News - 05.09.2013

Ridha Saidi: Les dossiers chauds à traiter d'urgence et en continu

Quels que soient les changements possibles de gouvernement et leurs échéances, la machine économique et financière ne doit guère s’arrêter, prévient Ridha Saidi, ministre auprès du chef du gouvernement chargé des affaires économiques. Les réformes et dossiers engagés doivent être pris en charge, dans une parfaite continuité de l’Etat, mais aussi avec une réelle volonté de les faire aboutir, ajoute-t-il à Leaders. Pour lui, lorsque la relève sera décidée,  la transmission entre les équipes doit être la plus fluide et la plus complète possible. «C’est toute une machine que nous essayons chaque jour de relancer encore plus vite, souligne-t-il. Garder un regard vigilant au quotidien sur le risque de glissement budgétaire, la parité du dinar, la balance commerciale, et autres indicateurs, vérifier chaque matin l’état d’approvisionnement  des commerces en produits alimentaires et les marchés de gros en produits agricoles et s’assurer du bon fonctionnement général du système en prévenant les risques possibles : la tâche est en flux tendu. Sans oublier tout le reste qui est essentiel ».

Ses visiteurs le croiraient pris dans une bulle exclusivement économique et financière, sans accorder beaucoup de temps aux tractations politiques qui s’intensifient non loin de ses bureaux. Situés à quelques mètres du cabinet du chef du gouvernement où ne cessent de défiler dirigeants de partis et d’organisations nationales, ils donnent l’impression d’être sur une autre planète, déconnectés des tiraillements et négociations qui se jouent. En apparence, peut-être. S’il ne se focalise pas là-dessus, Saidi est bien au courant de l’essentiel.

«La stabilité politique et sécuritaire est fondamentale et il faudrait accélérer  le processus de transition (constitution, élections, institutions…) en mobilisant tous les Tunisiens pour lutter contre les menaces terroristes et les actions anarchistes de quelques forces et courants politiques qui veulent déstabiliser les institutions de l’Etat. Le gouvernement doit se concentrer sur les dossiers économiques et sociaux pour préserver la croissance économique en dynamisant les secteurs d’ordre prioritaire (phosphates, tourisme, industrie manufacturière …) et en favorisant l’investissement privé (IDE et local…) appelé à prendre la relève de l’investissement public (politique de Go & Stop). Il faut notamment préserver un climat d’affaires sain et serein et opter pour des mesures de relance justes et fiables, tout en préservant les équilibres globaux. Notre attention est focalisée sur la maîtrise des déficits, de l’inflation et des équilibres des finances publiques dont le déficit se creuse profondément à cause surtout de la croissance vertigineuse  des dépenses de compensation. Celles-ci vont dépasser le montant alloué à l’investissement public (en 2013,voire en 2014). Il s’agit aussi d’assurer les besoins de notre économie et du budget de l’Etat en financements extérieurs : prêts, dons, sukuks, IDE … Quel que soit le gouvernement en place, c’est là son lot quotidien qu’il doit assumer sans la moindre rupture.»

Faciliter, débloquer et veiller aux cohérences

Très discret dans un poste économique et financier des plus sensibles, Ridha Saidi s’attelle en effet sans relâche à maintenir la machine en marche. A la tête du Pôle économique et financier à la Kasbah, il est aux confluents de ce qui se prépare et doit se décider dans les divers ministères concernés. A ses côtés, de hauts commis de l’Etat familiers aux arcanes du pouvoir et des experts universitaires récemment sollicités pour modéliser des tendances et élaborer des tableaux de bord. Au cœur de ce nouveau dispositif mis en place depuis le gouvernement  Hamadi Jebali, il voit l’équipe se renforcer depuis l’arrivée d’Ali Laârayedh en mars dernier, par Riadh Bettaieb, ancien ministre de la Coopération internationale et de l’Investissement extérieur, et Slim Besbès, ancien secrétaire d’Etat aux Finances. Mais ce n’est guère assez face à l’ampleur de la tâche impartie. Une superstructure qui régente les autres départements ministériels du champ de compétence ? «Nullemment, se défend Saidi. L’équipe est en soutien, pour faciliter le travail, débloquer les difficulté et imprimer plus de cohérence et d’efficience».

Rien ne prédisposait cet ingénieur diplômé de l’Enit, ayant effectué ses premières armes au sein de la STEG dans les régions, avant de purger seize ans de prison, à occuper de si hautes fonctions. L’économie, il a commencé à s’y initier à travers ses lectures en prison. Recouvrant sa liberté, il s’y est consacré à la recherche d’un modèle de développement approprié à son mouvement Ennahdha. Choisi pour conduire l’équipe en charge du programme électoral, Ridha Saidi finalisera le document des 365 mesures, constituant la plateforme globale et les engagements de son parti. Ennahdha porté au pouvoir, il ne lui restera plus alors qu’à passer à la mise en œuvre. Les débuts ne furent pas faciles, mais il a fini par identifier les bonnes manettes et les prendre aisément en main.

Réduire les disparités régionales et favoriser un développement inclusif

Ridha Saidi estime que l’un des principaux défis à relever est l’aggravation des  disparités sociales et économiques héritées du passé et la nécessité de passer à un nouveau palier de croissance plus rapide. Mais aussi rétablir la confiance des investisseurs, accroître les réserves de change et augmenter la capacité de résistance de l’économie à d’éventuels chocs. A cet effet, des mesures de stabilisation et de relance à court terme sont indispensables. La toute première est l’accélération du processus de transition (constitution, élections, mise en place des institutions constitutionnelles…), suivie de l’intensification des mesures de régulation macroéconomique conjoncturelle afin de maîtriser les équilibres financiers globaux et de contrôle des circuits de commerce parallèle et illicite.

Saidi évoque également la réforme du système des subventions énergétiques pour préserver la viabilité des finances publiques, d’une part, et mettre en place un autre système plus équitable et plus efficient, l’augmentation des investissements publics directs favorables à la croissance, à l’investissement privé et la réduction des disparités régionales et des mesures sociales pour la maîtrise du chômage et la préservation du pouvoir d’achat des couches vulnérables. Quant aux principales réformes en perspective d’une croissance tirée par le secteur privé et un développement inclusif, il mentionne la finalisation du nouveau code des investissements, la mise en place d’une stratégie de gouvernance et de lutte contre la corruption, l’amélioration de la réactivité de l’administration par la conduite de plusieurs projets, l’évaluation participative des services publics, une guillotine réglementaire, l’accès à l’information, la transparence notamment dans les marchés publics, l’adoption du nouveau cadre de partenariat entre les secteurs privés publics qui favorisera particulièrement les projets d’infrastructure.

La réforme du secteur bancaire est importante pour Ridha Saidi  par la révision des conditions de gouvernance et la finalisation de l’audit complet (full audit) des banques publiques de la place dans une perspective de restructuration profonde de ces institutions, en plus de la création d’une entité publique qui aura à décharger le secteur du patrimoine improductif (unités et entreprises hôtelières en difficulté). Aussi, la réforme en cours de la microfinance doit aboutir à son institutionnalisation, sa normalisation et le renforcement des capacités et un meilleur ciblage des bénéficiaires

Tout est prioritaire

Quand on lui demande quels sont les dossiers prioritaires qu’il transmettra à son successeur, en cas de relève, il estime que «tout est important». Il évoque particulièrement, outre le code des investissements et le PPP, la situation des entreprises publiques  dont nombre parmi elles accusent des déficits alarmants et exigent des restructurations profondes. «Elles souffrent de sureffectifs, d’un manque de bonne gouvernance, de laxisme, et d’une absence de vision stratégique. Il y a aussi un statut de dirigeants d’entreprises publiques, avec mieux de rémunération, plus d’intéressement à mettre en place ».

Ridha Saidi s’attarde aussi sur la question des transferts sociaux pour un meilleur ciblage et  une redistribution plus équitable, la finalisation de l’examen approfondi des différentes filières économiques avec la prise de décisions courageuses nécessaires, le traitement des dossiers concernant les grands projets et l’accroissement du taux d’exécution budgétaire, notamment pour les investissements publics. A le voir à l’œuvre, il ne s’arrêtera pas de si tôt. Toute l’équipe est à pied d’œuvre jusqu’à une heure tardive le soir. Beaucoup reste à faire. Jusqu’à la dernière minute de ce gouvernement, sans doute.

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2 Commentaires
Les Commentaires
citoyenne indépendante - 06-09-2013 09:05

A mon avis c'est un bon technocrate dans un gouvernement de transition car si nous aspirons à une démocratie les hommes changent en appliquant au mieux leur tâches et le programme reste !!

Malek Ben Salah - 09-09-2013 08:33

Mais vous oubliez, M. le Ministre, le dossier de l'agriculture dont dépend la nourriture du Tunisien déjà pour 2014. Des mesures d'urgence sont à prévoir aujourd'hui avant demain, et sans parler de ses répercussions immédiates pour la création d'emplois, le développement régional.... malek.bensalah@planet.tn

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