Opinions - 29.09.2014

A Quand l'éducation au développement durable en Tunisie ?

La Tunisie, petit pays par sa superficie et ses ressources naturelles, a misé dès le lendemain de l’indépendance sur l’éducation comme vecteur de développement. Dans son préambule, la constitution de l’époque énonce de manière timide le droit à l’éducation (avis de la non juriste que je suis).

« Nous proclamons que le régime républicain constitue :…. le moyen le plus efficace pour assurer la protection de la famille et le droit des citoyens au travail, à la santé et à l'instruction…. » Préambule constitution tunisienne 1959.

Même si l’éducation n’a pas été constitutionnalisée de manière explicite, la politique menée par Habib Bourguiba premier président de la république tunisienne a remédié à ce manquement et instauré la gratuité de l’éducation, une éducation pour tous qui a été un ascenseur social que bien des tunisiens ont pris. Cette politique de généralisation de l’éducation a conduit à un résultat positif le fort taux d’alphabétisation des jeunes de 15-24 ans (plus de 96%, source unicef) ; le revers de la médaille a été l’accroissement des diplômés chômeurs. Ainsi l’éducation durant la première république a été une éducation de masse répondant aux exigences du moment : le développement économique et social du pays.

Aujourd’hui les citoyens tunisiens sont sensibles à l’environnement et aspirent à un confort environnemental qui est de plus en plus menacé par l’industrialisation à outrance et la mauvaise gestion des déchets. Pour preuves, les nombreux sit-in et manifestations de protestation des citoyens contre la pollution de l’air, des eaux ou de la terre menés par les tunisiens touchés par ces nuisances.

Aujourd’hui l’éducation en Tunisie est surtout une éducation à l’environnement qui est inculqué aux jeunes au primaire et secondaire avec une spécialisation pour certains au niveau du supérieur. Même la recherche conduite dans ce domaine est une recherche d’exploration de nouveaux procédés de dépollution qui des fois ne sont qu’un simple transfert de la pollution.

L’éducation à fournir se doit donc d’intégrer le concept de développement durable qui a d’ailleurs été inscrit dans la nouvelle constitution. Ainsi dans l’article 12 du Chapitre - Les Principes Généraux de la nouvelle constitution tunisienne, il est à présent formulé explicitement que « L’Etat œuvre à la réalisation de la justice sociale, du développement durable, de l’équilibre entre les régions, en se référant aux indicateurs de développement et en s’appuyant sur le principe de discrimination positive. Il œuvre également à l’exploitation rationnelle des richesses nationales ».

A l’ère de la seconde république et le nouveau pouvoir législatif qui va être mis en place suite aux prochaines élections du 26 octobre 2014, Il est attendu que les lois seront reprises pour les mettre en conformité avec la constitution mais avec quelle priorité pour l’éducation, là est la question qui attend une réponse par les actes?

Nihel Ben Amar
Maître de Conférences en Génie Chimique
Docteur en Génie des Procédés Tunisiens
Ingénieur Génie Energétique
Présidente de l’association Tunisie Vote,
Membre Fondateur de l’Association Tunisienne de Défense des Valeurs Universitaires