News - 06.04.2016

Pour un inventaire dépassionné du legs bourguibien

Pour un inventaire dépassionné du legs bourguibien

La commémoration du décès de Bourguiba a donné lieu à des effusions qu’on n’avait pas connues depuis belle lurette. Avec le temps, les vieilles rancunes se sont estompées pour laisser la place au mythe. Dans une belle unanimité, les hommes politiques, y compris ses plus farouches contempteurs se sont répandus en louanges sur le premier président de la république tunisienne.

Pourtant l'occasion était propice pour procéder à un inventaire dépassionné du legs bourguibien, sans tomber dans l'hagiographie, ni  dans le dénigrement comme on le fait si souvent. Mis à part les islamistes, tout le monde reconnaît à Bourguiba des qualités de grand homme d'Etat. Ne compte-t-il pas à son actif de très belles réalisations : le code du statut personnel qui a libéré la moitié de la population jusque-là marginalisée ; la démocratisation de l'enseignement qui a favorisé l'ascension sociale, instauré le planning familial qui nous a fait éviter en l'espace d'une génération, une dizaine de millions de bouches à nourrir, éradiqué les endémies : variole, trachôme, paludisme, poliomyélite en permettant à des millions de Tunisiens l'accès gratuit aux soins de santé de base.

Mais son bilan, aussi brillant soit-il, laissera un goût d'inachevé. Pourquoi cet homme d'exception, dont l'esprit s'est formé au contact des écrits des philosophes des lumières (Montesquieu, Diderot, Rousseau, Voltaire) s'était-il toujours refusé à «injecter»  la démocratie, même à doses homéopathiques comme le lui proposait le célèbre juriste français, Maurice Duverger ? Bourguiba aimait à dire que la démocratie ne se décrétait pas mais se méritait. Sous son long règne, les Tunisiens ont eu droit à l'instruction, à la santé, à la mobilité sociale, mais jamais à la démocratie tout simplement  parce qu'il pensait, sincèrement, qu'ils ne la méritaient pas.

Les grands hommes d'Etat  ont ceci de commun  qu'ils ne tiennent pas en haute estime leurs peuples. De Gaulle qualifiait les Français de veaux. Plus méprisante était l'attitude de Bourguiba envers les Tunisiens. Voici ce qu'il déclarait à Jean Lacouture, le 21 mars 1969  : «Des siècles de décadence, de misère, engendrant le nomadisme, avaient effrité les villages, les hommes, en faisant ce qu’un publiciste français appelait une poussière d’individus. C’est cette poussière d’individus que j’ai commencé à réunir, en lui parlant son propre langage»(1). De Gaulle était démocrate, même après son retour aux affaires en 1958 avec l'appui de l'armée française d'Algérie et des pieds noirs. Bourguiba ne l'a jamais été. Pourtant, deux grandes occasions s'étaient offertes à lui : d'abord, au lendemain de l'échec de l'expérience des coopératives en 1969-70 lorsqu'il a lancé la consultation nationale. Un grand défouloir qu'il a dû interrompre, lorsqu'on a commencé à critiquer le monopole du PSD. Ensuite, après l'instauration du multipartisme, en 1980-81. L'expérience s'est terminé en queue de poisson avec des élections truquées, comme elles ne l'ont jamais été. Sa volonté irrépressible d'humilier Ahmed Mestiri avait pris le pas sur la nécessité de répondre aux aspirations de son peuple à la démocratie.

Cette tradition dictatoriale s'est perpétuée pendant les trente premières années de l'indépendance,puis poussée sous Ben Ali jusqu'à ses ultimes conséquences, en parfait décalage avec le niveau social et culturel atteint par les Tunisiens. Bourguiba aimait parler aux Tunisiens. Peut-aurait-il fallu qu'il les écoute davantage.

 

Hédi Béhi

(1)   Jean Lacouture, « 4 hommes et leurs peuples »,  pp.187 le Seuil, 1969

 

 

 

 
 

 

Tags : Fran   Habib Bourguiba   tunisiens  
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22 Commentaires
Les Commentaires
Sissi Impératrice - 09-04-2013 07:37

Bourguiba n'a jamais traité les Tunisiens de "poussière d'individus"! il s'agit là d'une contrevérité que ses adversaires avaient colportée pour nuire à sa réputation! En fait, d'aucuns ont isolé la métaphore de son contexte dans cette intention. Je vous livre dans le commentaire infra le paragraphe duquel est extraite cette expression qu'il a employée dans deux circonstances différentes : Une première fois, le 23 février 1931, Bourguiba avait employé dans un article paru dans le journal La Voix du Tunisien, pour dire : " Tout traité de protectorat porte en lui son germe de mort, en raison même de son objet, un État ne pouvant être à la fois sujet et souverain. Une évolution inévitable susceptible de se manifester sous deux formes opposées y mettra nécessairement un terme. S'agit-il d'un pays sans vitalité, d'un peuple dégénéré qui décline , réduit à n'être plus qu'une "poussière d'individus" qu'un "ramassis de peuple", c'est la déchéance qui l'attend, c'est l'absorption progressive, l'assimilation, en un mot, la disparition totale et inéluctable. S'agit-il au contraire d'un peuple sain, vigoureux, que les compétitions internationales ou une crise momentanée ont forcées d'accepter la tutelle d'un État fort, la situation nécessairement inférieure qui lui est faite, le contact d'une civilisation plus avancée, détermine en lui une réaction salutaire : sous l'aiguillon de la nécessité qui se confond en l'espèce avec l'instinct de conservation, il entre résolument dans la voie du progrès, il brûle les étapes, une véritable régénération se produit en lui, et grâce à une judicieuse assimilation des principes et des méthodes de cette civilisation, il arrivera fatalement à réaliser, par étapes, son émancipation définitive. L'avenir dira si le peuple tunisien appartient à l'une ou l'autre catégorie." Une deuxième fois, dans un autre discours : "D'une poussière d'individus, d'un magma de tribus et de sous tribus tous courbés sous le joug de la résignation et du fatalisme j'ai fait un peuple de citoyens. OIT Juin 1973 Genève En réalité pour salir la mémoire de Bourguiba ses détracteurs ont omis délibérément d'ajouter les guillemets à l'expression "une poussière d'individus" pour lui en attribuer la paternité ! Alors qu'en fait, il reprend les termes employés par un colonialiste connu pour son arabophobie et pour son mépris pour les colonisés tunisiens! Il s'agit en l'occurrence de Victor De Carnières, arabophobe notoire. Cette expression est attibuée à Isocrate et a été également reprise par Bertolon . Par conséquent en employant cette périphrase, Bourguiba dénonce le mépris et le dédain clairement affichés par De Carnières!

pseudo - 09-04-2013 08:34

j 'ai écris la mème chose en devellopant moins et peut ètre avec moins de talent cette hagiographie sans aucun recul pour en tirer les leçons.oui Bourguiba a émancipé les femmes ; scolarisé .l 'ascenseur social fonctionnait car il n 'y avait pas une grande massification de l 'enseignement et le pays avait un besoin crucial de cadres.la massification de l 'enseignement sans vigilance du politique pour la qualité de l 'enseignement a engendré un enseignement à plusieurs vitesse selon l 'environnement social et le porte feuille des parents.il n 'y a plus de mixité sociale ni spatiale;ceci reste vrai aussi pour beaucoup de pays.Bourguiba il faut le replacer dans le contexte historique qui fut le sien celui de l 'Etat centralisé et du Parti Unique.H.B en Cote d 'Ivoire ,Tito en Yougoslavie.Bourguiba mème s 'il se plaisait a évoquer ses origines modestes venait d 'un milieu citadin son frére et lui mème faisaient du theètre. il a privilégié son terroir au détriment des regins du nord et u sud.Monastir devint une ville dotée d 'infrastrutures routes aéroport elle devint une destination touristique; le siège de la faculté de médecine et de pharmacien résumé il accentua le régionalisme.des études ont été faites sur la prépondérance politique du sahel.le développement était inégal et engendra l 'exode des ruraux paupérisées dans des bidonvilles ou quartier populaire.faites un sondage sur l 'origine spatiale des habitants des cités.les cartes géographiques parlent .nous avons d 'excellent géographes qui pourraient aider à mieux comprendre .On peut procéder par thème localisation des hopitaux taux de mortalité .les cartes geographiques parlnt et en disent plus long qu' un discours c 'est pour ça qu'elles furent interdites dans les états totalitaires on en fabriquait meme des faux en URSS Actuellement avec internet tout le monde a acces ux cartes encore faut il apprendre a les lire

mhamed Hassine Fantar - 09-04-2013 08:59

Il serait anachronique de juger la politique de nos prédécesseurs à l'aulne d'aujourd'hui, celui qui est le nôtre.Nous autres, citoyennes et citoyens avons le devoir de faire l'inventaire de ce que nous sommes au positif et au négatif et c'est dans cet inventaire que s'iscrit le legs que nous devons à Bourguiba, le combattant suprême.Il faut en faire la recension,réfléchir et agir pour sa fructification et sa croissance à l'aulne des valeurs universelles et des droits de l'homme au bénfice de la Tunisie tout entière c'est-à-dire de tous les citoyens, hommes et femmes.Quoi qu'en pensent certains, les nations, pour s'épanouir, ont besoins d'idéologie dynamique et avant-gardiste tout en sachant que sans mythes les nations risquent de mourir de froid.

Mahjoub Annick - 09-04-2013 09:37

Nous sommes gouvernés par des nains qui tremblent devant l'ombre portée d'un géant mort il y a plus de 13 années !

tounesnalbaya - 09-04-2013 10:05

BOURGUIBA était unique au monde, j'ai lu dans des livres, et des journaux, que plusieurs chefs d'état du monde, venaient demander conseil à BOURGUIBA, c'était un homme hors du commun.

béchir bouhlel - 09-04-2013 12:38

Ceux qui dénigrent le Parcours et la bataille de Bourguiba et de ses compagnons pour l'indépendance et la construction de l'Etat Tunisien, et le rapide développement vertical et horizontal de 1956 à 1968, seront versés sûrement à la poubelle de l'histoire. Rares parmi eux qui ont réussi leur vie privée, professionnelle ou politique. Bourguiba appartient à l'Histoire glorieuse de l Tunisie, il a grandement réussi à dévélopper la capacité de discernement du tunisien et allumer la flamme qui éclairent sa modération, sa clairvoyance, et son amour pour sa patrie.

khlifi - 09-04-2013 13:46

« Mais Bourguiba n'a jamais été démocrate ».C’est là une affirmation contestable car ceux qui l’ont côtoyé disent le contraire. Plus d’un a affirmé que Bourguiba changeait d’idée si son interlocuteur arrivait à le convaincre. Au début de l’Indépendance il y avait plus d’un partis jusqu’au fameux coup d’Etat. Au sein de son parti il y avait un dialogue du moins jusqu’à une certaine date. J’invite l’historien à être honnête et objectif et à se replacer dans le même environnement où a baigné Bourguiba. N’avait-il pas écrit lui-même : « J’estime, quant à moi, qu’il est raisonnable de toujours considérer les actes de ceux qui nous ont précédés avec l’éclairage de l’époque. Et je souhaite que ceux qui viendront après moi regardent tous mes comportements politiques dans le même état d’esprit, c’est-à-dire en se référant à la seule vérité qui compte: la réalité tunisienne du moment et l’intérêt profond du peuple. » Pour juger cet homme exceptionnel j’estime qu’il faudrait tenir compte de plusieurs facteurs. 1) L’Indépendance du pays est son œuvre aidé en cela par ses collaborateurs .Ceux qui disent que c’est l’œuvre du peuple. Soyons sérieux. Un peuple sans guide ne peut rien faire. Un exemple : La « révolution » du 14 janvier était sans guide, ni programme. Voyez dans quelle situation nous sommes ! Que de temps et d’argent perdus ! 2) Bourguiba est plus intelligent et plus courageux que ses collaborateurs. C’est un visionnaire. Rappelez-vous que du Haut Fort St Nicolas où il était emprisonné, il a intimé l’ordre à Habib Thameur de se ranger du côté des alliés et de se désolidariser de l’Axe, parce qu’il a voulu être du côté des vainqueurs pour pouvoir reprendre le combat. Le peuple et les cadres du parti étaient du côté des forces de l’Axe. Au Pouvoir, il a fait des choix historiques. La scolarisation gratuite des garçons et des filles, l’unification de la justice, la lutte préventive contre les épidémies, le code du statut personnel, le contrôle des naissances, la liberté d’entreprendre avec un système de redistribution des richesses et j’en passe. Ses choix se sont avérés concluants. Cela lui a donné confiance en lui-même et renforcé son égo. Si vous ajoutez à cela, que rares sont les personnalités qui ont eu le courage de le convaincre de la justesse de leurs choix parce qu’ils n’en avaient pas le courage ou tenaient à leurs propres intérêts et vous comprendrez que Bourguiba a maintenu ses choix. Seul Driss Guiga a reconnu sa lâcheté. C’est à son honneur. 3) Bourguiba qui a été l’artisan principal de l’Indépendance et de la fondation d’un Eta moderne, ne pouvait tolérer que « ses enfants » puissent détruire ces acquis d’où son intransigeance et les condamnations à mort qui suivirent le coup d’Etat. 4) Il était préoccupé par le développement intégral du pays et considérait que le pays n’avait pas de temps à perdre. L’histoire lui donne raison. Voyez le paysage politique que nous avons aujourd’hui après le 14 janvier. Qu’avons- nous fait de bien sur le plan économique et social hormis la liberté d’expression. Pouvait-il conduire le pays avec une armada de partis. Il a préféré l’union de tous les tunisiens dans un parti démocratique. 5) Mal conseillé par son entourage y compris ses proches et manque d’étoffe de ses collaborateurs, miné par la maladie savamment entretenue même par son épouse aux dires de son médecin personnel, Bourguiba a perdu les pédales. Tous auraient pu s’unir pour sauver le pays au lieu de n’avoir pour objectif que la volonté de lui succéder. 6) Je ne reproche au régime de Bourguiba que le recours à la torture. Il aurait pu se limiter à les emprisonner, à juste titre, dans l’intérêt du pays, sans recourir à ces pratiques barbares.

mounir - 09-04-2013 15:38

mon propos ne concerne pas la personnalité de Habib Bourguiba, bien que digne d'une attention particulière du début de son combat jusqu'à la fin de son règne. Il est plutôt dirigé vers nos historiens nos thésards et nos doctorants en la matière, il y a un énorme travail à faire pour concilier le tunisien avec son histoire pour lui apprendre d'où il vient afin qu'il soit en mesure de décider où il va, cette élite doit être vigilante, elle a dû subir tout au long de son parcours la propagande "bourguibienne" la profonde inculture de Ben Ali. Aujourd'hui, elle doit prendre garde de ne pas être étouffée par la mainmise de la manipulation et le mensonge de la pieuvre islamiste qui veut tout dominer, y compris l'histoire d'un peuple. Un peuple tellement riche de son histoire trois fois millénaire, tellement imprégné du respect de la différence du respect de l'autre,car l'autre est une partie de lui-même. Le Tunisien est une superposition savante et harmonieuse comme sa terre des pieds à la tête il est à la fois berbère carthaginois, romain ou byzantin et ainsi au fil de l'histoire il s'est enrichi jusqu'à devenir ce qu'il est, Tunisien avant d'être arabe mais riche de son arabité pour sa culture sa langue et sa finesse, sans pour autant pour autant que l'une des strate vienne étouffer les autres, c'est totalement contraire à l'évolution naturelle d'un peuple et tôt ou tard un jour ou l'autre ce qui est opprimé se révèle et resurgit d'une manière ou d'une autre en plein jour. Que les manipulateurs de l'histoire le sachent et le comprennent, mais en sont ils aptes? je doute fort que le port d'une coiffe quelle que soit sa nature soit propice à l'ouverture d'esprit et la réflexion. Vive la Tunisie métissée et libre

H. Dhoukar - 09-04-2013 16:19

— Sur la démocratie, il faut en effet replacer l'action de Bourguiba dans le contexte tunisien de l'époque, extérieur et intérieur. À l'échelle du monde arabe et dans le contexte de la décolonisation, c'est l'État national qui s'imposait partout avec son côité autoritaire et ses directives émanant du sommet. Dans le cadre de la Guerre froide et de la bipolarisation qui régnait, même la France gaullienne apparaissait aux yeux de l'opposition comme une "dictature"parce que tout reposait sur De Gaulle. La suite a montré, à partir des événements de mai 1968 jusqu'à aujourd'hui que la démocratie dans l'aire occidentale favorise les intérêts du plus fort, c'est-à-dire ceux des États-Unis (intégration de la France dans l'OTAN et abandon d'une politique autonome). Cela veut dire que la démocratie, dans le contexte historique et géopolitique se ressent des rapports de forces. Le meilleur exemple en est le Liban depuis longtemps un champ de bataille entre pays arabes : hier entre la Syrie et l'Irak et aujourd'hui entre l'Arabie saoudite et l'Iran.Partis, hommes politiques et médias sont clientélisés, sinon achetés. Dans les années du premier ministère M'Zali, l'ouverture démocratique a pareillement favorisé l'ingérence des riches voisins pétroliers en Tunisie et polarisé une partie de l'opposition en courants idéologiques, panarabe et (clandestinement) panislamique. À cela s'ajoute la fragilité de la texture sociale et culturelle tunisienne entre citadins aspirant à la démocratie aux échanges et à l'ouverture avec le monde moderne et les populations de l'intérieur repliées dans le cadre d'une économine agro-pastorale aux soubassements tribaux. C'est la fameuse bipolarité relevée par Ibn Khaldoun entre citadins et nomades, et dont l'archétypte est représenté par les figures des frères ennemis Caen et Abel. On ne pouvait, d'un coup de baguette magique changer en une génération de tels pesanteurs socio-historiques en agissant sur les contextes politiques extérieur et intérieur. Par contre, je suis d'accord avec un intervenant : l'usage de la torture était une abomination que rien ne peut justifier et dont furent victimes les meilleurs de nos jeunes et les plus idéalistes. Sur l'expression "poussière d'individs" sur laquelle on a beaucoup brodé, beaucoup n'ont pas compris ses profondeurs intellectuelles. Elle recouvre en fait une opposition civilisationnelle. la France colonisatrice était prête à accorder droits et libertés aux colonisés à titre individuel. Cela conduisait à l'assimilation dans laquelle Bourguiba voyait une introdiuction à la disparition progressive de la personnalité tunisienne et donc, de la Nation. C'est la raison pour laquelle, dans un article fameux, il s'était fait l'avocat du port du voile par les lycéennes tunisiennes contre la politique coloniale qui voulait imposer la disparition du voile (c'étaient, déjà, les socialistes). Nos historiens tunisiens qui sont remarquables pour la plupart sont au fait de toutes ces choses et de bien plus encore. Il faut leur donner la parole pour que le débat gagne toutes les couches et les générations de la société pour que l'on puisse replonger sereinement dans la pensée de Bourguiba qui est porteuse, à mon avis, d'une synthèse lumineuse entre la personnalité arabo-musulmane et la rationalité occidentale et dont le maître mot réside dans un accord constant entre la pensée et l'action qui favorise la clarté de l'une et de l'autre et permet le changement. Un homme seul, fut-il grand et génial ne peut tout faire, même entouré de quelques compagnons de grande valeur, quand il n'y a pas une relève.

drmohamedsellam - 09-04-2013 17:40

Bourguiba était-il démocrate ? Quand j’envoie mes enfants à l’école où ils sont à l’aise..quand ils sont bien soignés..quand ils sortent de la maison le matin et le soir ils y retournent sans aucun préjudice,sains et saufs…Quand ils sont bien nourris,bien habillés,confortablement logés..Alors dans ce cas ,que m’importe la démocratie ?La démocratie est un leurre,une chimère pour suborner les esprits..Un prologue à l’anarchie,aux discordes et aux dissensions sociales..La démocratie pour un peuple qui venait à peine de sortir à la lumière est un stratagème,une supercherie pour le réduire au silence !Car la démocratie,la vraie démocratie,n’a jamais existé et n’existera jamais dans les pays arabes qui cultivent l’Islam comme clef de voute de la société…/ drmohamedsellam

Mansour Lahyani - 09-04-2013 18:40

Driss Guiga rappelait, dans une interview télévisée qu'il avait posé à Bourguiba cette question :"Que pensez-vous de la démocratie ?" A quoi Bourguiba aurait répondu:" c'est le meilleur des régimes, mais les Tunisiens n'y sont pas encore prêts". Les événements que nous vivons depuis deux années font penser que le grand leader voyait vraiment loin ...

Mohamed Larbi Bouguerra - 09-04-2013 19:13

Merci à Si Hédi pour ce beau texte et pour la grave problématique qu'il pose. Elle me rappelle un article paru sur "Les Temps modernes" de J.P. Sartre dans les années 1960 alors que j'étais étudiant. Goldman (je ne sais plus lequel Lucien ou Pierre) qui a écrit que si les juifs ont subi l'holocauste nazi, c'est parce qu'ils se sont laissés faire et que, dans un sens, leur attitude (passivité, abandon..)faisait qu'ils l'ont bien mérité après tout. Enorme scandale évidemment. Je pense que dans notre cas, l'absolutisme des gouvernants est une donnée de notre inconscient national. Je me souviens de ceux qui disaient lors de la lutte pour l'indépendance que la France était trop forte pour nous en sortant le proverbe de "l'alène du cordonnier et la paume de la main" et ceux qui disaient "Younsr min sbah" expression de vassalité, de veulerie et de soumission. Enfin, la photo qui orne l'article de Si Hédi a été prise à Bizerte en 1952, je crois. Les deux personnes coiffées de la chéchia sur l'extrême gauche de ce document me sont personnellement connues. Je ne me souviens plus que du nom de celle qui est le plus à gauche: il s'agit de Si Abdesselam Bougatfa, fils de Si Tijani Bougatfa (dans les années 1950, épicier Rue de Lyon à Tunis, face aux pompiers ), frère du leader Habib Bougatfa, mort en exil en Italie. Abdesselam Bougatfa a fait des études à la Zitouna et a été fonctionnaire des Affaires Etrangères.

jawhar - 10-04-2013 10:32

Bourguiba a accompli une oeuvre colossale et a tout prévu pour la pérennité de son oeuvre sauf, sauf, sauf.........ses propres faiblesses dont il faut espérer qu'elles ne démolissent pas ce qu'il a construit!!!!!

Fathallah - 10-04-2013 12:56

Bourguiba était démocrate ou pas, ce n'est pas cela qui va changer la donne. De plus, personnellement, je me méfie de celles et ceux qui insultent et dénigrent UNE FOIS, puis font des LOUANGES, une autre fois. En un mot, ils sont "doublement méchants". Par ailleurs, pourquoi, s'accrocher à la démocratie de Bourguiba, n'y a t'il pas lieu de nous interroger sur la démocratie du tunisien, de façon générale, d'autant plus, lorsqu'il passe du statut d'un citoyen tout court à la qualité de Responsable, de quelque grade qu'il soit. J'estime que pour la majorité des tunisiens pour ne pas dire la totalité considère la démocratie comme une mode passagère. Les débats télévisés et animés par celles et ceux qui cherchent le Pouvoir rien que pour nous gouverner et nous offrir la démocratie au détriment de la promotion sociale et économique.

Dr. Néjib BOURAOUI (Politologue) - 10-04-2013 16:12

Le Bourguibisme n'est pas une idéologie, c'est un état d'esprit et une philosophie de la "comédie humaine" qui tourne autour de l'amour envers la Tunisie et du monde politique qui l'entoure. Pour Bourguiba, la Méditerranée devrait être un espace de paix, d'entente et de solidarité entre les civilisations, les peuples et les religions dans un concept de biculturalisme arabo-musulman et chrétien. Le Bourguibisme à l'échelle tunisienne était la promotion de l'homme (éducation, santé, émancipation de la femme,...). Les seules défaillances du Bourguibisme en Tunisie étaient la dictature du parti unique et l'hégémonie égocentrique du combattant suprême!

chaghal - 11-04-2013 18:06

Lisez mon article sur le journal La Presse du 9 avril et vous aurez un début de réponse à propos de la démocratie.De toute façon sil l'actuel gouvernement ne réussit pas la transition démocratique , ce n'est pas uniquement Bourguiba d'il y a 30 ans qui aurait raison...Vous avez oublié dans les réalisations de Bourguiba une des plus importantes à savoir l'unification des tribunaux.

Hammadi - 13-04-2013 14:06

Ce qu'on appelle "Le Bourguibisme" est une stratégie qui a été appliquée de 1956 à environ 1968 à la Tunisie et lui a permis un essor exceptionnel avant que le "Fssed" ne s'instaure et commence à tout détruire lentement puis de plus en plus renforcé surtout avec l'erreur fatidique de la présidence à vie. Ce Bourguibisme originel est le fruit de la réflexion de plusieurs experts tunisiens (Moufakirin) mais également plusieurs amis de la Tunisie qui étaient européens et américains. Cette stratégie n'a pas été instaurée au hasard mais de manière très réfléchie pour pouvoir développer un pays aux ressources naturelles très pauvres. On va tourner en rond, se faire beaucoup de dégâts pour s’apercevoir que ce qui marchera le mieux pour la Tunisie, c'est le BOURGUIBISME ORIGINEL. Bourguiba a eu l'intelligence d'adopter cette stratégie parce qu'il a compris qu'elle était la plus adaptée à notre pays.

lepauvre - 15-04-2013 01:45

Au milieu du peuple sans protection et à voix naturelle sur une chaise. Pour orienter les esprits. Quel grand homme .Qui peut faire de même ce jour. Si les Tunisiens arrivent à réussir le coup de poker qu’ils sont en train de jouer. Ca sera grâce à cet homme qui a fait la différence. Je ne sais si on lui a rendu ce que nous lui devons.

lepauvre - 15-04-2013 02:05

Observez l’inquietude qu’il ya sur les visages des Tunisiens ce jour la ?

imed - 11-04-2016 01:33

Dépassionnez , dépassionnez braves gens . Bourguiba est décédé . Paix à son âme . Cet homme a fait de belles choses que l'on va retenir et améliorer et d'autres moins heureuses qu'on va comprendre et dépasser et c'est tout . L'important aujourd'hui est de préserver l'unité nationale et d'aller bon train dans le sens de l'édification d'une grande démocratie qui cloturera 3000 de civilisation .ok ? Ok !

el khlifi mokhtar - 13-04-2016 11:50

"Pourquoi cet homme d'exception, dont l'esprit s'est formé au contact des écrits des philosophes des lumières (Montesquieu, Diderot, Rousseau, Voltaire) s'était-il toujours refusé à «injecter» la démocratie, même à doses homéopathiques, comme le lui proposait le célèbre juriste français, Maurice Duverger ? Bourguiba aimait à dire que la démocratie ne se décrétait pas mais se méritait. Sous son long règne, les Tunisiens ont eu droit à l'instruction, à la santé, à la mobilité sociale, mais jamais à la démocratie tout simplement parce qu'il pensait, sincèrement, qu'ils ne la méritaient pas." Je pense que Bourguiba avait raison de ne pas opter pour la démocratie.Il était pressé par le temps dans sa course contre la montre pour reconstruire un Etat et tirer son pays du sous-développement étant rappelé que les pays ayant fraîchement acquis leur indépendance ont opté, dans leur grande majorité, pour le parti unique.Les événements que nous vivons actuellement justifient, si besoin est, le bon choix fait par Bourguiba. Les partis politiques et les organisations nationales ne sont pas encore parvenus à s'entendre sur un dénominateur commun et ne visent que l’accès au Pouvoir, à des fins personnelles ou idéologique. Nous avons encore besoin, je crois, d'une concentration de Pouvoirs entre les mains d'un homme ou d'un groupe d'hommes éclairés de l'envergure de Bourguiba.La généralisation du savoir, le relèvement du niveau économique et social du citoyen, la suppression des inégalités sociales criantes, le rétablissement de la valeur du travail, sont les conditions minimales nécessaires pour le développement d'une véritable démocratie.

rzouga - 21-06-2016 13:28

Après les Barcides, St Augustin, Ibn Khaldoun voilà que notre pays nous enfante un Bourguiba, un géant des temps modernes pour nous extirper des méandres de 6 ou 7 siècles de décadence. Bourguiba n'est pas venu les mains vides mais avec un programme colossal qu'il a appliqué en 10 ans. "démocratie ne se décrétait pas mais se méritait" cette réflexion ou équation est toujours vérifiable surtout après le vent de liberté du 14 janvier et on voit combien est difficile la pratique de la démocratie dans un pays où nombreux citoyens ne saisissent pas encore le subtil équilibre existant entre le Devoir et le Droit. Ce-ci dit, Bourguiba a forcé le destin pour nous laisser un legs incommensurable qui a commencé d'abord par notre prise de consciences. Pour ce qui est poussière d'individus il a d'abord expliqué comment des siècles de décadence ont transformé le tunisien en sous homme ou en "poussière" sillonnant le pays derrière un troupeau chétif; il a eu le courage d'inventer et d'aider à faire renaître de ses cendres un nouveau tunisien (femme ou homme) conscient de sa personnalité, libre dans son esprit et capable un tant soit de prendre son destin en main. A nous donc de continuer sur cette voie et de redorer notre blason et cela commence par une seule voix: le civisme et la valeur travail avec au bout un rêve ou un mythe!

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