Notes & Docs - 07.03.2009

L'Atlas des Sols tunisiens

Beaucoup de Tunisiens ne le savent pas. Le pédologue Amor Mtimet a doté la Tunisie dès 1999 du 1er Atlas des sols. André Fournet, consultant international et auteur de la 1ère carte pédologique au 1/500.000 du Nord de la  Tunisie (1957), nous présenre cet excellent ouvrage.

Pendant une vingtaine d’années, après l’indépendance de la Tunisie, la Direction des Sols du Ministère de l’Agriculture a procédé à un inventaire des sols de l’ensemble du pays, définissant leur typologie et une première potentialité agronomique pour leur mise en valeur. Il en est résulté une première carte au 1/500.000 ° des sols de la Tunisie (1973).

Le nouvel Atlas, ici présenté par A. Mtimet ingénieur pédoloque de l’ORSTOM et Docteur de l’Université Pierre et Marie Curie (Paris) en pédologie et aménagement des terres, est le fruit d’une expérience de plus de 20 années acquise en grande partie sur le terrain. Il apporte au précédent inventaire un complément d’information sur les sols du sud tunisien.

Surtout, les données quantifiées qu’il rassemble concernant les groupes de sols permettant désormais une appréciation globale de leurs aptitudes agricoles dans chacune des régions bioclimatiques qui s’étagent du Nord au Sud de la Tunisie. Elles permettent d’envisager une meilleure répartition possible des surfaces à distribuer aux cultures céréalières et fourragères, aux cultures maraichères sous irrigation, à l’arboriculture, aux forêts ainsi qu’aux pâturages naturels destinés aux parcours des troupeaux.

Voici quelques années déjà, le Service des Sols a diversifié ses activités. A cet effet, il s'est ouvert aux ingénieurs qui accomplissent leurs études à l’Institut National Agronomique de Tunisie et qui sont appelés à gérer, dans le pays, chacune des circonscriptions (arrondissements) du Ministère de l’Agriculture.

La tâche qui leur est confiée, consiste à acquérir une meilleure connaissance des caractéristiques physiques et chimiques des sols ainsi que celle des facteurs limitant leurs possibilités de mise en culture en fonction des données minéralogiques, hydrologiques et climatiques de chaque région. Dans cet Atlas, la description des profils pédologiques cités région par région, expriment quelques unes des observations recueillies au cours de ces travaux.

Cette même ouverture du Service des Sols a permis d’établir une coopération de travail entre lui, l’Institut National Agronomique de Tunisie et le Laboratoire des sciences de la terre à l’Université de Tunis. Au cours des  laboratoire scienétudes de 3è cycle ou de Doctorat, des Ingénieurs chercheurs ont pu, par des études de laboratoire ou de terrain, examiner comment mieux utiliser les potentialités  pétrologiques et organiques de différents types de sols, voire de contourner ou de dépasser certains facteurs limitant les différentes associations sol/plante. Enfin, ils ont également recherché, quels meilleurs choix d’association sol/plante seraient capables d’améliorer la production agricole pour satisfaire les besoins alimentaires de la population (sécurité alimentaire). Là encore, cet Atlas présente une description de profils de sols spécialement choisis pour ces expérimentations.

Par ailleurs, l’étude du matériau loessique piégé dans les monts de Matmata situé au Sud de la région des Grands Chotts tunisiens et à proximité de l’Erg Oriental Saharien, inaugure une intéressante recherche conjuguée entre les études pédogénétiques et sédimentologiques. Elle amorce ainsi un échange à développer entre les laboratoires de la Direction des Sols, et ceux du Développement de Géologie à la Faculté des Sciences de Tunis ou d’autres Laboratoires  étrangers notamment en minéralogie.

Enfin la datation de différentes couches des  formations superficielles issues de la sédimentation ou de la pédogenèse des périodes quaternaires antérieures à l’état actuel de la surface du territoire tunisien peut permettre des comparaisons paléogéographiques et paléoclimatiques intéressantes pour apprécier et quantifier l’évolution de cette surface au regard, par exemple, de l’érosion des sols ou bien de la circulation des solutions salines (carbonates, sulfates, chlorures). au niveau de l’interface eau/atmosphère dans ces mêmes sols.

Une contribution des géomorphologues à de tels programmes de travail serait susceptible d’apporter des perspectives nouvelles à ces recherches. Les données, ainsi acquises, pourraient orienter une meilleure conservation ou une meilleure valorisation des sols tunisiens en Agriculture mais aussi en Urbanisation et en travaux de Génie civil ou rural.

Il est alors facile d’imaginer la contribution que pourrait apporter la science pédologique à l’étude de l’environnement s’agissant au niveau des sols, soit de remédier aux différentes pollutions provenant de déchets industriels ou d’épandages agricoles, soit de repérer des pollutions extérieures au pays, véhiculées par l’atmosphère et fixées dans ces mêmes sols.

Etant donné les nouvelles perspectives qu’apportent les informations et résultats rassemblés dans cet Atlas, on ne peut qu’encourager la diversification des études et travaux entrepris par les ingénieurs et chercheurs pédologues dans le cadre de  la Direction des Sols de Tunisie.

Et l’on doit ici remercier l’auteur de cet Atlas qui a si bien mis en évidence la base de données acquises par le service tunisien des sols depuis quelques vingt cinq ans, et laisse entrevoir les possibilités diverses qu’elle offre pour la mise en valeur et le développement de la Tunisie de même que les échanges qu’elle peut favoriser avec les autres régions du Maghreb.