Opinions - 16.02.2009

Saint Valentin est-il né enTunisie?

Saint Valentin est-il né enTunisie?

Depuis quelques jours, en butinant de magasin en magasin il m’a semblé que tous les espaces dédiés au commerce etaient habillés de rouge, ornés des formes de cœurs et de cupidons ailés. Ne s’arrêtant pas là, le phénomène, s’étend sur tous les supports de communications disponibles, internet, TV, radios, affiches,… je précise bien nationales.

Mais de quoi s’agit-il en fait ? De la Saint Valentin pardi.  La fête de l’amour, une fête que je n’arrive pas à associer ni à nos fêtes religieuses, ni à nos fêtes nationales.

Comme tout travail de recherche, j’ai bien voulu commencer par fouiner dans l’histoire dans l’espoir de retrouver les origines de ce jour.

Le patron des fiancées, comme on le nomme est un personnage qui est associé à plusieurs récits légendaires que les historiens même n’arrivent pas à authentifier ni même à identifier dans les histoires anciennes,  le rapprochement entre la Saint Valentin et l’amour courtois et renvoient  même à l’existence d’au moins sept Valentins dont trois  les plus reconnus.  Le Valentin de Rome qui a été décapité pour désobéissance aux ordres de l’empereur Claude II abolissant le mariage. Ce martyr donnait secrètement sa bénédiction de mariage pour les fiancés. Le Valentin évêque et martyr de Terni, dont la fête correspond symboliquement à la date où débute l'accouplement des oiseaux et le Valentin de Rhétie et qui est invoqué pour la guérison de l'épilepsie.

Et c’est le 14 février 498, date de la messe commémorative du martyr Valentin, que le pape
Gelase Ier  a ordonné la célébration de cette fête.

Néanmoins, la première mention de la Saint-Valentin avec une connotation amoureuse remonte au XIVe siècle en Angleterre et en France et il est probable que nombre de légendes sur la Saint-Valentin aient été inventées pendant cette période.

Mais où en sommes-nous arabes, tunisiens, musulmans, de tous ces récits? existe-il parmi les martyrs perdus dans les dédales de l’histoire un Valentin arabe ou encore Tunisien pour qu’on lui exprime toute cette reconnaissance que nous n’avons jamais manifesté pour les grands personnages qui ont marqué notre histoire et notre vécu.

Les historiens n’ont pas réussi à lui trouver une trace réelle dans l’histoire, c’est peut être qu’ils n’ont pas su chercher car il me semble que les origines de ce saint non encore identifié pourraient bien nous appartenir peut être dans nos vieux contes que par malchance ma grand-mère a omis de me raconter, ou sous une des coupoles d’un marabout abandonné, ne sommes-nous pas connus pour notre capacité à trouver une ascendance arabe à tout ce que l’humanité compte comme génies ? Ce n’est pas ce malheureux valentin qui va nous faire buter.    
     
Cette vénération pour le Saint des amoureux, n’est finalement que l’illustration d’une déculturation, un déracinement au profit d’un prétendu modernisme, une ouverture culturelle davantage subie que voulue.
 

Khadija Saidi