News - 16.03.2014

Haluk Bilgi, TAV Tunisie SA: Ravi des développements heureux en Tunisie

TAV est le plus grand investisseur étranger  dans le domaine de la concession aéroportuaire en Tunisie. C’est un domaine nouveau. Ayant fait confiance à notre pays dans une conjoncture délicate avec à la fois la crise financière mondiale et le creux de la vague en matière de tourisme, son PDG, M. Haluk Bilgi, se réjouit des «développements heureux en Tunisie» avec l’adoption de la nouvelle Constitution, la mise en place de l’ISIE et d’un gouvernement de compétences,  soulignant qu’il a toujours cru en le génie tunisien.

Comme c’est aussi son intérêt, il affirme la volonté de sa compagnie de contribuer à la promotion de la destination Tunisie. Sans minimiser les revendications de son personnel, il exprime sa compréhension et sa volonté de leur trouver des solutions car, pour lui, «les ressources humaines sont la plus grande richesse» de son entreprise.

La Tunisie vient d’adopter sa nouvelle constitution, de mettre en place une nouvelle instance en charge des élections et de se doter d’un gouvernement de compétences indépendantes. Comment y réagissez-vous en tant que grand investisseur étranger?

Nous ne pouvons qu’être enthousiasmés et ravis de ces heureux développements au même titre que l’ensemble du peuple tunisien. Nous étions pleinement confiants que le dénouement de la situation politique en Tunisie ne pouvait être qu’à la hauteur de ce grand peuple. Bien avant déjà, rappelez-vous, nous sommes venus entreprendre un grand investissement en Tunisie durant une période difficile où l’économie mondiale passait par une grave crise financière et tous les investisseurs retardaient leurs projets. Les perspectives socioéconomiques de la Tunisie étaient bien claires pour nous, et plus encore la capacité du peuple tunisien à surmonter toute situation difficile.  Celui-ci a une fois de plus donné un brillant exemple de maturité politique et de cohésion sociale,  gardant constamment les intérêts du pays au-dessus de toute autre considération.
 
Les yeux du monde entier étaient tournés vers l’issue de la révolution tunisienne, et tous sont venus applaudir la conclusion admirable d’une situation plutôt complexe. La feuille de route élaborée pour assurer une sortie honorable de cette situation a été pleinement mise en œuvre dans ses trois volets: législatif, électoral et gouvernemental, et la Tunisie est entrée dans une nouvelle ère pleine d’espoirs et d’optimisme pour des jours meilleurs. Nous, à laTAV,  nous n’avons jamais perdu cet optimisme pour les perspectives de la Tunisie et en tant qu’investisseur et partenaire majeur, nous considérons que toutes les conditions sont maintenant réunies pour assurer une véritable relance économique et sociale et que tous les efforts doivent être conjugués pour contribuer à cette reprise et compenser les quelconques retards ou pertes subis au cours de la période précédente.

La nouvelle ministre du Tourisme suscite l’enthousiasme des professionnels qui sont déterminés à relancer le secteur. Quel rôle peut jouer la TAV dans l’appui à cette relance?

Nous sommes  dès le début très engagés dans la promotion du tourisme tunisien. Notre intérêt et  notre engagement à cet égard seront toujours de mise. La promotion des aéroports en soi n’a pour nous aucun sens si elle n’est pas étroitement liée à la promotion des destinations qu’ils desservent.

Nous participons aux plus importantes foires et expositions internationales du tourisme, individuellement ou en collaboratio avec les institutions nationales concernées, afin de promouvoir la destination tunisienne et aider à regagner les marchés traditionnels et attirer de nouveaux marchés. Nous poursuivons des stratégies de marketing agressives à l’échelle internationale et nos efforts ont apporté d’encourageants résultats jusqu’à présent. L’amélioration des conditions locales nous sera sans doute d’un grand apport pour réaliser des résultats plus tangibles, et une action concertée entre tous les opérateurs et intervenants du secteur rendra vite au tourisme tunisien sa gloire. La contribution à la promotion des produits touristiques tunisiens et le plus grand soin que nous attachons à assurer d’excellents services  aux passagers et aux compagnies aériennes dans les aéroports de Monastir et Enfidha sont deux constantes dans notre plan de travail.

Quelle évaluation faites-vous de l’expérience de la TAV en Tunisie et comment pensez-vous pouvoir la fructifier davantage?

Comme je le disais au début, la TAV a fait un énorme investissement en Tunisie, alors que l’environnement économique et financier mondial passait par une crise sévère. Cependant, cela ne nous a pas empêchés de poursuivre notre chemin et d’honorer nos obligations et respecter nos engagements.
 
Après la création de TAV Tunisie en mai 2007, nous avons commencé l’exploitation de l’aéroport Monastir Habib-Bourguiba en janvier 2008 et entamé en parallèle la construction de l’aéroport d’Enfidha. Les défis étaient énormes. L’environnement économique international n’était pas propice à la croissance des activités touristiques ou même leur maintien à leur niveau malgré les énormes efforts déployés à cette fin. Les conditions locales post-révolution sont venues par la suite approfondir les difficultés par les mouvements sociaux et les revendications diverses que nous avions tous connus. Néanmoins, contrairement à de nombreux investisseurs en Tunisie, nous avons réussi avec succès à absorber tous les facteurs entravant nos efforts et qui auraient mis nos activités en péril.

Nous avons investi dans nos ressources humaines, que nous considérons comme notre principale richesse, et réussi à faire des percées remarquables dans les deux aéroports que nous gérons en Tunisie. Deux ans seulement après que l’exploitation de l’aéroport de Monastir nous a été confiée, celui-ci a été élu meilleur aéroport émergent en Afrique. La qualité remarquable des services que nous offrons aux passagers nous a valu des prix de satisfaction clientèle de la part de grandes compagnies aériennes. Enfin, et non des moindres, l’efficacité énergétique de nos opérations et les technologies de pointe que nous appliquons nous ont placés premiers en Afrique en accréditation carbone.
 
Ces succès, et bien d’autres, ont été réalisés alors qu’on souffrait d’une grave contraction de nos revenus en raison de la diminution des passagers, d’une part, et la hausse des coûts d’exploitation en raison de l’inflation de la facture salariale, d’autre part. Nous n’avons en effet jamais failli, à aucun moment, dans le paiement des salaires et l’octroi d’avantages sociaux au personnel et nous avons constamment contribué à l’effort national de l’emploi à tous les niveaux.
 
Je ne divulgue pas un secret en disant que nous sommes actuellement bien en deçà de nos attentes initiales. Le gouffre financier dont nous souffrons est constamment couvert par l’injection de fonds par son principal actionnaire, en l’occurrence TAV Airports Holding. Cependant, nous estimons que cela n’est pas peine perdue car nous sommes convaincus que des jours meilleurs sont à venir, que l’amélioration des conditions locales aidera à la relance de l’activité touristique et que tous les aéroports tunisiens seront bientôt aussi fréquentés qu’ils ne l’étaient. De notre part, nous continuerons à être un partenaire actif dans la promotion de la destination tunisienne et un acteur majeur dans le développement des services du transport aérien pour assurer la plus grande satisfaction des passagers et des visiteurs de la Tunisie.

Il y a eu récemment des mouvements de protestation à l’aéroport de Monastir par les employés de Tunisair Handling qui estiment que la TAV les privera de leurs emplois d’ici la fin de l’année. Qu’en est-il exactement?

Le contrat de concession signé en 2007 entre la TAV et l’OACA stipule, entre autres, de maintenir les opérateurs et fournisseurs de services existant alors à l’aéroport de Monastir jusqu’à échéance de leurs contrats. Parmi ceux-ci Tunisair Handling dont le contrat d’exclusivité pour opérer à l’aéroport prendra fin en décembre 2014.

Cela dit, nous avons toujours fait preuve d’une grande compréhension des revendications sociales et professionnelles de notre personnel dans les aéroports de Monastir et d’Enfidha et n’avons, à chaque fois, épargné aucun effort pour aboutir à des solutions acceptables par tous, conformément aux accords et législations en vigueur et d’une manière qui préserve les intérêts de chaque partie. Aussi, nous menons actuellement de sérieuses discussions avec les parties concernées pour explorer les scénarios possibles de ce qui en sera après cette échéance, et nous sommes, comme nous l’avons toujours été, fortement attachés au respect des accords et à la sauvegarde des droits des employés et à éviter tout préjudice à une quelconque partie.

L’accord de partage 50/50 du trafic entre les aéroports de Monastir et d’Enfidha et de dévier les vols de Monastir vers Enfidha est-il respecté? Comment répondez-vous à ces accusations?

En venant investir en Tunisie, notre objectif était, et l’est encore, d’attirer plus de 10 millions de passagers vers les aéroports de Monastir et d’Enfidha, faute de quoi notre investissement serait infructueux. Il est donc bien évident qu’il est dans notre intérêt que les deux aéroports fonctionnent à leurs pleines capacités. Cependant, les conditions locales et internationales qui ont prévalu au cours des dernières années n’étaient malheureusement pas favorables pour nous aider à atteindre, ou même approcher, notre objectif. Tous les aéroports tunisiens ont enregistré une diminution notable du nombre de passagers et l’aéroport de Monastir n’a pas fait exception à cet égard.

Pour pallier cette malencontreuse situation, nous avons abouti en effet à un accord qui assurerait un équilibre de trafic entre les aéroports d’Enfidha et de Monastir et nous sommes pleinement respectueux de cet accord pour autant que nous avons la capacité de le concrétiser. En fait, le choix des aéroports de destination est du ressort des passagers eux-mêmes, des tour-opérateurs, des compagnies aériennes et des autorités nationales de l’aviation civile. Aucun opérateur d’aéroport n’a la capacité d’exercer un quelconque contrôle sur ce choix. De notre côté, nous sommes extrêmement soucieux de fournir la même qualité de services à tous les utilisateurs dans les deux aéroports et sommes, comme je l’ai mentionné, très attachés à ce que les deux aéroports fonctionnent à leurs pleines capacités.

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