Opinions - 02.11.2013

Monsieur Mestiri, soyez vous-même

Le dialogue national connaît aujourd’hui sa véritable première épreuve.Le consensus sur le nom du futur premier ministre, en ce samedi matin,n’existe toujours pas. Il est pourtant impératif, dans les circonstances actuelles de terrorisme et d’affaiblissement de l’État, de sauver le pays en le sortant de l’impasse actuelle. Autrement, la Tunisie continuera sa chute de plus en plus rapide vers le chaos.

Sans entrer dans les détails, nous savions tous que la tâche ne serait pas facile pour le Quartet, du fait de la volonté de certains clans d ’Ennahdha de torpiller à la moindre occasion le dialogue national. Ce que nous ignorions, c’est que les partis politiques de petite taille s’ingénieraient eux aussi à saboter le dialogue. En effet, depuis plusieurs jours ces partis parasitent le processus en cours dans l’espoir d’en tirer quelques avantages. Ils essaient tous (CPR, Wafa, Ettakatol, voire Jouhmouri selon certains bruits, etc.) soit de créer et d’occuper le rôle d’intermédiaires entre le camp islamiste et le camp patriote, soit de faire le « boulot ingrat » qu’Ennahdha ne souhaite pas assumer publiquement. Ils font monter les enchères pour se vendre aux plus offrants: une stratégie pathétique et dangereuse. Comme souvent en Tunisie, l’intérêt personnel dépasse de loin l’intérêt collectif.

Hier soir, tous les observateurs croyaient que l’on était à deux doigts de l’accord espéré. Mais voilà que surgit un problème mineur de personnes, paradoxalement porté par l’emballement surréaliste de la sphère médiatique. Certains membres de la Troïka en ont profité pour transformer cette question mineure en un « cassus belli », une raison de se retirer du dialogue.

Monsieur Mestiri était un patriote reconnu et respecté, et incontestablement un homme d'État compétent. Les Tunisiens gardent une bonne image de cet ancien ministre de Bourguiba qui n’a pas hésité à défier le parti unique de l’époque pour des raisons de principes et de dignité. Qu’il continue donc sur la même voie ! Pourquoi se laisse-t-il instrumentaliser de la sorte? Il ne l’a pas été du temps de Bourguiba, pourquoi deviendrait-il aujourd’hui une marionnette au service du clan des Nahdhaouis et de leurs alliés objectifs? Monsieur Mestiri, reprenez-vous, soyez vous-même, participez au sauvetage de la Tunisie, refusez le rôle que l’on voudrait vous faire jouer. Rendez-vous utile en vous retirant de cette arène qui ne fera que vous épuiser et vous disqualifier. Les grands hommes finissent grands quand ils savent se retirer au bon moment. La Tunisie vous en sera reconnaissante.

Abdellatif Ghorbal
02/11/2013
 

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