News - 08.06.2014

Etudiants tunisiens en France Pourquoi si peu de bourses?

Sur 9 000 étudiants tunisiens en France, ils ne sont plus que 476 à bénéficier d’une bourse d’études spécifiques (longue durée). Lot de consolation, 2 470 bourses «de mobilité et d’alternance» de 3 à six mois ont été accordées pour l’année universitaire qui s’achève.

Radioscopie de cette communauté estudiantine: comment se répartissent-ils, quels problèmes rencontrent-ils et quels conseils aux futurs étudiants? Mais aussi qu’est devenue l’historique Maison de Tunisie, boulevard Jourdan à Paris. Interview d’Imed Frikha, directeur de la Mission universitaire et éducative tunisienne à Paris et de la Fondation de la Maison de Tunisie.

Quel est le nombre des étudiants tunisiens en France(évolution statistique, répartition géographique, filières, etc.)?

Le nombre des étudiants tunisiens en France est en évolution constante et dépasse les 9 000 au cours de l’année universitaire 2013-2014. Ils s’inscrivent aux universités et grandes écoles françaises par différente voies. La grande majorité est composée d’étudiants qui financent leurs études et séjours en France à leurs propres  frais, et ce à travers la procédure mise en place par Campus France. Une partie des étudiants lauréats, sélectionnés pour leur excellence, sont boursiers du gouvernement tunisien.

A ceux-là s’ajoutent quelques dizaines de chercheurs bénéficiant de contrats de recherche auprès de laboratoires français dans le cadre d’accords de coopération établis avec les universités tunisiennes.  Ils sont répartis sur toutes les structures d’enseignement supérieur et de recherche avec une concentration notable dans la région parisienne, à Toulouse, Marseille et Lyon, et sont inscrits dans différentes filières d’enseignement avec, toutefois, une prédominance des sciences de l’ingénieur, des sciences économiques et commerciales et des sciences informatiques et de communication.

Combien de bourses sont offertes (nationale, de coopération, courte et longue durée principales filières, etc.)?

La mission universitaire et éducative tunisienne à Paris gère la coopération avec les établissements européens d’enseignement supérieur et de recherche et assure le suivi de la situation des étudiants boursiers du gouvernement tunisien sur le territoire européen. En plus de la France, partenaire privilégié et historique, la coopération a été renforcée ces dernières années avec certains pays européens, dont notamment l’Italie, l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark, l’Autriche, la Grèce et la Suisse.

Le suivi des étudiants boursiers en Allemagne est assuré directement par le ministère en accord avec l’Office allemand d’échanges universitaires (DAAD).

L’offre des bourses couvre à la fois les bourses dites «spécifiques» pour la durée entière d’un cursus d’études et les bourses de courte durée dont, essentiellement, les bourses d’alternance au profit des chercheurs au niveau doctoral. Pour la rentrée universitaire 2014-2015, le ministère dédie 20 nouvelles bourses en classes préparatoires dans les grandes écoles françaises, 20 nouvelles bourses pour les études d’ingénieur aux universités allemandes, des bourses à tous les étudiants  de l’Institut préparatoire aux études scientifiques et techniques qui réussissent aux concours d’admission à l’une des écoles d’ingénieurs dont la liste est fixée par la circulaire du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique n° 20 du 19 avril 2011 et 25 nouvelles bourses pour les recherches doctorales (master et doctorat) en France, Italie, Espagne et Allemagne.

La procédure de candidature des nouveaux bacheliers aux bourses en classes préparatoires dans les grandes écoles françaises et aux bourses pour les études d’ingénieur aux universités allemandes a été simplifiée. Les nouveaux bacheliers pourront désormais postuler à ces bourses directement sur le site www.orientation.tn du 1er au 3 juillet 2014.

Depuis 2011 et tenant compte de la redéfinition de la stratégie du ministère, le nombre des bourses de longue durée a été réduit au profit de l’augmentation des bourses de mobilité et de courte durée comme le précise le tableau suivant :

  Bourses spécifiques Bourses de mobilité et d’alternance
2010 - 2011 822 973
2011- 2012 540 1 268
2012- 2013 547 1 290
2013 - 2014 476 2 470

Compte tenu de l’offre de bourses, les principales filières d’études suivies par les étudiants boursiers du gouvernement tunisien restent déterminées par la stratégie nationale dans ce domaine. Les sciences de l’ingénieur, les sciences économiques et commerciales et les sciences informatiques et de communication sont les principales filières d’études.  Par ailleurs, il importe de signaler l’importance grandissante des bourses de mobilité dans le cadre des programmes bilatéraux de coopération en matière de recherche scientifique avec la France à l’instar des projets PHC Utique ou les projets de coopération entre les laboratoires tunisiens de recherche et les laboratoires du Centre national français de recherche scientifique.

A ceci s’ajoutent les bourses de mobilité des programmes européens de coopération et de soutien à la modernisation des systèmes d’enseignement supérieur Tempus et Erasmus.

Quels sont les principaux problèmes rencontrés par les étudiants et quelles solutions / assistance vous leur apportez?

Dès leur arrivée sur le territoire européen, les étudiants tunisiens sont confrontés, d’une manière générale, à des difficultés d’ordre psychologique et  procédural. Le changement de cadre de vie et le rythme accéléré des études affectent particulièrement les étudiants les plus jeunes. La Mission universitaire et éducative tunisienne à Paris assure une coordination permanente avec les établissements universitaires d’accueil en vue d’assurer un encadrement approprié selon la gravité du cas observé. Le personnel de la Mission est à l’écoute des soucis des étudiants et intervient selon un manuel de procédures mis en place.

Pour ce qui concerne les difficultés d’ordre procédural, il importe de signaler que les procédures d’obtention de la carte de séjour au statut d’étudiant ou de chercheur ont été largement simplifiées au cours des dernières années. Les étudiants ne sont pas forcément vigilants pour ce qui concerne les démarches à entreprendre et les délais à respecter. La Mission leur fournit les informations et les attestations nécessaires.

Quels conseils donneriez-vous aux nouveaux étudiants?

Les études dans un établissement universitaire européen sont une opportunité considérable. C’est aussi une charge lourde pour le budget de l’Etat et la famille. C’est pour cette raison que l’étudiant tunisien est tenu de bien faire son choix tenant compte de ses ambitions et de son niveau académique. Il est tenu de bien s’informer et préparer son cursus afin d’éviter les surprises du parcours. Les opportunités d’emploi après la diplômation sont aussi déterminantes que le classement européen et international de l’établissement universitaire d’accueil. Une fois diplômé, il doit avoir à l’esprit qu’il est tenu de contribuer à l’effort de développement de son pays.

La Maison de Tunisie a été rénovée; sa gouvernance et son animation ont été également revues…

La Maison de Tunisie a ouvert ses portes le 21 avril 1953. Elle est née grâce à la concordance de la volonté de la Tunisie d’encourager ses ressortissants à poursuivre des études ou des recherches à Paris et celle des autorités françaises de faciliter l’accueil des étudiants tunisiens dans cette ville. Elle a acquis le statut de Fondation reconnue d’utilité publique le 19 mai 2010 au moment où d’importants travaux de rénovation et de réhabilitation étaient sur le point de s’achever. L’année 2011 marque la réouverture de la Maison de Tunisie et a coïncidé avec la révolution. Elle a été l’occasion de donner une impulsion nouvelle à cette institution qui se veut à l’image de l’excellence tunisienne en termes de savoir et de culture et le commencement d’une métamorphose nécessaire de son fonctionnement et de son rôle en vue d’une meilleure contribution à l’œuvre de rapprochement intellectuel et moral poursuivie par les fondateurs de la Cité internationale universitaire de Paris.

Soixante ans durant, la Maison de Tunisie fut le lieu de rencontres et d’échanges qui nourrissent les souvenirs les plus saillants d’une grande partie de l’élite tunisienne. La Fondation de la Maison de Tunisie se doit, aujourd’hui, d’instaurer une procédure transparente et objective d’admission de ses nouveaux résidents; de contribuer à la promotion de la science, de la culture et de l’art en vue d’un meilleur rayonnement dans Paris; de faire de cet espace un lieu de vie par l’amélioration continue des services et la multiplication des activités; d’intensifier la coopération avec les autres composantes de la Cité internationale universitaire de Paris et de se doter des meilleurs moyens de gouvernance administrative et financière. Tels sont les défis du quinzième directeur de la Maison de Tunisie.

En deux ans, je ne peux cacher mon bonheur du changement qualitatif de la perception de la Maison de Tunisie dans son milieu parisien et en Tunisie. Suite au renouvellement des membres du Conseil d’administration de la fondation, de nouvelles démarches stratégiques ont été récemment adoptées à l’instar du plan d’action éco-campus, l’accompagnement des résidents et la lutte contre le tabagisme, l’implication des anciens résidents. Ces nouvelles démarches permettront d’offrir une meilleure qualité de bien-être et un meilleur rayonnement de la Fondation de la Maison de Tunisie.

 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Mokhtar zannad - 08-06-2014 21:42

J'ai lu cette interview avec plaisir et adresse à M.Imed Frikha,aux résidents de la Maison et à tous nos étudiants mes salutations et mes meilleurs vœux de réussite. Mokhtar Zannad ,un ancien résident .

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