Opinions - 02.11.2009

Envoyé (très) spécial

Désagréable surprise pour les téléspectateurs de France 2, jeudi soir en suivant la rediffusion de l’émission « Envoyé Spécial. Croyant bien faire, les deux présentatrices Françoise Joly et Guilaine Chenu ont programmé à nouveau un reportage, déjà mis sur les ondes le 30 juillet dernier, sur les vacances tout compris en Tunisie. La caméra suivait un couple de « français moyens », pendant une semaine dans un club à Hammamet, pour 500 euros (avion et pension complète), avec, cerise sur le gâteau, 3 jours de thalasso, incluant 10 massages.

Superbe coup de promo, serait-on amené à croire, de prime abord. Surtout que l’annonce de l’émission sur le site de France 2, évoque « le luxe, à portée de main, pour 500 000 touristes chaque année… » avant de se demander « pourquoi ces vacances « all inclusive » à deux heures de Paris tiennent-elles du petit miracle économique ? »

Mais, le désenchantement des téléspectateurs avertis est immédiat. Les deux auteurs du reportage Eric Colomer et Ludovic Tourte ont forcé sur les idées reçues, quitte à plomber l’image du tourisme tunisien. Leur caméra n’a privilégié que des stéréotypes fadas, avec une concentration toute particulière sur l’entrée de gamme, à tous les niveaux.

Lorsqu’ils montrent, l’hôtel, la chambre, les cuisines, la plage ou les animations, c’est du basique au tout premier niveau. Pour le buffet, la caméra s’éloigne des mets savoureux, pour nous montrer encore des hordes de touristes. Quant à la magnifique plage d’Hammamet, on ne la voit que de loin. Bref, un « tourisme du pauvre » qui est loin d’être l’image de la Tunisie. En excursion à Tunis et sa banlieue, de Carthage ou Sidi Bou Said, on ne voit ni le patrimoine de mosaïques, ni les splendeurs du village surplombant la mer, mais des hordes de touristes.

Et comme s’ils cherchaient à pimenter leur « reportage », les auteurs ont introduit une overdose paranoïaque de sécurité, avec des histoires d’agents omniprésents, guettant les moindres faits et gestes. Au passage, rien n’a empêché les reporters d’affubler les élections présidentielles d’un score qui n’existe que dans leur imagination. Pourquoi tout cela ? Pour faire populo ! Plaire dans les chaumières. Enfoncer les clous d’une image qui n’a jamais reflété la réalité tunisienne.

Ou c’est de l’amateurisme, ou c’est de l’irresponsabilité. Dans les deux cas, c’est indigne d’une chaîne de service public qui se respecte.