News - 01.01.2014

2014: Il faut savoir espoir garder

Peut-on envisager l’année 2014 qui commence avec optimisme et confiance ? Celle écoulée avait ensanglanté la Tunisie, à commencer par l’assassinat de deux figures emblématiques de l’opposition, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, véritable électrochoc qui a fait chuter deux gouvernements successifs du parti islamiste Ennahdha, conduits par Hamadi Jebali et Ali Laarayedh, et éclater la Troïka. Elle a été également marquée par la recrudescence du terrorisme jihadiste, concentré au Chaambi, mais étendu à d’autres régions, exerçant sa tragique menace sur l’ensemble du territoire. L’économie et les finances y ont laissé des plumes, touchant le fond. Ni le développement régional, ni l’emploi, véritables revendications de la révolution, n’ayant trouvé la moindre réponse. Encore une annus horribilis qui vient gâcher les promesses du 14 Janvier.

Combien de fois le peuple était encore obligé de descendre dans la rue par centaines de milliers, de se mettre en sit-in— le Bardo en garde souvenir— et de crier fortement son indignation, son impatience de voir la Constitution consensuellement finalisée, sans hold-up des uns au détriment des autres. Pour clore cette transition si longtemps prolongée et aboutir aux élections tant attendues.

Toute cette lutte n’aura pas été vaine puisque l’équilibre des forces en présence a changé. Sous la pression de la rue, des forces politiques et de la société civile incarnée par le Quartet, et sans doute les encouragements des «amis de la Tunisie» et de ses bailleurs de fonds, le gouvernement drapé dans la légitimité des urnes a fini par céder. Le relais est en train de passer, à l’issue d’un éprouvant Dialogue national, à un gouvernement de compétences indépendantes qui sera formé par Mehdi Jomaa. Si le calendrier fixé est bien respecté, le mois de janvier verra également la finalisation de la Constitution, la mise en place de l’ISIE 2 et même l’adoption de la loi électorale. Ce sera là un scénario bien optimiste.

Trois ans après la révolution, l’attente semble trop longue pour les Tunisiens, impatients de voir l’ordre et la stabilité rétablis , l’économique relancée, et une réelle démocratie instaurée. Mais dans le cycle des grands bouleversements similaires de par le monde, les délais risquent de prendre plusieurs années. Ce qui est positif pour la Tunisie, c’est que l’histoire s’accélère, le paysage politique se recompose de manière plus équilibrée et la capacité de résilience s’affirme plus déterminante. Faire partir un gouvernement élu, sans coup d’Etat ni violence, mais par la légitimité consensuelle, est en soi un premier grand acquis pour la démocratie naissante. Le concept même de quartet et de dialogue national qu’il a initié est également une avancée majeure.

La renonciation à des politiciens ayant dépassé l’âge canonique, malgré la forte insistance de leurs parrains, est une victoire pour la jeunesse. L’arrivée aux commandes d’une équipe de relève qui se veut harmonieuse et cohérente, formée de jeunes talentueux, compétents, indépendants est un signal fort pour rassurer le pays et encourager les bailleurs de fonds. Autant de facteurs qui permettent d’envisager l’avenir avec optimisme et espoir.
Les Tunisiens n’ont d’autre choix que d’y voir la dernière ligne droite vers les élections ouvrant la voie à la stabilité. Une année de plus, il faut savoir espoir garder. n

Bonne & heureuse année 2014.

Taoufik Habaieb

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1 Commentaire
Les Commentaires
el khlifi mokhtar - 01-01-2014 16:29

Oui, sans espoir la vie n'a plus de sens.Contre mauvaise fortune faisons bon coeur.Il ne faut, cependant ,perdre de vue que 2014 sera l'année des sacrifices.Si l'Union des tunisiens, et notamment de la société civile, derriére le "Quartet" et le Gouvernement "jomâa", il y a bon espoir d'arriver à bon port.

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