Opinions - 20.02.2014

Lutte contre le terrorisme et la contrebande, quelle stratégie?

La vie en Tunisie est malheureusement de plus en plus rythmée par des actions terroristes, les unes aussi sanglantes que les autres; et la cadence s’accélère. Par ailleurs, et depuis le début de la révolution, le commerce parallèle a envahi la place par des produits de contrebande de tout type portant de graves préjudices à l’économie nationale. La concomitance des deux fléaux, Contrebande et Terrorisme, et leur ampleur nous poussent à se demander sur les liens éventuels et les interconnections entre eux car ceci pourrait conditionner la stratégie à suivre pour leur faire face. En réalité, Contrebande et Terrorisme sont très interconnectés et, excepté leur objectif final respectif, ils n’ont que des points communs, dont voici les plus significatifs:

  • les deux phénomènes profitent du climat d’insécurité et de la faible efficacité des corps sécuritaires étatiques des deux cotés des frontières. Depuis la révolution libyenne, février 2011, la Contrebande ne se limite plus aux seuls articles habituels tels que produits alimentaires, textile, cigarettes, boissons alcoolisées et drogues; les contrebandiers s’intéressent aussi aux armes, munitions, explosifs ainsi qu’aux  déplacements illicites des êtres humains, sources de grands profits. En effet, à travers les frontières pas du tout ou très peu contrôlées se sont infiltrés, selon le cas dans l’un ou l’autre sens, sans distinction des réfugiés fuyants la guerre, de simples migrants à la recherche du travail, des contrebandiers, des criminels fuyants la justice et surtout des  terroristes. Ce mouvement massif de personnes s’est aussi accompagné de l’entrée sur le territoire tunisien d’énormes quantités de produits divers dont des armes  avec munitions et ce en quantité impressionnante. Trois ans après, ce flux se poursuit toujours, certes, avec une nette régression au fur et à mesure que les services sécuritaires tunisiens reprennent le contrôle des frontières. Malheureusement, l’action de l’Etat libyen ne se fait pas du tout sentir de son coté, ce qui ne facilite pas la tache à la partie tunisienne. Le long des frontières ouest aussi, le phénomène suit le même cours quoique à une moindre intensité vue la différence de situation chez nos voisins de l’ouest;
     
  •  les acteurs, contrebandiers et terroristes, opèrent selon les mêmes modes opératoires, parfois coopèrent ensemble dan une même opération, à travers les mêmes zones frontalières, le long des mêmes axes et circuits; mettent en œuvre les mêmes techniques de dissimulation de leurs produits; d’ailleurs une opération de contre bande de produits de consommation n’a rien de différent d’une opération de contrebande d’armes, celles ci sont souvent dissimulées dans des cargaisons de produits ordinaires. La connexion entre contrebande de produits de consommation, celle d’armes et munitions et les mouvements transfrontaliers illicites de terroristes s’est à plusieurs reprises vérifiée lors des nombreuses saisies effectuées par les services douaniers et de sécurité intérieure. D’ailleurs, un contrebandier de produits de commerce peut très bien devenir un associé aux terroristes et même un terroriste des plus déterminés; l’exemple le plus édifiant serait le fameux algérien Mokhtar Belmokhtar, à l’origine un grand contrebandier de cigarettes, ce qui lui a valu le surnom de Mr Marlboro, s’est rallié à l’AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique) en le ravitaillant en armes et le finançant, pour finir depuis quelques années, chef du groupe très sanguinaire «Les signataires par le sang» et un redoutable terroriste au nord du Mali;
     
  • les deux phénomènes, Terrorisme et Contrebande, sont combattus par les mêmes services étatiques, Forces de Sécurité Intérieure, Armée et Douane, qui à leur tour mettent en œuvre, dans les deux cas, aussi les mêmes moyens et techniques;
     
  • Aussi, le terrorisme est le plus souvent financé par les profits de  la contrebande dans le cadre du recyclage  et blanchiment d’argent sale provenant de la jonction des circuits de contrebande, de trafic de drogue et d’armement.

Ces interconnections font, sur le plan pratique, que la lutte contre la contrebande contribue, en même temps à faire face, d’une part aux menaces sécuritaires dont notamment le terrorisme et d’autre part permet de  juguler le commerce parallèle, et par là sauver l’économie nationale et aider son redressement.

Quelle stratégie donc?

Sur le plan opérationnel, Contrebande et Terrorisme constituent aujourd’hui, une même double menace qu’on peut affronter en adoptant une même stratégie, la seule différence réside dans le sort à réserver à chacun, le terroriste et le contrebandier. Cette stratégie doit être proactive et résolument déterminée, les Forces de Sécurité doivent aller chercher l’ennemi, terroristes et contrebandiers, là où il se trouve, le plus en avant et le plus tôt possible, bien en amont; au niveau des frontières et au plus tard dans leurs bases de regroupement avant qu’ils ne se déploient dans les zones urbaines près de leurs objectifs préférés. Malheureusement, à cette date les réseaux terroristes comme ceux de contrebande ont eu tout le temps pour s’installer confortablement à l’intérieur des villes sur l’ensemble du territoire. Seul le contrôle  efficace des frontières permettra de les isoler et les couper de leurs bases logistiques extérieures, des foyers de recrutement et de renfort par les éléments étrangers, Ô combien dangereux; ce qui réduira  leur capacité opérationnelle. Les principales composantes de cette stratégie sécuritaire: l’objectif, l’approche et les moyens, sont ci-après exposées.

1. L’Objectif

Il comporte deux volets:

  • Sur le plan sécuritaire, isoler les éléments terroristes déployés dans le pays en leur coupant les lignes de ravitaillement et de soutien extérieur par un contrôle efficace des frontières, ce qui épargnera le pays aussi de l’arrivée de l’extérieur de nouveaux renforts; en même temps, éradiquer toute activité terroriste dans le pays c.a.d la destruction ou au moins le démantèlement de tous les réseaux terroristes.
  • Au niveau économique, réduire les activités de contrebande au niveau minimal admissible que les économistes considèrent sans préjudice à l’économie nationale. 

2. L’approche

Elle ne peut être que globale et multidisciplinaire:

En effet, la réponse au terrorisme et à la contrebande passe non seulement  par des mesures d’ordre sécuritaire; mais, surtout pour la prévention à long terme elle passe aussi par des mesures d’ordre politique, socio-économique, médiatique  et autres domaines, dans le but d’éliminer tous les facteurs socio-économiques, idéologiques ou autres, qui seraient favorables au développement du terrorisme et de la violence en général.

Ainsi, les acteurs influents, eux aussi sont d’horizons divers mais jouent des rôles complémentaires: en première ligne les forces sécuritaires (Forces de Sécurité Intérieure, Armée et Douane) ; ensuite mais pas moins importants, le reste des institutions de l’Etat et surtout  le Citoyen et les composantes de la société civile, les médias, …etc

Seulement, la situation sécuritaire actuelle dans le pays est très préoccupante et nécessite donc d’affronter en urgence les groupes terroristes se déplaçant encore avec aisance dans le pays ainsi que les contrebandiers toujours en pleine activité. Pour cette raison, je me limiterai dans ce qui suit au volet sécuritaire, la lutte antiterroriste et anti contrebande proprement dite.

Aujourd’hui,  la lutte simultanée contre le terrorisme et le commerce parallèle, passe concrètement par la lutte contre les réseaux de contrebande qui, sur le plan opérationnel, commence par la maîtrise du contrôle des frontières nationales aériennes, maritimes mais surtout terrestres. Cela est essentiellement justifié par la situation sécuritaire prévalant dans les pays voisins et en particulier en Libye ; d’où la nécessité  de  mettre en œuvre en urgence un  plan national pour sauver le pays sur les deux plans sécuritaire et économique, l’objectif immédiat de ce plan est la maitrise du contrôle  des frontières et en première urgence celles du sud-est.

Ce plan doit être conçu dans la durée car la Tunisie est condamnée à subir les retombées néfastes de la situation sécuritaire précaire en Libye pour encore de longues décennies,  j’espère me tromper. Ce pays frère, constitue une source intarissable d’armes, de munitions et d’explosifs et un champ libre aux terroristes pour recruter, se rencontrer, s’organiser, s’entrainer et planifier leurs actions avant de passer à l’acte final sur le territoire tunisien. Certaines parties spécialisées, estiment l’arsenal libyen à plus de cinquante millions d’unités de kalachnikov ! D’ailleurs, même si par miracle, cette source viendrait à tarir, elle serait aisément alimentée à partir des pays limitrophes, eux aussi vastes champs d’activités aux réseaux terroristes et de contrebande d’armes, d’où le besoin d’un plan à long terme en y consentant les efforts nécessaires.    
    
Le plan de maitrise du contrôle des frontières proposé comprend les axes suivants:

A. En première urgence donc, concentrer les efforts sur les frontières Sud-Est et plus précisément sur  la frange frontalière entre Dhehibat et la mer en passant bien sûr par Ras jedir.

Cette même proposition a été déjà présentée avec de plus amples détails sur ce même site «Leaders», déjà le 8 septembre 2013 sous le titre «Maitrise du contrôle des frontières Sud-Est: urgence nationale absolue» et je pense qu’elle est encore d’actualité.
 
A titre de rappel ce plan s’articule autour des dispositions suivantes:

  • mettre la zone délimitée par,  les frontières à l’Est entre le poste  de Lorzot au sud et la mer au nord  et une ligne parallèle aux frontières, à une profondeur d’une  trentaine de kilomètres à l’Ouest; sous la responsabilité d’un Commandement militaire spécifique à cette zone. Pour garantir l’unicité de commandement et la coordination à temps, nécessaires au succès de la mission, l’Etat-major de ce Commandement comprendra aussi  des représentants des Forces de Sécurité Intérieure  et des Services de la Douane opérants dans la zone.
  • Pour entraver les mouvements d’infiltrations dans les deux sens, entreprendre  des travaux d’organisation de terrain pour créer une ligne d’obstacles autour d’une tranchée anti-véhicules renforcée d’un talus du coté libyen le long de la frontière avec en priorité  les zones de circulation facile, 
  • Instaurer un système de patrouilles mixtes, à pied et montées sur différents vecteurs selon le terrain, à dos de méharis si nécessaire, sur motos, sur véhicules et à bord d’hélicoptères,
  • Créer des sites d’observation à vue mais surtout par des moyens électroniques adaptés et performants,
  • Redéployer les forces et les postes militaires, ceux de la Garde Nationale et de la Douane dans une vision globale interservices complémentaire et les renforcer par des équipements appropriés.

Bref, il s’agit de mettre en œuvre un dispositif sécuritaire interservices unifié, capable de mener un ensemble d’actions complémentaires où chaque partie exerce ses prérogatives institutionnelles spécifiques mais convergeant toutes  vers l’accomplissement avec succès de la même mission globale: le contrôle effectif et efficace des frontières pour empêcher tout mouvement  transfrontalier de terroristes et toute activité de contrebande. Pris individuellement, aucun de ces services n’est en mesure d’y parvenir seul. Il va de soi que des efforts particuliers restent nécessaires pour la remise à niveau des deux postes frontaliers Ras Jedir et Dhéhibat  pour accomplir  leur mission dans la transparence et avec l’efficacité  recherchée.

B. Evidemment, ce plan d’urgence, limité dans l’espace reste à lui seul insuffisant au vu de l’étendue des menaces sur l’ensemble du  territoire national et le long de toutes les frontières Est et Ouest, d’où la nécessité de poursuivre les efforts déployés depuis toujours le long des frontières dans le reste des régions du pays et en procédant à des études particulières aux régions où sont enregistrées d’intenses activités de contrebande, la région de Kasserine-Fériana-Sbeitela  en est certainement une qui mérite bien des mesures particulières, peut-être du même ordre que celles prévues pour la région Bengardene- Dhéhibet, développées plus haut.

C. La maitrise du contrôle des frontières permettra d’arrêter  les mouvements transfrontaliers des terrorises et de contrebande de et vers l’extérieur; mais il est évident que l’action de l’Etat doit se poursuivre aussi contre les terroristes et contrebandiers déjà sur le territoire national et ce avec la même détermination et efficacité qui dépend  directement de nombreux  facteurs dont voici les plus déterminants:

  • Le succès des Forces sécuritaires dans cette lutte est très conditionné par le soutien moral et l’appui de toutes les composantes de la société à leurs efforts et sacrifices; en revanche le doute en leurs actions mène fatalement à leur démobilisation morale et à l’échec. Les médias aussi y jouent un rôle essentiel et doivent assumer avec les politiciens, autant que tout le reste des composantes de la société, leur entière responsabilité; la question réelle aujourd’hui n’est pas philosophique, ne porte certainement pas sur les principes mêmes de la liberté d’expression ou du droit du citoyen à l’information que personne ne peut mettre en cause; il s’agit de la sécurité et de l’avenir de tout le pays ! de l’intégrité physique même de chaque citoyen, de votre personne, de celle de vos proches père, mère, fils, fille, frère, sœur… La spirale de la nébuleuse terroriste ne lâche le pays auquel elle se prend qu’après destruction et faillite totales et les exemples ne manquent pas; la vraie question n’est pas sécurité ou liberté, il s’agit plutôt d’établir le bon ordre de priorités qui doit tenir compte de la réalité du moment, de la sécurité des tunisiens. Le terrorisme profite bien des dissensions, des petites failles des systèmes démocratiques, de l’abus des libertés, des interprétations abusives des droits de l’homme chers à beaucoup de théoriciens déconnectés de la dure réalité. Arrêtons donc d’essayer de couper le cheveu en quatre, reportons les discussions dogmatiques pour plus tard et soyons plus modestes, plus concrets et plus pragmatiques, l’ennemi est là, ne  faut-il pas le détruire d’abord et ajourner nos querelles et palabres? Laissez les spécialistes faire leurs devoirs au lieu de s’efforcer à les harceler en permanence, la place normale des sécuritaires est plutôt le terrain et seulement quand ils le jugent opportun sur les plateaux de télévision.
     
  • Le citoyen est la colonne vertébrale de la lutte contre le terrorisme et la contrebande tout en étant l’objectif ultime de ces mêmes terroristes et contrebandiers. La contribution active des citoyens particulièrement à l’effort de recherche de renseignement est une condition déterminante au succès de cette lutte. Pour cela, il est grand temps d’achever rapidement la réconciliation citoyens-Forces de sécurité et rétablir la confiance réciproque  pour une meilleure collaboration, très peu a été réalisé à cet effet. La guerre contre le terrorisme et la contrebande est basée essentiellement sur le renseignement et le citoyen en est la source principale, en tout cas la plus riche et s’agissant de citoyen patriote, elle serait plutôt crédible. La recherche active de renseignements à l’intérieur et à l’extérieur du pays est la base de toute stratégie qui se veut proactive, qui prend l’initiative, va vers l’ennemi pour le surprendre et le détruire, car le seul sort qu’on doit réservé à celui qui brandit une arme contre ses concitoyens, y compris les sécuritaires, est sans équivoque aucune, la destruction.

2. Les moyens

L’accomplissement de toute mission nécessite forcément un minimum de moyens personnels et matériels. Oui, les caisses de l’Etat semblent peu garnies pour ne pas dire vides, mais c’est justement dans de pareilles situations difficiles que le pays a le plus besoin du patriotisme de ses enfants et leur demande quelques sacrifices pour le sauver. Certes, le patriotisme n’est pas seulement l’expression occasionnelle de beaux sentiments, c’est plutôt des actes concrets, reporter certaines revendications matérielles, même les plus légitimes pour des jours meilleurs, s’investir dans son travail, accomplir ses devoirs envers le pays: payer ses impôts et accomplir son service national... Peut-être  ainsi,  le Gouvernement pourra consacrer ses efforts aux priorités réelles et trouver les ressources nécessaires à l’acquisition des équipements adéquats et indispensables à cette vraie guerre. A ce propos, tout en faisant entière confiance aux responsables des Départements  concernés pour identifier les équipements répondants aux besoins, je me permets d’insister sur l’importance des équipements de protection des agents exposés au feu ennemi, des moyens de détection d’armes, d’explosifs; des moyens de collecte de renseignements, terrestres et aériens et des moyens de vision nocturne.

S’agissant de moral et de protection du personnel sécuritaire, j’attire l’attention des autorités sur la responsabilité pénale qui pèse toujours sur l’agent de sécurité et le militaire engagés dans les opérations. C’est absurde, l’Etat, le Commandement envoie ses agents en mission de guerre en l’équipant d’une arme et de munitions réelles; et en cas de dégâts personnels occasionnés à un tiers, le même agent est lâché affronter seul la justice  accusé d’homicide volontaire!!! A cette date même, des militaires et certainement aussi des agents de sécurité trainent depuis des années devant les tribunaux et sont encore sous la coupe de poursuites judiciaires pénales pour dégâts causés à autrui à l’occasion de missions de  maintien de l’ordre accomplies conformément aux instructions reçues, pendant les jours sombres de la révolution, comme s’ils avaient agit pour leur propre compte! Lorsqu’on agit suite à des ordres et conformément aux instructions reçues du commandement, il est du devoir de l’Etat de protéger son agent en assumant à sa place l’entière responsabilité des conséquences qui en résultent, y compris la reconnaissance des faits, la présentation officielles et publiques d’excuses aux victimes et la réparation des préjudices qui leur sont occasionnés. Cela mérite au moins un débat national dans le cadre de la justice transitionnelle peut-être ! En attendant, cette question nécessite d’urgence, une décision gouvernementale, juste, courageuse et responsable débouchant sur un texte juridique qui protège pénalement l’agent en opération et met fin au calvaire de ces sécuritaires et militaires en services commandés. Sinon, à quoi s’attend-on d’un agent engagé dans cette guerre, à qui on demande de  sacrifier sa vie si nécessaire, mais qu’on refuse de protéger en opération?
 
En conclusion, la Tunisie est aujourd’hui en pleine guerre contre le Terrorisme et la Contrebande. La maitrise du contrôle des frontières Sud-Est est l’une des  premières batailles décisives à gagner; l’engagement total et concret de la société collectivement et du citoyen individuellement par la collaboration dans la recherche du renseignement,  par l’engagement total de chacun dans son travail et un soutien moral indéfectible aux Forces engagées dans cette guerre sont des facteurs déterminants quand à son issue positive et ce, espérons,  avec le minimum de pertes et dans les plus brefs délais.

Cependant, la prévention contre l’émergence dans l’avenir, de pareilles tendances  à la violence, nécessite une stratégie globale multidisciplinaire, impliquant pratiquement tous les domaines, ça sera la mission des futurs gouvernements, mais il est bon de tirer déjà les bons enseignements de  cette terrible expérience que nous vivons. 

Que Dieu garde la Tunisie.

Mohamed Meddeb
Général de Brigade en retraite