Opinions - 27.03.2013

Tunisie, divagations et ambitions !!

Lorsqu’on évoque les objectifs de la révolution Tunisienne, on évoque la liberté, l’état de droit, la lutte contre la corruption, le développement économique et social mais on évoque surtout la réduction du chômage et en particulier ceuxdes jeunes diplômés du supérieur et le besoin d’une meilleure visibilité à l’horizon pour les futures générations …

Aucune de ces revendications ne peut être résolue sans faire appel à un plan national basé sur la cohésion nationale pour définir avec transparence et engagement les priorités essentielles pour la prochaine décennie.
Nous avons pour cela deux choix possibles, soit laisser les choses s’envenimer, sans avoir le courage de les résoudre, laisser l’anarchie prendre le dessus, aller vers les solutions faciles, ponctuelles et laisser le pays errer aux grès des vents, une fois les vents de l’Est menant dans le désordre vers la division sociale, l’obscurantisme et la guerre civile une autre fois les vents de l’Ouest laissant le champs libre aux interventions des puissances étrangères dans le cadre de « l’aménagement »d’un nouvel ordre mondial dans lequel nous n’aurions pas à définir notre destin…

Les premières années post-révolution, ont été accaparées par les juristes et les politiques par la force des choses car à l’aube de la révolution. Ils ontfortement occupé la scène médiatique car les seuls projets en vue étaient essentiellement politiques (élections, petite constitution, pouvoir, échecs, Justice transitionnelle,brouillons de constitution, calendrier, réélections,…).Le constat est que le nouvel équilibre des forces politiques se dessine,aussi bien que mal, avec un apprentissage parfois difficile au prix de vagues de violences et entraves à la démocratie ou encore plus grave des tentatives de division sociale…

Cependant, le renversement des tendances pour répondre aux revendications de la révolution et de la population ne peuvent se faire que par la réalisation d’une croissance économique durable basée sur la sécurité, l’état de droit, lecivisme, le travail et la production du progrès. Or quiconque veut aborder ces problèmes doit avoir à l’esprit deux réalités :
Premièrement, cela ne pourrait se réaliser sans faire appel à l’éthique comme nouvelle culture, à la science et à la technologie dans toutes les disciplines et par conséquent aux acteurs et experts de chaque discipline pour proposer des réformes et un plan global et cohérent exceptionnel de relance…

Deuxièmement, l’application de ce planen matière d’exécution dépend des compétences et de la cohésion de la population autour des solutions proposées. Le premier est le rôle principal du système de formation ou de mise à niveau et le second et le rôle des acteurs politiques et administratifs.

Bien évidemment, la Tunisie, depuis des décennies, a investi dans les ressources humaines et dans l’établissement d’un système d’enseignement pour répondre aux objectifs de développements internes. Notre système a ainsi produits des techniciens, des ingénieurs, des instituteurs, des médecins, des sociologues, des artistes … pour satisfaire les besoins en compétences et pour s’approprier convenablement le développement des sciences et des technologies dans les divers secteurs.Mais notre système est-il toujours aussi solide et efficace ? répond-il encore aux besoins urgents et futurs de notre pays ? Y-a-t-il vraiment un surplus de production ou une mauvaise adaptation aux besoins nationaux et internationaux ?Notre économie évolue-t-elle pour faire du progrès ? Faut-il viser de nouveaux marchés ? Lesquels ? Comment ?

La révolution Tunisienne doit être l’occasion d’une prise de conscience croissante par les différents acteurs de la société. En premier, la nécessité de reprendre une réflexion sérieuse et courageuse sur notre système éducatif afin de réduire le chômage par la création du progrès, de la qualité et non par le recrutement démesuré des diplômés. En second, le besoin deréunir tous les acteurs, sans exclusion, autour des nouvelles orientations économiques et de développement à définir pour le payscomme :
• Comment  devenir une plateforme pour le développement du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne ?
• Comment  optimiser l’exploitation de nos ressources agricoles, énergétiques, hydriques ?
• Comment  valoriser notre patrimoine et nos ressources humaines sur le plan national et international ?
• Comment  externaliser nos compétences et nos réussites pour s’octroyer de nouveaux marchés ?
• Comment  créer une nouvelle génération de promoteurs et d’entreprises : innovants, mobiles et efficaces…
Il est urgent

de mettre le pays en action de réflexion sur les futurs défis si nous voulons sortir de notre fausse crise identitaire et de régression. L’Avenir est ailleurs !!

Evidement à l’heure où j’écris ce papier j’apprends qu’un gosse tunisien de 10 ans vient d’être tué en Syrie  au « Jihad », que le taux de suicide a fortement augmenté, qu’un amendement pour rétablir la polygamie va être probablement proposé… mais aussi qu’un syndicat de base d’universitaires dénonce, avec hypocrisie, la visite des ambassadeurs de pays occidentaux, là où ils ont probablement fait leurs études,aux universités tunisiennes mais se tait sur celles des wahabites aux mêmes universités… Ces signes de désespoir, de manque de réalisme et de vision,doivent renforcer encore plus notre conviction que les différents acteurs de ce pays et sa jeunesse doivent sortir de leur stupéfaction et bouger chacun dans son secteur, dans sa région, pour proposer, écrire, mener une réflexion comment voit-on l’avenir de la TUNISIE..et dessiner pour notre pays un nouvel espoir.

Kamel Besbes,
Universitaire