News - 01.08.2014

Gaza : le cri du coeur de Gisèle Halimi et Dominique de Villepin

La position pro-israélienne de la France officielle ne  fait pas l’unanimité chez les Français. Ainsi  l’avocate franco-tunisienne Gisèle Halimi affirme haut et fort dans le quotidien l’Humanité qu’elle «ne veut pas se taire», «malgré le désert estival je veux crier fort pour ces voix qui se sont tues et celles que l’on ne veut pas entendre». Car, ajoute-t-elle,  Un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer. Une armée le tient en otage. Pourquoi? Quelle cause défend ce peuple et que lui oppose-t-on? J’affirme que cette cause est juste et sera reconnue comme telle dans l’histoire».

"Aujourd’hui règne un silence complice, en France, pays des droits de l’homme et dans tout un Occident américanisé. Je ne veux pas me taire. Je ne veux pas me résigner. L’histoire jugera mais n’effacera pas le saccage. Saccage des vies, saccage d’un peuple, saccage des innocents. Le monde n’a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie? "

Dominique de Villepin, ancien ministre des affaires étrangères, et ex-premier ministre de Jacques Chirac dont on se rappelle le speech au Conseil de sécurité de l’ONU la veille de l’invasion américaine de l’Irak décide lui aussi de  «lever la voix», face  au silence de la France.  «Lever la voix face au massacre qui est perpétré à Gaza est un devoir pour la France» écrit-il dans une tribune publiée dans  Le Figaro. Il déplore que « par mauvaise conscience, par intérêt mal compris,  par soumission à la voix du plus fort, la voix de la France s’est tue.»

«Comment comprendre  que la France appelle à la «retenue» quand on tue des enfants  (à Gaza) comment comprendre que la France s’abstienne (au Conseil des droits de l’Homme) lorsqu’il s’agit d’une enquête internationale  sur les crimes de guerre, comment comprendre que la première réaction de la France par la voix de son président soit celle du soutien sans réserve à la politique de sécurité d’Israël? «Quelle impasse pour la France que cet esprit d’alignement  et de soutien au recours de la force».

Selon lui, il n’y a  pas en droit international de droit à la sécurité et encore moins un droit au massacre ; Il y a un droit à la paix qui est le même pour tous» et d’ajouter: «la sécurité telle que la recherche Israël se fait contre la paix  et contre le peuple palestinien». Il s’agit juge-t-il que d’un « engrenage de la force qui conduit à la guerre perpétuelle à plus ou moins basse intensité». C’est pour lui « une stratégie terrifiante» à laquelle «se condamne l’Etat israélien» et qui «condamne les Palestiniens au sous-développement et la souffrance. «Terrifiante parce qu’elle condamne Israël à devenir un Etat ségrégationniste militariste et autoritaire». Il compare cette situation à «la spirale de l’Afrique du Sud  de l’apartheid» ou «à la spirale de l’Algérie française entre putsch des généraux et OAS face au camp de la paix incarné par de Gaulle».

Pour l’ex-chef de la diplomatie française, il ya une terreur en Palestine, une terreur organisée et méthodique appliquée par les forces armées israéliennes comme en ont témoigné de nombreux officiers et soldats israéliens écœurés  par le rôle qu’on leur a fait jouer»

«Je ne peux accepter qu’on condamne un peuple entier à la peur des bombardements, à la puanteur des aspersions d’ «eau sale» et à la misère du blocus, car je ne peux accepter qu’on nie qu’il y a quelque chose qui dépasse nos différences et qui est notre humanité commune» lance-t-il dans un cri du cœur.

Devant la marginalisation du camp de la paix des deux côtés, il estime qu’il faut tout reprendre depuis le début. « Il n’y a plus non plus de partenaire de la paix sur la scène internationale  à force de lassitude et de  résignation, à force de plans enterrés».

«Face à l’absence de plan de paix seules les mesures imposées et capables de changer la donne sont susceptibles de réveiller les partenaires de leur torpeur et c’est au premier chef de la responsabilité de la France. A cet égard il juge que le premier outil pour réveiller la société israélienne ce sont les sanctions particulièrement à l’heure où il est question d’une opération terrestre de grande envergure».  Il se dit favorable au vote par le Conseil de sécurité d’une résolution condamnant l’action d’Israël, son non-respect des résolutions antérieurs et son non-respect du droit humanitaire et du droit de la guerre». «Le deuxième outil, ajoute -t-il,   c’est la justice internationale en donnant droit aux demandes palestiniennes d’adhérer à la Cour pénale internationale» qui est pour lui « une manière de mettre les Territoires palestiniens sous protection internationale». Le troisième outil,  c’est l’interposition. «A défaut de pouvoir négocier une solution, il faut l’imposer  par la mise sous mandat de l’ONU de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem Est avec une administration et une force de paix internationales»
 
Dominique de Villepin écrit enfin: «Nous n’avons pas le droit de nous résigner à la guerre perpétuelle parce qu’elle continuera à contaminer toute la région, par  ce que son poison ne cessera de briser l’espoir même d’un ordre mondial, une seule injustice tolérée suffit à remettre en cause l’idée même de la justice.»
Sera-t-il entendu ou ce sera un prêche dans le désert.

R.B.R

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