News - 07.03.2013

Jellal Ben Abdallah Sous l'artifice, la simplicité

Monumental ! Rarement un artiste-peintre tunisien aura bénéficié d’un ouvrage aussi volumineux, aussi dense, aussi attractif. Jellal Ben Abdallah le mérite bien et le doit à un médecin, féru d’art et de culture, Dr Amin Bouker, qui s’y est dédié de longues années durant, gagnant l’amitié et la confiance du grand Maître. Il est en effet l’un des rares admis dans l’intimité de l’artiste et le secret de l’atelier à Sidi Bou Saïd, observant ses outils, découvrant ses rites, contemplant ses carnets, dessins, crayonnages les moins connus et ses œuvres. Son témoignage prend alors une signification particulière qui s’ajoute au récit du parcours de Ben Abdallah. La préface, par Chedli Klibi, nous plonge en direct dans cette magie exceptionnelle des formes et des couleurs de ces tableaux «toujours recommencés».

En pas moins de 600 pages, grand format, soigneusement illustrées en véritable rétrospective, l’auteur commence par restituer le parcours de Jellal, enfant de la médina de Tunis et du village des pêcheurs, Sidi Bou Saïd, féru dès son enfance de dessin, parti à Paris, Rome, Stockholm, fréquentant de grands maîtres et affinant son talent. Ce chapitre intitulé «De l’enfance à la maturité» est particulièrement instructif quant à la naissance d’une vocation exceptionnelle et son affirmation. Amin Bouker traitera ensuite des thèmes récurrents que sont chez Ben Abdallah la femme ou la figuration onirique, la vie secrète des natures mortes, la mer, toujours, la musique des yeux, le pré aux chevaux et les oiseaux.

Il nous introduit ensuite dans l’intime et secret : l’atelier, alcôve des sens, les esquisses : études de style, Latifa, l’autre soi-même, l’énigme de Sidi Bou Saïd, et sa passion pour les échecs, quand la nature déplace les pions. La dernière partie est encore plus passionnante, nous faisant découvrir Ben Abdallah, l’insolite. On y lit un manifeste du surréalisme discret, l’œuvre finie, l’œuvre inachevée et l’éloge de la fadeur, pour terminer avec «seul le silence est grand… ». Un véritable voyage au cœur d’une passion, d’une génération et d’un grand talent. Un réel plaisir à lire les textes et à contempler l’œuvre. Un ouvrage de grande qualité qui marquera l’édition d’art tunisienne.

Jellal Ben Abdallah
sous l’artifice, la simplicité

d’Amin Bouker
Diffusion: Cérès, 2013, 610 p.


 

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