News - 06.08.2013

Quand Ghannouchi rend un hommage appuyé aux destouriens et aux communistes

Dans une interview à la Presse, Rached ghannouchi s’est dit prêt à de nouvelles concessions notamment celle de retirer le fameux article 141 du projet de constitution contesté par l’opposition. En contrepartie, il a exclu «toute démission du gouvernement sous la pression de la rue».

«Dans les régimes démocratiques, les manifestations ne changent pas les gouvernements, c'est bien dans les régimes dictatoriaux qu'une manifestation est en mesure de faire tomber le régime» a-t-il noté. «Malheureusement chez nous, à chaque fois qu'une tragédie se produit, on crie immédiatement à la dissolution du gouvernement et du parlement».

Mais la grande nouveauté dans cet entretien, c’est l’hommage aussi appuyé qu’inattendu rendu au parti destourien «que ce soit le néo destour ou l’ancien qui a conduit la lutte pour l’indépendance, ou le parti communiste, c’est une partie de notre histoire qu’il ne faut pas occulter, minimiser ou lui porter atteinte. Nous avons besoin de nous réconcilier avec notre histoire. Il ne faut pas qu’il y ait un vide dans notre édifice historique».

Dans un autre passage, il affirme que « nous ne pouvons pas sauter 60 ans de notre histoire comme s’ils n’avaient jamais existé. Nous devons considérer que l’histoire de l’Etat de l’indépendance est une partie de notre histoire dont nous sommes fiers. Nous estimons que les martyrs de l’indépendance sont nos martyrs quels que soient les partis auxquels ils appartiennent, qu’ils soient yousséfistes ou bourguibistes»

C’est à se demander s’il s’agit de la même personne que celle qui a toujours refusé de saluer la mémoire de Bourguiba alors qu’il l’a fait pour Ben Laden, qui n’a cessé depuis deux ans de médire  de lui, de comparaître  son legs  à une « entreprise d’acculturation» et  à «un champ de ruines», qui a donné ses instructions pour ne pas fêter le 20 mars. Sur sa lancée, le chef d’Ennahdha fait l’éloge du statut personnel «qui s’inscrit dans l’ijtihad» et cite trois grandes figures du mouvement féministes: Béchira Ben Mrad, Radhia Haddad et Fatma Ben Ali «une militante zeitounienne», selon lui.

Comment expliquer ce virage à 180° ? S’agit de l'un des ces replis tactiques dont les islamistes ont le secret ou du résultat d'un « effort de synthèse de notre histoire»?