Notes & Docs - 01.02.2013

Emploi et chômage en Tunisie : une problématique posée avec audace et perspicacité

Enfin, voilà quelqu’un qui, avec beaucoup d’audace et de perspicacité, pose clairement le problème de l’emploi, et par là du chômage en Tunisie, sous toutes ses dimensions. En effet, dans cette étude, Habib Touhami a réussi parfaitement à faire ressortir la terrible complexité de ce problème.

En premier lieu, Habib Touhami a bien expliqué la dramatique inadéquation entre deux variables à effets  différés (l’effectif des actifs et les sortants de l’enseignement), d’une part, et une variable à effet immédiat (le volume de créations d’emplois), d’autre part. Les nouvelles naissances mettent au moins une quinzaine d’années pour se présenter sur le marché de travail comme premiers demandeurs d’emploi. De même, les nouveaux inscrits dans l’enseignement primaire ne se manifestent sur le marché de travail qu’après une longue période qui va de dix à vingt ans. Par contre, le volume de créations d’emplois est le résultat d’effets de court terme, relevant surtout de la croissance, de l’investissement, et de la politique budgétaire.

En Tunisie, cette dichotomie entre le structurel et le conjoncturel ne cesse de s’accentuer à cause surtout du dysfonctionnement du notre système éducatif. Vu le modèle économique régnant dans le pays (activités de sous-traitance de faible valeur ajoutée), le tissu économique ne génère en majorité que des emplois de faibles qualification. Or, notre système éducatif ne cesse de déverser sur le marché de travail des masses de diplômés du supérieur de mauvaise qualité et déconnectés des besoins de l’économie. Une potentielle réforme de ce système éducatif, même pertinente, ne peut donner ses fruits qu’à très long terme. Entretemps, la gestion du stock de chômeurs en progression nécessite des sacrifices mutuels de la part de la collectivité nationale, dont aucun des partenaires sociaux (Etat, patrons, et salariés permanents) n’est conscient.

Dans le même sillage, Habib Touhami souligne la multitude de mythes qui rendent encore plus opaque la perception du problème de l’emploi et du chômage. Le mythe le plus grave, et donc le plus destructeur, est celui octroyant à l’Etat une capacité illimitée de créations d’emplois. Ce mythe est très répandu non seulement parmi les communs de citoyens mais aussi et surtout parmi l’élite dirigeante. Il en résulte un cafouillage total dans les dites « politiques de l’emploi ». Entre autres, on accable doublement le budget de l’Etat : des avantages financiers pour le patronat et des fausses créations d’emplois dans la fonction publique. Par ailleurs, les gouvernements n’ont cessé de multiplier les « programmes d’emploi » générant des emplois en bonne partie éphémères et chimérique.

L’actuel gouvernement est allé encore plus loin en multipliant les créations d’emplois fallacieux, dans une optique purement électoraliste.  Simultanément, les patrons rechignent à consolider structurellement l’encadrement de leur personnel. Quant aux salariés occupés, ils ne cessent d’exiger l’actualisation irréfléchie des salaires, quitte à provoquer la destruction d’une partie des emplois existants.

Victime d’innombrables mythes, la collectivité nationale semble être prise d’hystérie face à cette inextricable question de l’emploi et du chômage. Que cette réflexion d'Habib Touhami contribue à enclencher un réel débat national, calme et raisonné, sur cette question.  

Hassine DIMASSI

 

Tags : chomage   emploi  
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2 Commentaires
Les Commentaires
Intégrity & transparency tunisie - 05-02-2013 21:30

l'analyse de Mr H-touhami est soudée et structurée sans faille; il coiffe le secteur de l'emploi dans sa globalité et sa complexité ainsi dans ses dysfonctions si graves et désastreuses sur l'économie et la stabilité. Mr touhami avait peut etre omis ou sous estimé d'inclure la dimension institutinnelle de la superstructure dans son agréable analyse, cette dimension de taille pouvant avoir des répercussions directes positivement ou négativement sur la question si cruciale et au coeur meme du drame de l'emploi-et du développement durable et perpétuel qui se joue aujourd'hui au grand jour , dont les effets pourront entrainé un dérglement et inadéquation des équilibres des composantes majeurs du modèle de développement tels que les grands agrégats PIB - consommation - production - Taux de salaires - Epargne- - investissement - politique et les taux d'impots et de Douanes - tarif des services généraux communs ayant des effets directs sur les prix de revient à la production et à la consommation etc... tout ceci est dus généralement au mauvais choix du systéme institutionnel qui régit les rapports entre ses agrégats et par conséquence des effets sur les activités économiques et sociales / certes les ggouvernements en place ne cessaient de multiplier les emplois mais des emplois ephémères ? car le véritable problème ne réside point dans les dysfonctions structurel et fonctionnels comme on pourrat y croire et auquel il plus facile d'en résourdre et lui trouver des solutions en un clin d'oeuil? à mon avis réside plus tot dans les dysfonctions institutionnels de tout l'appareil d'Etat dans ses équilibres de développement et leur rapports non intelligibles notamment la politique fiscale , la nature et esprit des procédures de l'administration et sa philosophie , politique des salaires , des prix , l'emprunt, l'investissement , politique de la sécurité sociale, tas d'autres consédérations ultimes qui s'interfèrent et qui sont sous-jaçents à la politique globale tels que la politique d'urbanisation qui encourage l'eclosion ou décourage le blocage des ressources et de la richesse de la nation/ Avons besoin d'une politique "douverture" sur le monde et l'homme et ses appartenance groupal multiples, entant que levier essentiel et dynamo de l'évolution et du développement

bechir toukabri - 11-02-2013 12:57

Nous n'avons pas besoin aujourd'hui d'analyse universitaire fumeuse, même si elle comporte des remarques pertinentes sur la réalité du problème de l'emploi? Il est bizarre que l'auteur ne cite pas le rôle primordial que peut jouer ceux qui possède le capital ou les entreprises? D'ailleurs ces derniers sont restés muets depuis le révolution? S4ils ont peur que la révolution du 14 janvier aboutisse à une voie socialiste, ils se sont trompé? Et aveC les islamistes ils peuvent être tranquilles? Tous régimes islamistes ose sont accomodés avec le système capitaliste?

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