News - 08.12.2015

Russie-Monde islamique: comment combattre le terrorisme?

Russie-Monde islamique: comment combattre le terrorisme?

Moscou, de l'envoyé spécial de Leaders Abdelhafidh Harguem - Dans le cadre des activités du Groupe de Vision Stratégique Russie-Monde islamique se tient à Moscou, les 8 et 9 décembre courant, un colloque groupant des journalistes de pays islamiques appelés à débattre des moyens susceptibles de combattre l'extrémisme et le terrorisme.Ce colloque intervient six mois après la réunion du Groupe dont les autorités russes ont décidé la réactivation après une assez longue interruption de ses travaux.

Ce Groupe a été créé en 2006,après l'adhésion,en tant que membre observateur à l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), de la Russie qui compte près de 20 millions de musulmans, sur une population de 147 millions d'habitants.

Organe consultatif dont le but  est d'élargir le champ de la coopération entre la Russie et le Monde Islamique dans les divers domaines, il est composé notamment de représentants d'une quinzaine de pays musulmans, de l'OCI et de personnalités religieuses, dont le Président du Conseil des muftis de Russie.

Dans un message adressé au Groupe lors de sa réunion le 11 juin dernier, le Président Vladimir Poutine a considéré que les États islamiques étaient des partenaires importants de la Russie " dans la promotion du dialogue interculturel, la défense de la diversité des voies de développement et des modèles civilisationnels". Il s'est dit sérieusement préoccupé par l'escalade du terrorisme et de l'extrémisme et des conflits sanglants, faisant allusion notamment au conflit syrien.

 Il va sans dire que la lutte anti-terroriste constitue aujourd'hui un dossier brûlant auquel la Russie accorde un intérêt particulier .Elle justifie son intervention militaire en Syrie par l'impérieuse nécessité de s'attaquer aux positions de Daech qui contrôle de vastes territoires dans ce pays et en Irak et dont l'ensemble représente à peu près la superficie de la Grande Bretagne, de manière à mettre un frein à l'avancée de cette organisation terroriste que la coalition internationale, conduite par les États Unis a échoué à désagréger.

Aussi la Russie a-t-elle mené une action diplomatique en vue de privilégier un règlement politique de la crise syrienne ,en s'efforçant de convaincre Washington et les pays européens de la thèse qu'elle défend, et selon laquelle la chute du régime de Bachar Assad et le démantèlement des structures de l'Etat syrien et de son armée ne serviraient en fin de compte que les intérêts de Daech.

L'incident de l'avion charter russe qui a explosé le 31 octobre dernier en plein vol dans le Sinaï égyptien a conforté davantage la détermination de Moscou d'aller de l'avant dans sa guerre contre Daech.

Toutefois,la Russie met en avant la dimension universelle de la lutte anti-terroriste.Cette dimension, le Président Vladimir Poutine l'a fortement soulignée dans son discours, le jeudi 3 décembre courant, devant la Douma (le parlement) en affirmant que "le terrorisme international ne sera jamais défait par un seul pays" et que "chaque pays civilisé doit prendre part à la lutte anti-terroriste, non pas par la parole mais par les actes", et ce après avoir appelé en septembre dernier,du haut de la tribune de l'ONU, à la mise en place d'une coalition internationale pour combattre l'extrémisme et le terrorisme.

"Des pays qui étaient relativement paisibles et stables, au Moyen Orient et en Afrique du Nord, l'Irak, la Syrie et la Libye ont plongé dans le chaos et l'anarchie, ce qui représente une menace pour le monde entier", a dit le Président Poutine.

Redoutant une victoire de Daech qui compte parmi ses rangs des ressortissants russes, le chef du Kremlin a mis l'accent sur la nécessité d'éliminer les terroristes "là où ils se trouvent avant qu'ils ne retournent dans leurs pays pour propager la terreur et la haine".

Par cette  action anticipative, le président Poutine veut éviter à son pays un nouvelle situation traumatisante, semblable à celle qu'il avait vécue pendant toute une décennie, à partir du milieu des années 90, lorsqu'il a dû subir les affres des opérations terroristes attribuées au mouvement indépendantiste tchétchène, dont les chefs réclamaient l'instauration d'un Caucase islamique, regroupant toutes les Républiques voisines.

En organisant un colloque groupant des journalistes de pays islamiques portant sur la menace terroriste, la Russie semble chercher des appuis à son initiative dont l'importance a été mise en exergue par le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors de la réunion du Groupe de Vision Stratégique Russie-Monde Islamique, initiative qui consiste à "organiser sous l'égide du Conseil de sécurité des Nations Unies une analyse des problèmes qui sont à l'origine du renforcement de l'extrémisme et du terrorisme au Moyen Orient et en Afrique du Nord dans leur ensemble, sans aucun double standard, sur la base de critères communs, pour comprendre les racines de ces problèmes, y compris le conflit israélo-arabe".

Les États islamiques sont-ils disposés à soutenir une telle initiative. Au delà de la coopération dans la lutte anti-terroriste, les États islamiques, et notamment les États arabes, sont -ils décidés à tirer parti du retour en force de la Russie sur la scène tant régionale qu'internationale -retour peut-être annonciateur d'un nouvel ordre mondial plus équilibré- pour intensifier leurs relations politiques avec la Russie et développer avec elle des synergies surtout dans les domaines économique, commercial,énergétique et technologique dans l'intérêt bien compris de chaque partie? That's the question.

Abdelhafidh Harguem

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