News - 29.10.2009

Anti-Tabac: les Tunisiens pour une interdiction totale dans les lieux publics

Les Tunisiens sont, dans leur grande majorité, pour une interdiction totale de fumer dans les lieux publics et une application rigoureuse de cette disposition, selon un sondage effectué auprès des internautes pour le compte du Ministère de la Santé Publique. Administrée en ligne entre juin et septembre derniers en pleine campagne de lutte anti-tabac, par un Institut spécialisé, cette enquête qui a retenu un échantillon aléatoire de 4113 réponses, livre des indicateurs significatifs. Sans prétendre à une représentativité réelle de la population tunisienne, elle est éclairante cependant, ne serait-ce que partiellement ( s’agissant d’une population bien spécifique à savoir celle qui accède à l’internet), quant aux profils des fumeurs et leurs expériences de sevrage, la visibilité de la campagne de sensibilisation et les recommandations.

Pour des campagnes qui font peur

Parmi les révélations de cette enquête la demande de renforcer davantage en fréquences, ton et accompagnement opérationnel sur le terrain les campagnes anti-tabac. Sans hésitation, une forte majorité préconise « des campagnes chocs » qui « font peur », fassent parler des spécialistes et se prolongent par un accompagnement individuel, en ciblant non seulement les fumeurs mais aussi les non-fumeurs et les ex-fumeurs.

C’est donc une bonne adhésion à la décision de faire  de l’année 2009 en Tunisie, une année de lutte contre le tabac,  et à la stratégie déployée à cet effet par le ministère de la Santé Publique qui s’y est totalement investi. Aussi et malgré la modestie des moyens alloués, la campagne de sensibilisation a pu bénéficier en si peu de temps d’une bonne visibilité : plus de la moitié des internautes en ont pris connaissance, ce qui est remarquable pour une campagne d’intérêt public. Deuxième indicateur significatif à ce niveau, c’est le taux d’agrément par rapport aux messages diffusés : 46% des internautes qui ont suivi la campagne la trouvent « efficace », grâce « aux explications claires ». Ils estiment cependant qu’elle n’est pas « suffisamment convaincante sur le fond » (49%) et « pas assez répétée » (39%). Mais, 71% des internautes considèrent avoir été, à travers cette campagne, « bien et très bien informés des risques liés au tabagisme ».

Ce qu’il faudrait relever, c’est que le ministère de la Santé Publique s’appuie de plus en plus, désormais, dans ses campagnes Santé, sur des outils scientifiques indépendants et fiables, des stratégies professionnalisées et des campagnes innovantes. Cette approche a d’ailleurs suscité l’attention de l’OMS qui suit la campagne tunisienne de lutte anti-tabac avec beaucoup d’intérêt afin de partager ses méthodes et ses enseignements avec d’autres pays, notamment dans la région arabe et en Afrique.

Mais, au-delà de cette satisfaction, le plus important, c’est que « l’anti-tabac fasse tabac » et que ses résultats se traduisent au concret. D’ores et déjà, rien qu’en termes de production de cigarettes, le 1er semestre 2009 a vu le nombre de paquets produits par la RNTA baisser de plus de 20 millions d’unités, sans compter la vente des marques étrangères.

L’enquête du Ministère de la Santé Publique mérite une lecture attentive, ne serait-ce que dans ses principaux résultats. Extraits.

Taux de tabagisme

  • Le taux des fumeurs de l’échantillon est de 43%, répartis entre 6% de fumeurs occasionnels, 22% de fumeurs réguliers et 15% de grands fumeurs
  • 77% des individus de l’échantillon ont eu une expérience avec la cigarette.
  • L’entourage est un facteur qui stimule la consommation de cigarettes ce qui en fait un phénomène de société: souvent la famille, les collègues au travail sont le premier prescripteur de la cigarette.

La campagne anti-tabac

  • 50% des internautes ont eu connaissance des campagnes de prévention anti-tabac en Tunisie, parmi eux 46% les trouvent efficaces (l’enquête a coïncidé avec le lancement de la dernière campagne anti-tabac), grâce à des explications claires, mais elles restent « pas convaincantes sur le fond » (49%) et « pas assez répétées » (39%) pour 36% des internautes non convaincus de leur efficacité.
  • 71% des internautes tunisiens sont bien et très bien informés des risques liés au tabagisme.
  • Les internautes préconisent des campagnes anti-tabac « chocs »: utilisant des images qui font peur, en déclenchant la peur de la maladie, en interdisant les ventes de cigarettes aux moins de 18 ans, en ayant recours aux médecins et spécialistes, etc.
  • Les supports sur internet sont plébiscités par près de 70% des internautes en tant que media pour les campagnes anti-tabac, en plus des SMS, des messages à la radio et des méthodes personnalisées.
  • Les internautes sont à 82% pour une interdiction totale de fumer dans les lieux publics, la notoriété de la loi anti-tabac sur la prévention des méfaits du tabac en Tunisie est de 61% .
  • Les sanctions pour  non respect de la loi anti-tabac ne sont connues que par 48% des internautes, dont 56% situent l’amende prévue par la loi si une personne fume dans un lieu public à 25 DT.

Les fumeurs

  • Les fumeurs se répartissent en 3 catégories: les occasionnels, les réguliers et les grands. Les grands fumeurs ont en majorité 10 à 20 ans de cigarettes, les réguliers de 5 à 10 ans et  les occasionnels de 1 à 5 ans.
  • A des degrés différents, le fumeur régulier et le grand fumeur sont très «accrocs » à la cigarette: l’accoutumance commence dès le réveil, en cours de journée, et dans les moments de stress, qui sont accompagnés de café, de thé, et parfois de boissons alcoolisées. La cigarette s’incruste dans le quotidien du fumeur et accompagne ses faits et gestes. 50% des fumeurs consomment en moyenne 1 paquet par jour.
  • 37% des fumeurs en moyenne croient que les cigarettes « light » sont moins nocives pour la santé; Il n’y a pas un attachement particulier à une marque de cigarette, l’essentiel c’est de fumer.
  • Les fumeurs ont conscience de la nocivité de la cigarette, et malgré cela près de 20% en moyenne n’essaient jamais d’arrêter, appréciant le plaisir de la cigarette et fuyant la difficulté du sevrage.
  • En effet, 80% des fumeurs ont essayé d’arrêter la cigarette au moins une fois. Les principales raisons avancées sont la survenue d’un problème de santé (39%) et l’augmentation du prix du tabac (35%). Ceci étant, la principale raison invoquée pour l’échec du sevrage est la difficulté d’arrêter de fumer sans assistance (58%).
  • Pour ceux qui n’ont jamais essayé d’arrêter de fumer, ils sont freinés par le plaisir qu’ils tirent de la cigarette (52%) et la difficulté du sevrage (42%).
  • 47% des fumeurs ont connaissance de la campagne anti-tabac, dont plus de la moitié ne croient pas en son efficacité pour les mêmes raisons que les non fumeurs (non convaincantes sur le fond et répétition insuffisante du message). Ceci étant, 69% des fumeurs déclarent être bien à très bien informés des dangers de la cigarette.
  • La majorité des fumeurs sont pour l’utilisation des images chocs, et le recours à des spécialistes pour sensibiliser les fumeurs aux dangers de la cigarette.
  • Même si 40% des fumeurs ne demandent pas la permission à leur entourage pour fumer dans un lieu public, 61% en moyenne connaissent l’existence de la loi anti-tabac et 72% sont pour l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics.

Les ex-fumeurs

  • Les ex-fumeurs présentent les mêmes caractéristiques que les fumeurs: 66% d’entre eux ont été attirés par la cigarette de 10 à 19 ans, par curiosité.
  • Plus d’une tentative a été nécessaire à 70% des ex fumeurs pour venir au bout de la cigarette. La principale raison pour le faire a été le désir de ne plus dépendre de la cigarette, et la volonté a été leur seul moyen pour le faire dans 84% des cas. D’ailleurs, 83% des ex-fumeurs soulignent le sentiment de santé et de bien-être après avoir arrêté de fumer.
  • 61% des ex-fumeurs ont eu une ancienneté de 10 à plus de 30 ans avec la cigarette avant de s’arrêter de fumer, ce qui montre la difficulté du sevrage jugé moyennement difficile à très difficile par 71% des ex-fumeurs.
  • Il est à souligner que plus de la moitié des ex-fumeurs sont tentés de refumer, principalement à cause des fumeurs de leur entourage, et ils sont 69% à conseiller les fumeurs de leur entourage d’arrêter de fumer.
  • 51% des ex fumeurs ont eu connaissance d’une campagne anti-tabac, et ils se déclarent bien à très bien informés des dangers du tabac à 72%. Ils sont 64% à connaître la loi anti-tabac et 90% sont pour une interdiction totale de fumer dans les lieux publics.

Recommandations

Une campagne anti-tabac ne doit pas être centrée seulement sur les fumeurs, mais doit
s’articuler sur les fumeurs, non fumeurs et ex fumeurs.

Les non fumeurs et les ex fumeurs doivent être protégés par des actions et mesures
spécifiques pour éviter la tentation de la cigarette (programmes de sensibilisation pour les plus jeunes, actions de soutien pour les ex-fumeurs, etc.).

Ils sont aussi des leviers sociaux qui peuvent participer efficacement à la lutte contre le
tabagisme et renforcer les actions de communication par des actions plus opérationnelles (conseils actifs aux fumeurs pour arrêter, participation à des forums, partages d’expériences, etc.)
Les fumeurs restent en général faibles devant la cigarette. Informés des dangers de la cigarette, au même titre que les non fumeurs et les fumeurs, ils n’arrivent pas à arrêter de fumer et affichent une dépendance claire, dans leur quotidien.

Il est alors évident que les campagnes média anti-tabac sont insuffisantes pour réaliser des objectifs de sevrage. Les fumeurs, face à la difficulté de la tâche, ont besoin d’actions et de programmes personnalisés en fonction de leurs dépendances, de leurs comportements et de leurs milieux. Des actions de terrain peuvent être organisées pour renforcer la sensibilisation contre le tabagisme dans les campagnes de communications (forums, etc.).

Les internautes jugent les campagnes anti-tabac peu efficaces, ils pensent qu’elles manquent de conviction sur le fond et qu’elles sont insuffisamment rediffusées. D’où leur accord sur le type de campagne anti-tabac à mettre en place, en préconisant des campagnes chocs, qui jouent sur la peur et associent des spécialistes. Ces éléments donneraient plus de force au message destiné aux fumeurs. La fréquence de passage d’une campagne anti-tabac devrait aussi être augmentée pour avoir un impact significatif sur les fumeurs. Les internautes sont en majorité pour l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics. La notoriété de la loi anti-tabac doit aussi être renforcée et la loi devrait être appliquée de façon plus rigoureuse.
 

Télecharger l'enquête en pdf.

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6 Commentaires
Les Commentaires
zalila - 30-10-2009 09:43

Il était temps, mais esperons que ça ne sera pas un feu de paille.Un monde sans tabac c est nettement plus agréable

Khaled Mehdi - 30-10-2009 11:52

rien qu'à l'aéroport Tunis-carthage, vous pouvez constater que certains personnels eux-mêmes fument leurs cigarettes sans aucun soucis devant tout le monde. Comment voulez-vous que le public respect l'interdiction de fumer à l'aéroport !

sabeur - 30-10-2009 12:02

Prière de nous laisser tranquilles.Pitié...

gharbi karim - 30-10-2009 19:32

La crainte du gendarme est le commencement de la sagesse !

RIDHA DEBBABI - 31-10-2009 13:42

Anti-Tabac: les Tunisiens pour une interdiction totale dans les lieux publics voila une tres bonne initiative de la part de notre gouvernement bravo et 1000fois merci et qu`il n`est jamais trop tard pour bien faire et que cette nouvelle lois va diminuer un grand nombre de fumer et leur faire mettre plus d`argent d`argent dans leur poches et je souhaites que une autre lois pour les buveurs et la conduite L'apport économique de l'industrie du tabac est un mythe : Le tabac aggrave la pauvreté des populations et des pays les plus défavorisés comme l`Afrique L'épidémie tabagique bascule des pays riches vers les pays pauvres. Si rien est fait d'ici 2030 selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le tabac tuera 10 millions de personnes dans le monde dont 70 % dans les pays en développement Voyant la consommation décliner ou se stabiliser dans les pays riches les fabricants de tabac se sont lancés à l'assaut de nouveaux marchés dans les pays les plus pauvres. Ils poussent auprès de publics déjà fragilisés et les plus démunis un poison mortel dont ils sont pleinement conscients de la dangerosité et du caractère addictif aux moyens des mêmes stratégies cyniques utilisées dans les pays industrialisés.(entre autres désinformation,contournements des interdictions de publicité, ciblage des plus jeunes, fraude scientifique, subversion des organismes internationaux tels que l'OMS).. Les pays essuient d'énormes pertes économiques par le coût élevé des soins de santé et de la perte de productivité inhérentes aux maladies et aux décès prématurés liés au tabagisme. La contrebande de cigarettes fait perdre chaque année aux gouvernements des dizaines de milliards de dollars de recettes fiscales. De récentes actions en justice engagées par le Canada et l'Union européenne laissent penser que l'industrie du tabac s'est rendue complice de ce commerce illicite. La dépendance au tabac prive les fumeurs dans les pays les plus défavorisés d'une partie importante de leur budget qu'ils pourraient consacrer à l'achat de denrées essentielles aggravant ainsi les problèmes de malnutrition et de développement.

samira - 02-11-2009 14:15

c'est une bonne initiative mais seulement qui respecte !dans les café je peut comprendre mais dans un hopital le 30 octobre le technicien à la radiologie fumait sous le paneau d'interdiction et à ma remarque il était agressif et chmata il m'a fait attendre voila il faut changer les mentalités et sanctionner si besoin est par chaque superieur (sauf si lui aussi il fume)

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