Opinions - 16.09.2014

Lettre ouverte d'une expatriée amoureuse de la Tunisie : "sauvez Djerba"

Ma position d’expatriée Française (donc étrangère) vivant à Djerba depuis deux ans, et connaissant la Tunisie depuis un peu moins de 20 ans (en majorité Hammamet), ne me permet nullement de vous contacter.

Si j’ose cet affront, c’est que je vis, au jour le jour auprès de vos concitoyens Djerbiens, cette catastrophe sanitaire et écologique sans précédent sur l’île et sur la Tunisie qui sera touchée d’ici peu d’années si rien n’est fait.

En conduisant ma fille à l’école publique ce matin, j’ai cru être en Syrie ou autre pays vivant le chaos total, comment avez-vous tous pu laisser cette catastrophe annoncée, criée depuis des mois et des années par votre peuple, se passer ainsi?

Est-ce le fait d’être à Tunis qui vous empêche d’ouvrir les yeux et les oreilles, face aux complaintes et aux pleurs de vos concitoyens?

Est ce la peur de ne pas réussir cet énorme chantier?

Ou est-ce tout simplement, le manque d’intérêt qui vous rend tous immobiles?

Pourtant, parmi vous, certains ont des mères, des pères, des frères, des sœurs, des enfants ou tout autre membre de la famille ou amis qui vivent cette catastrophe, la révolution vous aurait-elle tous rendus égoïstes à ce point?

Vous, qui avez forcé l'admiration du monde entier, en réussissant ce merveilleux vote de votre constitution, en ayant cette fierté dont aucun autre peuple dans le monde ne peut se prévaloir: avoir laissé la paroles à tous, même aux extrêmes, comment ne réussiriez-pas ce changement radical et obligatoire, d’utilité sanitaire et publique?

Comment acceptez-vous de donner à penser à ces fameux touristes ou expatriés, dont je fais partie, que votre peuple est un peuple sale?

Il n’en est rien, je sais pour avoir vécu 40 ans en France et dans d’autres pays, que si le gouvernement ne prend pas des mesures radicales, fermes, et ne donne pas les moyens à son peuple rien ne changera, tout ira de mal en pis, et la catastrophe annoncée arrivera, elle est aux portes de l’ile et de la Tunisie.

Soyez tous fiers d’être Tunisiens, levez la tête bien haut, battez-vous tous, quel que soit votre parti ou votre religion car ce combat, c’est un combat pour la vie de tous, ce combat, il touche tout le monde, petit, grand, riche, pauvre tous les Tunisiens sont concernés et après viennent les expatriés et les touristes (et non le sens contraire)
Lancez des appels d’offres à travers le monde pour recevoir de l’aide financière (qui sera gérée par un colloque d’experts internationaux par exemple), saisissez cette opportunité d’avoir une ile de Djerba en ruine pour en faire une province pilote qui servira de test pour la mise en route sur toute la Tunisie, servez-vous de cette chance d’avoir des expatriés qui savent trier leurs ordures pour qu’à leur tour, ils aident votre population dans ce long changement nécessaire, obligatoire.

Mais sans conteneurs par foyer, sans ramassage, sans poubelles publiques, sans même un centre tri digne de supporter toutes les ordures, que voulez-vous que votre peuple fasse à part une autre révolution ?

En prenant tous vos responsabilités, vous allez non seulement agir pour votre peuple, pour vote image à l’international, et pour le tourisme … et si on doit flatter vos égo sachez que vous entrerez dans l’histoire car vous serez tous les premiers à avoir osé, mettre en œuvre et réaliser ce fabuleux chantier de la propreté publique que votre peuple vous réclame à corps et à cri (et moi aussi)

Je vous implore tous, de bien vouloir prendre vos responsabilités afin de résoudre ce problème sanitaire de façon durable et permanente.

Et par la-même vous  créerez des emplois à court et long terme, redonnerez espoir à voter peuple si courageux et fairez taire les autres pays qui pensent que la Tunisie n’est pas forte.

Je vous présente mes excuses à tous si, par ces quelques mots d’une étrangère, je vous ai offusqué ou blessé, mais sachez que l’heure est grave, très grave pour votre peuple, moi je ne compte pas, si je ne suis pas bien je peux repartir avec ma famille mais voilà, j’aime trop la Tunisie et le peuple Tunisien pour me taire.

J’invite tous les expatriés résidant en Tunisie, tous les amoureux de la Tunisie, les Tunisiennes et les Tunisiens à se joindre à mon appel pour que le gouvernement l’entende et agisse.

Pour ce faire, adressez vos demandes au président par courrier qu’il soit submergé de lettres, envahissez les réseaux sociaux de vos plaintes, criez dans les médias voter soif de changement sanitaire, et ayez confiance, ne perdez pas espoir, la fatalité n’a rien à voir avec ce problème!

Pitié, ne laissez pas la Tunisie mourir, vive la Tunisie et vive les Tunisiens

Caroline Marie Cheikh