News - 01.07.2009

Compétences tunisiennes à l'étranger: comment capitaliser sur ce gisement?

Sami Zaoui AutgeCombien sont-ils ? Que font-ils et quelles sont leurs intentions quant à la poursuite de leur expérience à l’étranger et leur retour en Tunisie ? Sami Zaoui, président de l’ATUGE présente une analyse détaillée, nourrie par les résultats d’une enquête instructive et enrichie par une série de propositions utiles, ouvertes au débat.

Ils sont pas moins de 110 000 cadres, hommes d’affaires, ingénieurs, enseignants et chercheurs tunisiens établis à l’étranger, estime Sami Zaoui et très attachés à leurs origines et à leur identité. La communauté tunisienne émigrée, au nombre de 1 060 000 personnes, se concentre essentiellement en France (55%) et dans les autres pays européens (28%), avec une montée progressive significative dans les pays arabes (15%).

Des réseaux structurés à développer davantage

Au sein de cette communauté, la part des hauts cadres ne cesse d’évoluer et des réseaux associatifs spécialisés se multiplient à l’instar de l’ATUGE. Fondée en 1990, très structurée et très intégrée, elle revendique 3500 membres et s’appuie sur trois grandes implantations : la France, le Royaume Uni et la Tunisie. L’ATUGE entretient « une activité riche et diversifiée » marquée notamment par le grand forum annuel qui se déroule chaque été à Tunis pendant 3 jours.

D’autres associations, moins nombreuses en adhérents mais actives, déploient des efforts méritoires. Il s’agit notamment de l’Association des Chercheurs et Enseignants Tunisiens en France (ACETEF), fondée en 1992, et groupant une centaine de membres, la British Tunisian Society, en Grande Bretagne, la Tunisian Scientifc Society (TSS), aux Etats-Unis et la TAG/TWG en Allemagne.

Déjà en poste, dans des  secteurs clefs mais aussi très diversifiés

Cherchant à mieux cerner le profil et les intentions professionnelles des compétences tunisiennes à l’étranger, l’ATUGE avait mené l’année dernière une enquête qui a porté sur 700 répondants. Selon les résultats présentés, 61% des enquêtés exercent une activité professionnelle (contre 11% de doctorants et 26% d’étudiants), 70% de cette population est masculine. La répartition géographique est très diversifiée, avec une forte concentration en France (61%) et une présence significative en Allemagne (7%) et au Royaume Uni (4%). Les Etats-Unis sont à 2%, le Canada  et l’Asie à 1% chacun.

L’enquête a également révélé que 60% de ces compétences alignent une expérience professionnelle de plus de 2 ans, avec une forte proportion pour le Conseil (9%), la Finance et la gestion (9%), la R&D (9%) et l’informatique (14%), avec cependant une large diversifications dans les autres métiers (59%).

Rester ou rentrer ?

Interrogés sur leurs intentions de poursuivre leur installation à l’étranger ou de retourner en Tunisie, plus de 60% des sondés « accordent un intérêt particulier à leur expérience internationale en cours » et « perçoivent un manque d’opportunités et une insuffisance des conditions de travail en Tunisie ». Les raisons de non-retour s’expliquent également par les conditions financières (49,2%) et la qualité de vie (32,9%).

Quant aux motivations pour le retour, seuls 28% des sondés citent l’évolution de carrière et l’environnement de travail stimulant. Par ailleurs, les facteurs familiaux sont à 53,3%, la rémunération intéressante à 39,7% et un poste de responsabilité à 38%.

Un apport précieux


Quel apport de ces compétences pour la Tunisie ? D’abord en qualité de vecteurs de transfert inverse de technologies, mais aussi de porteurs de projets innovants. Sami Zaoui, tout en signalant des success stories significatives (Telnet de Mohamed Frikha, etc.), relève cependant que les flux sont discontinus. Il déplore également le manque d’incitations spécifiques et la prédominance d’une image biaisée du climat d’affaires.

Poussant son analyse, il signale un nombre très faibles de relais organisés à l’étranger, avec peu de structures jouant ce rôle explicitement et une pratique réduite à un One on One Networking, au lieu de brasser plus largement.

Structurer, entretenir, solliciter

Les recommandations de Sami Zaoui sont claires : structurer les réseaux à travers des initiatives privées. L’Etat y apportera, sans s’y immiscer, son soutien, notamment financier, en jouant surtout un rôle d’amorçage.

Il convient également d’entretenir la relation à travers de multiples initiatives telles que les forums, Networking events et autres, tout en continuant sans cesse à solliciter les différents réseaux et les mettre en synergie.

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