News - 05.01.2014

Mehdi Jomaa: Comment il a été choisi

Ce soir-là, la réunion de la Coordination de la Troïka butait sur un grand obstacle: le candidat d’Ennahdha, Ahmed Mestiri, ne suscite que de plus en plus de rejet de la part de l’opposition. Le blocage est total. Cherchant une autre alternative, Marzouki lance à Laarayedh: «Avez-vous dans votre gouvernement, parmi les indépendants quelqu’un qui pourrait faire l’affaire et serait acceptable?» Le chef du gouvernement marque un silence, tourne dans sa tête les membres de son équipe, puis avance prudemment: «Il y a Si Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’Intérieur, et le ministre de l’Industrie, Si Mehdi Jomaa… » Marzouki, Ghannouchi et Ben Jaafar connaissent bien Ben Jeddou, mais n’arrivent pas à mettre un visage sur le nom de Jomaa. Un ange passe, puis la discussion rebondit sur d’autres candidats…

Ce n’est pas l’unique fois que le nom de Mehdi Jomaa est évoqué. Au Bardo, lors des réunions du Dialogue national, Taher Hmila, constituant et fondateur du parti du «Décollage pour l’avenir», le propose dans la foulée. Certains journaux en parlent, mais rares sont ceux qui y prêtent attention.

Il va falloir attendre la décisive journée du 14 décembre. Un vote placera Mohamed Ennaceur en première position, mais Ennahdha met son véto. Jomaa vient juste après lui et Jaloul Ayed n’est pas loin. Il ne restait plus qu’à passer à l’ultime round opposant les deux. Houcine Abbassi s’assure qu’Ennahdha n’a pas de véto contre Jomaa. Rached Ghanouchi qui a annulé à la dernière minute son déplacement à Sfax où il devait présider un grand meeting a préféré conduire lui-même la délégation d’Ennahdha jusqu’au dénouement final. Il demandera alors de consulter. Quittant la salle, il s’isolera pour appeler l’un de ses plus proches. «Vous le connaissez bien, lui dit-il, comme il le confiera plus tard, en a-t-il l’étoffe? Est-il digne de confiance»? La réponse était affirmative: «Il est compétent!»

Ghannouchi revient dans la salle et donne le feu vert de son parti. Un large sourire éclaire alors plus d’un visage. Ouided Bouchammoui, Hichem Elloumi, Houcine Abbassi, Bouali Mbarki et bien d’autres ne pouvaient retenir leur satisfaction. Jomaa était-il leur candidat? L’avait-il gardé en dernier recours? Difficile à dire avec précision. Mais, pour eux, comme pour d’autres partis, la situation se débloque, on peut passer à l’ultime vote, le Dialogue national a été sauvé.

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