émanant d’un parti et d’un président émanant d’un autre. La cohabitation n’est pas facile à gérer et la confrontation est inévitable. La troisième option, la plus appropriée, consiste à avoir un gouvernement investi par la Chambre, selon les coalitions et un président indépendant.
 
Pour défendre sa thèse, Nabli rappelle que le président de la République qui est le seul des trois présidents, élu au suffrage universel jouit ainsi d’une grande légitimité qui lui sera utile dans l’exercice de ses attributions. Il en usera en facteur de stabilisation, mais, au-delà des attributions constitutionnelles, c’est beaucoup plus de son autorité morale, qu’il aura le plus besoin. Il lui appartiendra en effet de jouer un rôle de premier plan en collaboration avec tous les partis politiques et la société civile, pour favoriser les rapprochements nécessaires des points de vue. Et aussi, si nécessaire, d’arbitrer entre le gouvernement et les élus de la nation pour éviter toute tension ou rupture. Ce rôle régulateur est très important à ses yeux.

La grande priorité pour la Tunisie : le rétablissement de la confiance

Pour Mustapha Kamel Nabli, la plus grande priorité pour la Tunisie, n’est ni économique, ni politique. Elle est psychologique : le rétablissement de la confiance. De chacun dans l’autre, de tous dans le projet commun, dans l’avenir du pays. Ce sentiment de confiance restauré, c’est l’union nationale qui est reconstruite et l’Etat, refondé. Pour cela, des garanties sont nécessaires, en termes de valeurs, d’engagements et... de personnes. 
L’impératif de confiance, l’exigence de stabilisation, la nécessité de pouvoir collaborer avec tous les partis et la société civile et la capacité d’arbitrer constituent des fondamentaux. S’y ajoutent l’incarnation du symbole de l’Etat, de son image international et de la solidarité.
 
Ce sont-là autant de qualités et de compétences que Nabli estime réunir largement et l’inciter utilement à ne pas en priver le pays en cette délicate phase de sa transition. « La dépréciation de la Présidence antérieure, d'ailleurs, à la révolution, avec l’accaparation par la famille, et après, par les nouveaux occupants, ainsi que la surenchère des candidatures fantaisistes, révèle Nabli, m’ont mis face à une grande question. Me détourner de mon devoir et renoncer à y postuler, ou foncer. Mon choix est fait ! » 
 
Le discours est bien ficelé. Nabli dit s’y être pris réellement un peu tard, sinon s'il y avait pensé de longue date en mettant en place les structures nécessaires. Tout s’est accéléré durant l’été mais les équipes sont en place et la machine commence à s’emballer. Ce manque de préparation, en cours de rattrapage rapide, s’est répercuté sur certains « détails », comme pour de mineures contestations lors des vérifications de parrainages.
 
«Nous avons été submergés par les manifestations de soutien et des bénévoles se sont portés volontaires pour recueillir partout les parrainages, indique Nabli. Nous n’avions pas prévu d’aller à 40 000 signatures, on se serait suffi du nécessaire, avec une marge prudentielle, au cas où. Mais, telle une boule de neige, on ne pouvait plus freiner cet élan de soutien. Ce qui est certain, c’est que nous n’avons chargé personne de collecter des parrainages payants et nous n’y avons pas consenti un seul millime. Je suis candidat pour rendre à la Présidence sa crédibilité et son aura. Je n’y entrerai pas par la fraude ».
 
Verdict, le 23 novembre 2014.