News - 20.07.2014

Béji Caïd Essebsi parle aux Tunisiens : Encore et toujours le culte de l'Etat

Sa dernière apparition sur Nessma a fourni à Béji Caïd Essebsi l'occasion  de revenir sur une idée qui lui est chère, le sens et la culture d’Etat. « C’est l’effondrement de l’Etat, l’affaiblissement de ses institutions qui est la cause principale de la crise que vit le pays et qui a permis au terrorisme de s’y installer et de prospérer ». « On ne respecte plus rien, ni le policier, ni le chef du gouvernement ni le président »a-t-il noté en ajoutant : si l’Etat était capable d’imposer l’ordre et de forcer le respect on n’en serait pas là ». Il n’est pas allé avec le dos de la cuiller pour qualifier la situation catastrophique du pays écartelé  entre trois présidences sans « harmonie » entre elles et dénoncer le manque de volonté de combattre efficacement le terrorisme. « Quand j’étais aux affaires, j’avais appris que 7 véhicules  de terroristes avaient franchi la frontière, j’avais donné l’ordre aussitôt à l’aviation de les raser, ce qui fut fait », a-t-il dit comme pour stigmatiser le laxisme et les hésitations des autorités. Même s’il déclare comprendre  que M.Mehdi Jomaa et son gouvernement n’aient pas les coudées franches, il pointe du doigt le président provisoire  qui « s’il avait changé des responsables de l’armée, il aurait certainement mal agi », selon lui.

Mais le président de Nidaa Tounés ne cache pas que le terrorisme n’est pas un problème local mais bien un fléau régional et international. « Sans une coopération étroite avec l’Algérie, nous n’irons pas loin dans la lutte antiterroriste », dit-il en appelant à des accords avec le partenaire algérien pour un droit de suite des groupes terroristes des deux côtés des frontières. Pour preuve du caractère transnational du terrorisme la visite du président égyptien aussitôt élu en Algérie. « Cela ne s’est jamais vu » a-t-il relevé le ton grave.

Concernant les élections, Béji Caïd Essesbi a appelé à ce qu’elles se déroulent aux dates prévues. alors que Les terroristes veulent empêcher que la transition démocratique aille à son terme en sabotant les élections. La meilleure réplique sera qu’elles aient lieu aux échéances fixées. Encore l’attachement au sens de l’Etat. Il réclame uniquement la prorogation des délais d’inscription des électeurs. « A trois jours de la clôture on en est à moins de 400.000 nouveaux inscrits, c’est peu puisque  nous devrions être au moins à 3 millions », a-t-il dit. Seule la date du 2ème tour de l’élection présidentielle ne lui parait pas convenable, le 28 décembre on sera en plein dans les vacances de fin d'année dans le monde entier et comme on prévoyait que la proclamation définitive des résultats aura lieu le 15 janvier 2015, on pourra bien reporter tout ça d’un mois, puisqu’on aura dépassé de toute façon la date fatidique de la fin de l’année  » a-t-il expliqué, sans pour autant imposer son point de vue. Sur les élections, pas d’ « union nationale et autres balivernes, ce sera du chacun pour soi » a-t-il affirmé à juste titre, car l’élection c’est d’abord une compétition où le peuple est seul juge et non des accords entre états majors de partis.

Il n’a pas exclu que terrorisme pourrait frapper encore mais qu’il faisait confiance au peuple tunisien fort de sa civilisation trois fois millénaire pour qu’il ne le laisse pas passer.

R.B.R.
 

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